- La varicelle est une infection virale due au VZV, très contagieuse, surtout chez les enfants.
- Elle se manifeste par fièvre modérée, macules évoluant en vésicules prurigineuses puis en croûtes.
- Le virus se transmet par inhalation de gouttelettes, contact direct avec le liquide vésiculaire ou de la mère au fœtus.
- Le traitement associe paracétamol, soins locaux et antihistaminiques, avec aciclovir chez les cas à risque ou graves.
- La prévention repose sur la vaccination (deux doses à 12 et 16-18 mois), la prophylaxie post-exposition et les mesures d’hygiène.
La varicelle, infection virale due au virus varicelle-zona (VZV), reste l’une des maladies infantiles les plus contagieuses et répandues dans le monde. En France, près de 700 000 cas sont recensés annuellement, touchant principalement les enfants de moins de 10 ans. Bien que souvent bénigne, cette pathologie peut entraîner des complications graves, notamment chez les adultes, les nouveau-nés et les personnes immunodéprimées. Cet article synthétise les connaissances actuelles sur l'épidémiologie, la clinique, les modes de prévention et les stratégies thérapeutiques, en s'appuyant sur les recommandations des autorités sanitaires françaises et internationales.
Épidémiologie et impact sociétal
Répartition géographique et tendances temporelles
La varicelle sévit dans toutes les régions du globe, avec une incidence accrue en zones tempérées. En France métropolitaine, les données du réseau Sentinelles indiquent une incidence hebdomadaire de 9 cas pour 100 000 habitants lors de la semaine 14 de 2025, marquant une activité faible mais persistante. Historiquement, deux pics annuels sont observés : au printemps (mars-avril) et en été (juin-juillet). Ces variations saisonnières s’expliquent par les conditions climatiques favorisant la transmission virale et les regroupements sociaux.
Populations à risque
Les enfants de 1 à 10 ans représentent 90 % des cas, avec un âge médian de survenue à 4 ans. Cependant, l’infection chez l’adulte, bien que moins fréquente (moins de 10 % des cas), entraîne des formes sévères dans 20 % des hospitalisations et 70 % des décès. Les femmes enceintes non immunisées exposent leur fœtus à un risque de varicelle congénitale, associée à des malformations neurologiques et cutanées.
Physiopathologie et transmission
Mécanismes viraux
Le VZV, un herpesvirus à ADN double brin, pénètre l’organisme via les muqueuses respiratoires ou conjonctivales. Après réplication locale, il diffuse par voie hématogène et lymphatique, entraînant une virémie secondaire responsable de l’éruption cutanée. Le virus établit ensuite une latence dans les ganglions sensitifs dorsaux, pouvant se réactiver des décennies plus tard sous forme de zona.
Voies de contagion
La transmission s’effectue principalement par :
- Inhalation de gouttelettes de Pflügge issues des voies aériennes supérieures
- Contact direct avec le liquide vésiculaire ou les lésions cutanées
- Transmission materno-fœtale en cas de primo-infection pendant la grossesse
La contagiosité débute 48 heures avant l’éruption et persiste jusqu’à la formation des croûtes (généralement 5 à 7 jours après l’apparition des premières lésions).
Manifestations cliniques et diagnostic
Évolution typique
La maladie se déroule en trois phases :
- Incubation : asymptomatique, dure 10 à 21 jours
- Prodrome : fièvre modérée (38-39°C), céphalées, myalgies et asthénie pendant 24 à 48 heures
- Éruption : apparition successive de macules érythémateuses évoluant en vésicules ombiliquées, puis en croûtes. Les lésions, prurigineuses, touchent initialement le cuir chevelu et le tronc avant de se généraliser.
Formes compliquées
- Surinfections bactériennes (30 % des hospitalisations) : cellulites, fascéites nécrosantes à streptocoques ou staphylocoques
- Atteintes neurologiques : cérébellite (troubles de l’équilibre), méningoencéphalite (raideur méningée, convulsions)
- Pneumopathie varicelleuse : toux dyspnéisante, hypoxémie, infiltrats radiologiques bilatéraux
Le diagnostic reste clinique dans la majorité des cas. Une sérologie (recherche d’IgM) ou une PCR sur liquide vésiculaire peut être indiquée chez les patients immunodéprimés ou les femmes enceintes.
Prise en charge thérapeutique
Traitements symptomatiques
- Antipyrétiques : paracétamol (60 mg/kg/jour en 4 prises). L’aspirine et les AINS sont contre-indiqués en raison du risque de syndrome de Reye et de surinfections
- Soins locaux : toilette quotidienne au savon doux, ongles courts pour limiter le grattage. Les antiseptiques (chlorhexidine) sont déconseillés
- Antihistaminiques (dexchlorphéniramine) pour atténuer le prurit
Antiviraux
L’aciclovir oral (20 mg/kg 4 fois/jour pendant 5 jours) est recommandé dans les 24 heures suivant l’éruption pour :
- Adolescents ≥ 12 ans et adultes
- Nouveau-nés de mère infectée 5 jours avant à 2 jours après l’accouchement
- Patients immunodéprimés
En formes graves (encéphalite, pneumopathie), l’aciclovir IV (10-15 mg/kg/8h) est instauré en milieu hospitalier.
Stratégies préventives
Vaccination
Calendrier vaccinal en France
- Enfants : deux doses de vaccin vivant atténué (Varivax®) à 12 mois et 16-18 mois
- Adolescents non immunisés : rattrapage avec deux doses espacées de 4 à 8 semaines
- Adultes à risque (professionnels de santé, entourage de personnes immunodéprimées) : sérologie préalable puis vaccination si négative
L’efficacité vaccinale atteint 98 % après deux doses, avec une réduction de 90 % des hospitalisations.
Prophylaxie post-exposition
L’administration du vaccin dans les 72 heures suivant un contact confirmé prévient l’infection dans 70 % des cas. Pour les contre-indications vaccinales (grossesse, immunodépression), l’immunoglobuline anti-VZV (Varitect®) est utilisable jusqu’à 96 heures post-exposition.
Mesures d’hygiène collective
- Éviction scolaire jusqu’à cicatrisation complète des lésions
- Nettoyage des surfaces contaminées avec des détergents virucides
- Protection des personnes à risque : évitement des contacts, port de masque en cas d’épidémie
Perspectives et défis futurs
Émergence du zona
30 % des individus développeront un zona après 50 ans, conséquence de la réactivation du VZV latent. Depuis décembre 2024, le vaccin recombinant (Shingrix®) est remboursé en France pour les ≥65 ans et les immunodéprimés ≥18 ans, réduisant de 90 % le risque de névralgies post-zostériennes.
Couverture vaccinale insuffisante
Malgré l’efficacité prouvée du vaccin, seulement 30 % des enfants français sont immunisés, contre 85 % en Allemagne et 92 % au Canada. Cette lacune explique la persistance de foyers épidémiques et de formes graves évitables.
Conclusion
La varicelle, bien que perçue comme bénigne, nécessite une vigilance accrue chez les populations vulnérables. L’essor des programmes vaccinaux, couplé à une éducation sanitaire renforcée, constitue le pilier de sa maîtrise. Les récentes avancées dans la prévention du zona ouvrent par ailleurs de nouvelles perspectives pour réduire le fardeau global du VZV. Les professionnels de santé doivent rester mobilisés pour promouvoir l’adhésion aux recommandations et limiter les complications de cette infection ubiquitaire.
