Comprendre l'hépatite A: Symptômes et Prévention

Publié le 01/02/2025
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  1. L’hépatite A est une infection hépatique aiguë virale (Picornaviridae) transmise par voie féco-orale, sans forme chronique mais avec un risque d’hépatite fulminante dans 0,3–0,6 % des cas.
  2. Les modes de transmission incluent la consommation d’eau ou d’aliments contaminés, les contacts de proximité et les pratiques sexuelles oro-anales, responsables de flambées chez les HSH.
  3. Après une incubation de 15–50 jours, les symptômes vont de l’asthénie, fièvre et troubles digestifs à l’ictère (70 % des adultes), tandis que 90 % des infections chez l’enfant sont asymptomatiques.
  4. La prévention repose sur l’amélioration de l’hygiène (eau potable, assainissement, lavage des mains) et la vaccination inactivée (deux doses monovalentes ou combinées A+B), recommandée pour les populations à risque et en post-exposition.
  5. Le traitement est symptomatique (repos, hydratation, régime pauvre en graisses) ; l’hépatite fulminante peut nécessiter une transplantation hépatique ; en France, l’incidence est passée de 5,1 /100 000 en 2017 à 1,1 /100 000 en 2015.

L'hépatite A, infection hépatique aiguë causée par un virus à ARN, représente un enjeu de santé publique mondial malgré l'existence d'un vaccin efficace. Cette hépatite, principalement transmise par voie féco-orale, connaît des dynamiques épidémiologiques complexes variant selon les conditions socio-sanitaires. En France, son incidence a significativement diminué depuis 2010, reflétant les progrès en matière d'hygiène et de couverture vaccinale ciblée. Néanmoins, des résurgences épidémiques surviennent périodiquement, notamment dans des populations spécifiques comme les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).

Étiologie et mécanismes de transmission

Caractéristiques virologiques

Le virus de l'hépatite A (VHA), appartenant à la famille des Picornaviridae, présente une remarquable stabilité environnementale. Contrairement aux hépatites B et C, il ne provoque pas d'infection chronique mais peut entraîner des hépatites fulminantes dans 0,3 à 0,6 % des cas. Sa persistance sur les surfaces contaminées (jusqu'à plusieurs mois) explique sa forte contagiosité.

Voies de contamination

La transmission féco-orale reste le mode principal, survenant via :

  • La consommation d'eau ou d'aliments contaminés (coquillages crus, légumes irrigués avec des eaux usées)
  • Les contacts directs avec des personnes infectées, particulièrement en milieu familial ou communautaire
  • Les pratiques sexuelles oro-anales, responsable de flambées récentes chez les HSH

Contrairement à une idée reçue, le VHA ne se transmet ni par la salive ni par des contacts occasionnels. Des cas de transmission sanguine ont été documentés mais restent exceptionnels.

Symptomatologie et démarche diagnostique

Manifestations cliniques

La période d'incubation, de 15 à 50 jours, est suivie d'une phase prodromique marquée par :

  • Asthénie sévère et fièvre modérée
  • Troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhée)
  • Douleurs abdominales hypochondriques droites

L'ictère, présent dans 70 % des cas adultes, s'accompagne d'urines foncées et de selles décolorées. Chez l'enfant de moins de 6 ans, 90 % des infections restent asymptomatiques.

Outils diagnostiques

Le diagnostic repose sur :

  1. La sérologie IgM anti-VHA, positive dès les premiers symptômes
  2. La PCR détectant l'ARN viral dans le sang ou les selles
  3. L'élévation des transaminases (jusqu'à 20 fois la normale)

Les formes biphasiques, plus fréquentes chez les immunodéprimés, nécessitent une surveillance rapprochée.

Stratégies préventives

Mesures d'hygiène collectives

L'OMS identifie trois piliers :

  • Amélioration de l'accès à l'eau potable
  • Systèmes d'assainissement performants
  • Éducation aux mesures d'hygiène individuelles (lavage des mains post-selles et préprandial)

Vaccination : arme prophylactique majeure

Deux types de vaccins inactivés sont disponibles en France :

  • Vaccins monovalents (HAVRIX®) : schéma à deux doses (6 mois d'intervalle)
  • Vaccins combinés (hépatites A+B) : utilisé chez l'adulte voyageur

Recommandations vaccinales françaises (HAS 2023) :

  • Personnes avec hépatopathie chronique ou mucoviscidose
  • Enfants de migrants originaires de zones d'endémie
  • HSH et professionnels exposés (crèches, égouts)
  • Voyageurs en zones d'endémie intermédiaire/élevée

La vaccination post-exposition dans les 14 jours suivant un contact prévient 85 % des infections.

Prise en charge thérapeutique

Principe général

Aucun traitement antiviral spécifique n'existe. La prise en charge repose sur :

  • Repos strict pendant la phase aiguë
  • Hydratation suffisante (2-3 L/jour)
  • Régime normocalorique pauvre en graisses
  • Abstinence alcoolique pendant 6 mois post-infection

Cas particuliers

L'hépatite fulminante (0,3 % des cas) nécessite une transplantation hépatique en urgence, avec des survies à 5 ans dépassant 80 %. Les formes prolongées (>6 mois) justifient une surveillance hépatique mensuelle.

Épidémiologie en France : tendances récentes

Évolution globale

Le taux d'incidence annuel est passé de 5,1/100 000 en 2017 à 1,1/100 000 en 2015, reflétant la transition vers un pays de faible endémie. Cette diminution résulte de :

  • L'amélioration des conditions d'hygiène
  • La vaccination ciblée des populations à risque
  • Les campagnes de sensibilisation lors des épidémies

Populations vulnérables

En 2017, 70 % des cas concernaient des hommes de 26-45 ans, principalement des HSH dans le cadre d'épidémies communautaires. Les enfants de 1-15 ans, traditionnellement les plus touchés, ne représentent plus que 15 % des cas.

Disparités territoriales

Les Départements d'Outre-Mer maintiennent des taux supérieurs à la métropole en raison :

  • De conditions sanitaires précaires
  • D'un accès limité à l'eau potable dans certaines zones

Enjeux actuels et perspectives

Défis persistants

  • Couverture vaccinale insuffisante chez les HSH (45 % en 2024)
  • Résurgence épidémique liée aux voyages internationaux
  • Inégalités d'accès au vaccin dans les populations précaires

Axes d'amélioration

  • Généralisation de la vaccination en milieu carcéral et communautés marginalisées
  • Dépistage rapide des cas index pour limiter les chaînes de transmission
  • Intégration du vaccin dans le calendrier obligatoire pour les professions à risque

L'objectif d'élimination fixé par l'OMS pour 2030 nécessite une optimisation des stratégies de prévention combinée à un renforcement de la surveillance épidémiologique.

Conclusion

L'hépatite A, bien que souvent bénigne, demeure un marqueur des inégalités sociales et sanitaires. Les progrès réalisés en France illustrent l'efficacité des politiques vaccinales ciblées couplées à des mesures d'hygiène collective. Face aux nouveaux défis épidémiologiques, notamment les épidémies communautaires chez les HSH, une adaptation permanente des stratégies de prévention s'impose. La recherche future devrait explorer l'impact potentiel d'une vaccination universelle en contexte de faible endémie et développer des approches thérapeutiques pour les formes fulminantes.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
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Bibliographie

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