- L’hépatite C est une infection virale chronique du foie, transmise principalement par le sang (usage de drogues injectables, transfusions pré-1992, actes médicaux à risque), touchant environ 58 millions de personnes dans le monde.
- La phase aiguë est souvent asymptomatique (70–80 %), tandis que la chronicité conduit en 20–30 ans à la fibrose, à la cirrhose et au risque de carcinome hépatocellulaire, avec de fréquentes manifestations extrahépatiques (cryoglobulinémie, lymphome B).
- Le diagnostic repose sur un dépistage sérologique (TROD, ELISA 3e génération) et la PCR quantitative pour confirmer l’infection active, complétés par le génotypage et l’évaluation de la fibrose (FibroScan®).
- Les antiviraux à action directe (AAD) pangénotypiques (SOF/VEL, GLE/PIB) offrent des taux de guérison virologique soutenue > 98 % en 8–12 semaines, avec une excellente tolérance et un accès élargi grâce aux plans d’élimination.
- La prévention associe sécurisation des produits sanguins, programmes d’échange de seringues, dépistage universel (“test and treat”), éducation des populations vulnérables et surveillance épidémiologique pour atteindre les objectifs d’élimination 2030 de l’OMS.
L'hépatite C, infection virale affectant principalement le foie, constitue un enjeu majeur de santé publique en raison de son potentiel de chronicité et de ses complications hépatiques et systémiques. Avec environ 58 millions de personnes infectées dans le monde selon l’OMS, cette pathologie se transmet principalement par exposition sanguine, notamment via l’usage de drogues injectables, les transfusions non sécurisées avant les années 1990 ou les pratiques médicales à risque. En France, les dernières estimations indiquent une prévalence de 0,30 % dans la population générale, soit près de 133 000 porteurs chroniques, avec des disparités marquées parmi les populations vulnérables comme les usagers de drogues intraveineuses (prévalence atteignant 60 % dans cette population). L’avènement des antiviraux à action directe (AAD) a révolutionné la prise en charge, permettant des taux de guérison virologique dépassant 98 %, transformant le pronostic de millions de patients. Néanmoins, des défis persistent concernant le dépistage des porteurs asymptomatiques et l’accès aux traitements dans certaines régions.
Hépatite C : Mécanismes, Impact et Stratégies Thérapeutiques
L'hépatite C, infection virale affectant principalement le foie, constitue un enjeu majeur de santé publique en raison de son potentiel de chronicité et de ses complications hépatiques et systémiques. Avec environ 58 millions de personnes infectées dans le monde selon l'OMS, cette pathologie se transmet principalement par exposition sanguine, notamment via l'usage de drogues injectables, les transfusions non sécurisées avant les années 1990, ou les pratiques médicales à risque. En France, les dernières estimations indiquent une prévalence de 0,30% dans la population générale, soit près de 133 000 porteurs chroniques, avec des disparités marquées parmi les populations vulnérables comme les usagers de drogues intraveineuses (prévalence atteignant 60% dans cette population). L'avènement des antiviraux à action directe (AAD) a révolutionné la prise en charge, permettant des taux de guérison virologique dépassant 98%, transformant le pronostic de millions de patients. Néanmoins, des défis persistent concernant le dépistage des porteurs asymptomatiques et l'accès aux traitements dans certaines régions.
Virologie et Mécanismes de Transmission
Structure et Variabilité Génétique du VHC
Le virus de l'hépatite C (VHC), appartenant à la famille des Flaviviridae, présente une enveloppe lipidique et un génome d'ARN simple brin de polarité positive. Sa polymérase ARN-dépendante, dépourvue de fonction de relecture, engendre un taux de mutation élevé, expliquant l'existence de sept génotypes majeurs et de plus de 80 sous-types. Cette variabilité génétique influence la réponse thérapeutique et complique le développement vaccinal. Les génotypes 1, 2 et 3 prédominent en Europe, tandis que le génotype 4 est fréquent en Afrique subsaharienne.
Modes de Transmission
La transmission parentérale reste la voie principale :
- Usage de drogues injectables : Responsable de 59% des nouveaux cas en UE, avec contamination par le partage de matériel.
- Expositions iatrogènes : Transfusions pré-1992, dialyse, actes invasifs avec matériel non stérilisé.
- Transmission verticale : Risque estimé à 5%, accru en cas de coinfection VIH ou charge virale élevée.
- Transmission sexuelle : Rare (<3% des cas), mais possible en présence de lésions muqueuses.
L'émergence historique du VHC est liée à des campagnes médicales massives utilisant du matériel non stérile, comme les traitements contre la schistosomiase en Égypte dans les années 1960. Actuellement, les usagers de drogues représentent le principal réservoir viral, nécessitant des stratégies ciblées de réduction des risques.
Épidémiologie et Populations à Risque
Profil Mondial et Régional
L'OMS estime à 58 millions le nombre de porteurs chroniques mondiaux, avec une incidence annuelle de 1,5 million. La répartition géographique montre une prévalence élevée en Méditerranée orientale (12 millions) et en Europe (9 millions). En France, l'étude Barotest 2016 révèle 133 466 porteurs chroniques, dont 80,6% diagnostiqués, mais avec une sous-représentation des migrants et usagers de drogues dans les statistiques officielles.
Groupes Vulnérables
- Usagers de drogues injectables (UDI) : Prévalence de 43% en UE, atteignant 60% dans certaines cohortes.
- Détenus : Prévalence 10 fois supérieure à la population générale, liée aux pratiques d'injection et tatouages.
- Migrants : Originaires de zones endémiques (Afrique subsaharienne, Asie centrale), avec prévalence jusqu'à 5,9%.
- Personnes vivant avec le VIH : Coinfection dans 15-30% des cas, aggravant le pronostic hépatique.
L'analyse phylogénétique suggère une circulation ancestrale du VHC depuis plusieurs siècles, avec des expansions liées aux progrès médicaux du XXe siècle (transfusions, hémodialyse).
Manifestations Cliniques et Évolution
Phase Aiguë
Asymptomatique dans 70-80% des cas, elle peut néanmoins se manifester par :
- Ictère (20-30% des cas)
- Asthénie, nausées, douleurs abdominales
- Élévation modérée des transaminases (ALT 10-15× la normale)
Seulement 15-25% des infections aiguës guérissent spontanément, influencées par l'âge, le sexe masculin et des facteurs génétiques (polymorphisme IL28B).
Chronicité et Complications
La persistance virale au-delà de 6 mois définit l'hépatite chronique, évoluant silencieusement vers :
- Fibrose hépatique : Évaluée par FibroScan® (seuil ≥9,5 kPa) ou biomarqueurs (FibroTest® >0,58).
- Cirrhose : Survient chez 10-20% après 20-30 ans, avec risque annuel de 1-5% d'hépatocarcinome.
- Manifestations extra-hépatiques : Cryoglobulinémie mixte (30-40%), lymphome B, glomérulonéphrite.
L'interaction avec l'alcool multiplie par 100 le risque de carcinome hépatocellulaire, soulignant l'importance de la prise en charge addictive.
Stratégies Diagnostiques
Dépistage Sérologique
Indiqué pour :
- Antécédents de transfusion/pré-hemodérivés avant 1992
- UDI actuels ou passés
- Nés dans un pays de haute endémicité
Le test rapide d'orientation diagnostique (TROD), sensible à 98%, permet un dépistage décentralisé. La confirmation repose sur la sérologie ELISA de 3e génération (sensibilité >99%).
Bilan d'Extension
- Charge virale VHC : Par PCR quantitative, essentielle pour confirmer l'infection active.
- Génotypage : Moins crucial depuis les AAD pangénotypiques, mais pertinent en cas de cirrhose ou échec thérapeutique.
- Évaluation fibrotique : FibroScan® préféré à la biopsie, avec valeur seuil à 9,5 kPa pour la cirrhose.
L'ARN du VHC devient indétectable dès la 4e semaine de traitement chez 90% des patients, prédictif de réponse virologique soutenue (RVS).
Innovations Thérapeutiques
Antiviraux à Action Directe (AAD)
Les combinaisons pangénotypiques (SOF/VEL, GLE/PIB) ont révolutionné le traitement :
- Efficacité : RVS à 12 semaines (SVR12) >98%, y compris en cirrhose compensée.
- Tolérance : Effets indésirables mineurs (céphalées, fatigue) dans <10% des cas.
- Durée : 8-12 semaines selon le stade fibrotique et les antécédents de traitement.
En France, le plan d'élimination 2025 a permis un accès universel aux AAD, indépendamment du stade fibrotique.
Prise en Charge Holistique
Intègre :
- Dépistage des co-infections : VIH, VHB, nécessitant une vaccination si séronégatif.
- Prévention secondaire : Éducation sur les modes de transmission, fourniture de matériel stérile pour UDI.
- Suivi post-guérison : Surveillance semestrielle de l'AFP et échographie en cas de cirrhose.
Les réseaux de soins spécialisés, associés aux structures de réduction des risques, améliorent l'adhésion thérapeutique parmi les populations marginalisées.
Prévention et Contrôle Épidémique
Stratégies Primaires
- Sécurisation des produits sanguins : Dépistage systématique depuis 1991, risque résiduel estimé à 1/2,3 millions dons.
- Hygiène médicale : Stérilisation des dispositifs invasifs, programmes d'échange de seringues.
- Éducation communautaire : Ciblant les UDI et populations migrantes via des médiateurs de santé.
Enjeux d'Élimination
L'OMS vise une réduction de 90% des nouvelles infections d'ici 2030, nécessitant :
- Dépistage intensifié : Approche "test and treat" dans les pharmacies et centres de soins primaires.
- Micro-élimination : Campagnes ciblant les réservoirs viraux (prisons, centres de toxicomanie).
- Monitoring épidémiologique : Renforcement des systèmes de surveillance sentinelle.
L'absence de vaccin, malgré des essais prometteurs ciblant les protéines de capside, reste un frein majeur.
Conclusion
L'hépatite C, longtemps considérée comme une maladie incurable, entre dans une ère nouvelle grâce aux avancées thérapeutiques et aux stratégies ambitieuses d'élimination. Les défis résident désormais dans l'identification des porteurs asymptomatiques, la réduction des inégalités d'accès aux soins, et la prévention des réinfections dans les populations à haut risque. La réussite des plans nationaux, comme celui de la France pour 2025, dépendra d'une approche intégrée associant innovations biomédicales et renforcement des systèmes de santé communautaires.
