- Otite externe : inflammation ou infection du conduit auditif externe, souvent bactérienne, également appelée « oreille du nageur ».
- Causes et risques : humidité (baignades, piscines), traumatismes locaux (coton-tiges), pathogènes comme Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus, ainsi que diabète et immunodépression.
- Symptômes : otalgie pulsatile (douleur majorée à la pression du tragus et à la mastication), prurit, otorrhée (écoulement séreux à purulent) et hypoacousie transitoire.
- Diagnostic : otoscopie montrant érythème et œdème pariétal, imagerie (TDM) en cas de suspicion de complication, et prélèvements microbiologiques si échec du traitement.
- Traitement et prévention : gouttes auriculaires antibiotiques±corticostéroïdes, antalgiques, nettoyage professionnel du conduit, et mesures préventives (sécher les oreilles, éviter les objets dans le CAE, utilisation de bouchons étanches).
L'otite externe, communément appelée "oreille du nageur", représente une pathologie inflammatoire ou infectieuse du conduit auditif externe (CAE) affectant des millions de personnes annuellement. Principalement d'origine bactérienne (90 % des cas), elle se manifeste par une douleur intense, un œdème canaliculaire et des écoulements purulents. Les facteurs de risque incluent l'exposition à l'humidité, les traumatismes locaux et les manipulations inadéquates. Bien que généralement bénigne, sa prise en charge requiert une combinaison de traitements topiques et de mesures préventives pour éviter les récidives. Les complications, bien que rares, nécessitent une vigilance particulière chez les populations vulnérables.
Définition et épidémiologie
Anatomie et mécanismes pathophysiologiques
Le conduit auditif externe s'étend du pavillon auriculaire à la membrane tympanique, protégé par un film lipidique naturel. L'otite externe survient lorsque cette barrière est compromise, permettant aux pathogènes de coloniser l'épithélium. L'humidité persistante, comme lors de baignades répétées, induit une macération cutanée, favorisant la pénétration bactérienne. Les microabrasions causées par des coton-tiges ou des objets pointus créent des portes d'entrée pour Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus, principaux agents étiologiques.
Prévalence et populations à risque
L'incidence annuelle est estimée à 10 % dans la population générale, avec un pic estival lié aux activités aquatiques. Les enfants de 5 à 14 ans et les adultes jeunes sont les plus touchés, bien que 53 % des consultations concernent des patients de plus de 20 ans. Les diabétiques, immunodéprimés et porteurs d'appareils auditifs présentent un risque accru de formes compliquées.
Étiologies et facteurs favorisants
Pathogènes dominants
Dans 70 à 90 % des cas, l'infection est bactérienne, dominée par P. aeruginosa (60 %) et S. aureus (30 %). Les otomycoses, représentant 10 % des cas, impliquent principalement Aspergillus niger et Candida albicans, identifiables à des dépôts filamenteux ou des points noirs à l'otoscopie. Les formes virales ou allergiques restent anecdotiques.
Comportements à risque
L'utilisation de coton-tiges triple le risque d'otite en traumatisant l'épithélium et en impactant le cérumen. Les activités en eau chaude (piscines, spas) altèrent le pH du CAE, réduisant son acidité protectrice. D'autres facteurs incluent les dermatoses préexistantes (eczéma, psoriasis), les allergènes topiques (laques, teintures) et le port prolongé de prothèses auditives mal adaptées.
Tableau clinique et diagnostic
Symptomatologie cardinale
La triade classique associe otalgie pulsatile (majorée par la mastication ou la pression du tragus), otorrhée (séreuse puis purulente) et prurit. Un œdème canaliculaire peut entraîner une hypoacousie transitoire par obstruction mécanique. Les formes mycosiques se distinguent par des démangeaisons intenses et un écoulement blanchâtre ou noirâtre.
Outils diagnostiques
L'otoscopie révèle un érythème diffus, un œdème pariétal et des débris épithéliaux, parfois masquant le tympan. En cas de suspicion de complication (ex. ostéomyélite), une tomodensitométrie temporale est indiquée pour évaluer l'atteinte osseuse. Les prélèvements microbiologiques restent réservés aux échecs thérapeutiques ou aux patients immunodéprimés.
Prise en charge thérapeutique
Traitements topiques de première intention
Les gouttes auriculaires associant antibiotiques (ciprofloxacine, ofloxacine) et corticostéroïdes constituent le pilier thérapeutique. L'acidité acétique à 2 % présente une alternative en cas de contre-indications aux antibiotiques. L'efficacité dépend d'un nettoyage préalable du CAE par un professionnel, éventuellement complété par une mèche imbibée pour les sténoses sévères.
Antalgiques et thérapies systémiques
La douleur, souvent intense, justifie l'emploi d'AINS (ibuprofène) ou de paracétamol, voire d'opioïdes dans les cas réfractaires. Les antibiotiques oraux (quinolones, céphalosporines) sont réservés aux cellulites péri-auriculaires, aux immunodéprimés ou aux otites nécrosantes.
Prise en charge des otomycoses
Les antifongiques locaux (clotrimazole, nystatine) appliqués pendant 7 à 14 jours suffisent généralement. Un débridement mécanique des spores fongiques est crucial pour prévenir les récidives.
Complications et formes graves
Otite externe nécrosante
Également appelée "maligne", cette ostéomyélite de la base du crâne affecte principalement les diabétiques âgés. P. aeruginosa est impliqué dans 98 % des cas, avec un risque de paralysie faciale ou de thrombophlébite cérébrale. Le traitement associe antibiotiques intraveineux (céphalosporines antipseudomonales) et chirurgie de détersion.
Périchondrite et cellulite
Une inflammation du pavillon auriculaire, secondaire à une extension infectieuse, nécessite une antibiothérapie systémique (amoxicilline/acide clavulanique) et des soins locaux anti-inflammatoires.
Stratégies préventives
Mesures hygiénodiététiques
Il est essentiel d'éviter l'introduction d'objets dans le CAE et de sécher méticuleusement les oreilles après l'exposition à l'eau. Les bouchons d'oreille étanches, bien adaptés, réduisent le risque lors des activités aquatiques.
Éducation des patients
Les campagnes de sensibilisation mettent l'accent sur les dangers des coton-tiges, responsables de 40 % des otites externes iatrogènes. Les alternatives comme les sprays à base d'acide hyaluronique aident à maintenir l'hydratation sans traumatisme.
Conclusion
L'otite externe, bien que souvent bénigne, impose une démarche diagnostique rigoureuse pour discriminer les formes compliquées. L'arsenal thérapeutique, dominé par les traitements locaux, doit s'accompagner d'une éducation des patients pour minimiser les récidives. Les recherches futures devraient explorer les biomarqueurs prédictifs de complications et les stratégies vaccinales ciblant P. aeruginosa. En attendant, la collaboration entre médecins généralistes et ORL reste la clé d'une prise en charge optimale.
