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Comprendre et agir face à l'œdème

Publié le 
July 21, 2025
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  1. L'œdème est une accumulation anormale de liquide dans les tissus, souvent visible par un gonflement localisé ou généralisé.
  2. Il existe des signaux d'alarme nécessitant une consultation médicale urgente, notamment un œdème soudain et unilatéral, douleur, rougeur, essoufflement ou prise de poids rapide.
  3. Les causes sont multiples : immobillité prolongée, chaleur, grossesse, alimentation salée, maladies veineuses, cardiaques, rénales, hépatiques ou réactions allergiques, ainsi que certains médicaments.
  4. Des gestes simples comme surélever les jambes, bouger régulièrement, porter des bas de contention, réduire le sel et bien s’hydrater peuvent soulager l'œdème bénin.
  5. Le diagnostic médical repose sur l'interrogatoire, l'examen physique et des examens complémentaires, avec un traitement ciblé selon la cause sous-jacente.

Œdème : Jambes, Chevilles, Mains... Pourquoi ça gonfle ? Comprendre, Agir et Savoir Quand Consulter

Vous avez remarqué un gonflement au niveau de vos chevilles, de vos jambes, de vos mains, ou peut-être même de votre visage ? Vos bagues sont soudainement trop serrées, vos chaussettes laissent une marque profonde en fin de journée ? Vous êtes probablement en train de faire face à un œdème.

Ce symptôme, souvent appelé "rétention d'eau", est très courant et peut être source d'une grande inquiétude. Est-ce grave ? Pourquoi est-ce que ça m'arrive ? Et surtout, que puis-je faire pour que ça dégonfle ?

Cet article est conçu pour vous guider, étape par étape, à travers les questions que vous vous posez. De l'urgence immédiate à la gestion sur le long terme, nous allons décortiquer ce qu'est l'œdème, pourquoi il apparaît, et comment y faire face, tout en soulignant un message essentiel : l'œdème est un symptôme, et seul un professionnel de santé peut en poser le diagnostic précis.

1. L'Information Immédiate et Urgente (La phase "Panique")

Face à un gonflement inhabituel, la première réaction est souvent l'inquiétude. Clarifions tout de suite les choses pour vous aider à évaluer la situation.

Qu'est-ce que l'œdème, en termes simples ?

Imaginez que votre corps est un réseau complexe de tuyauterie. Le sang circule dans les vaisseaux sanguins (artères et veines) et un autre liquide, la lymphe, circule dans le système lymphatique. L'œdème survient lorsque du liquide s'échappe de ces "tuyaux" et s'accumule de manière anormale dans les tissus environnants, comme une micro-fuite qui imbiberait une éponge.

Cette accumulation de liquide, principalement de l'eau et du sel, provoque un gonflement visible et parfois palpable. C'est ce qu'on appelle communément la rétention d'eau. L'œdème peut toucher une petite zone (une piqûre d'insecte), un membre (une jambe), ou être généralisé à tout le corps.

Quand faut-il s'inquiéter et consulter d'urgence ? (Les Signaux d'Alarme)

Ceci est la partie la plus importante. Bien que de nombreux œdèmes soient bénins, certains sont le signe d'une urgence médicale. Si vous présentez l'un des symptômes suivants, ne tardez pas et consultez un médecin ou rendez-vous aux urgences immédiatement :

  • Œdème apparu soudainement et/ou sur une seule jambe ou un seul bras : Un gonflement brutal et unilatéral, surtout au niveau du mollet, doit faire suspecter une phlébite (ou thrombose veineuse profonde). C'est la formation d'un caillot de sang dans une veine profonde, qui peut se détacher et provoquer une embolie pulmonaire, potentiellement mortelle.
  • Douleur, rougeur ou chaleur dans la zone gonflée : Ces signes, associés au gonflement, peuvent indiquer une phlébite ou une infection (comme un érysipèle, une infection de la peau).
  • Difficultés à respirer, essoufflement (surtout en position allongée) ou toux : C'est un signe d'alerte majeur. Cela pourrait indiquer un œdème aigu du poumon (le liquide s'accumule dans les poumons, ce qui est une urgence vitale) ou une embolie pulmonaire (le caillot de la phlébite a migré vers les poumons).
  • Douleur dans la poitrine, palpitations : Associés à un œdème, ces symptômes peuvent signaler un problème cardiaque urgent.
  • Fièvre : Une fièvre accompagnant un œdème localisé peut être le signe d'une infection sérieuse.
  • Prise de poids très rapide et inexpliquée : Prendre plusieurs kilos en quelques jours est anormal et reflète une rétention d'eau massive qui doit être investiguée sans délai.

Si votre œdème est progressif, touche les deux jambes de manière symétrique et n'est accompagné d'aucun de ces signaux d'alarme, la situation est probablement moins urgente, mais nécessite tout de même un avis médical pour en trouver la cause.

2. Comprendre le "Pourquoi" (La phase "Investigation")

Une fois l'urgence écartée, la question demeure : "Pourquoi est-ce que ça m'arrive ?". Les causes de l'œdème sont multiples, allant de l'anodin au plus sérieux.

Les causes bénignes et courantes : quand le quotidien est en jeu

Dans de nombreux cas, l'œdème est une réaction à des situations de la vie de tous les jours :

  • Rester debout ou assis trop longtemps : Lors d'un long voyage en avion ou d'une journée de travail au bureau, l'immobilité empêche les muscles des mollets de jouer leur rôle de "pompe" pour aider le sang à remonter vers le cœur. La gravité fait alors son œuvre, et le liquide stagne dans les pieds et les chevilles.
  • La chaleur : En été, les vaisseaux sanguins se dilatent (vasodilatation) pour aider le corps à se refroidir. Cette dilatation peut les rendre plus perméables, favorisant la fuite de liquide vers les tissus.
  • La grossesse : L'œdème des jambes est très fréquent chez la femme enceinte, en raison des changements hormonaux et de la pression exercée par l'utérus sur les grosses veines du bassin, ce qui freine le retour veineux.
  • Le cycle menstruel : Juste avant les règles, les fluctuations hormonales peuvent entraîner une rétention d'eau temporaire.
  • Une alimentation trop salée : Le sel (sodium) retient l'eau dans le corps. Une consommation excessive peut donc directement provoquer ou aggraver un œdème.
  • Une blessure mineure : Une entorse de la cheville ou un coup provoque une réaction inflammatoire locale, qui se manifeste par un gonflement (œdème post-traumatique).

Les causes liées à une maladie sous-jacente : quand l'œdème est un signal

L'œdème peut aussi être le symptôme visible d'une maladie qui affecte un organe majeur. C'est pourquoi il ne faut jamais le négliger.

  • L'insuffisance veineuse chronique : C'est la cause la plus fréquente d'œdème des membres inférieurs. Les petites valvules à l'intérieur des veines des jambes, qui sont censées empêcher le sang de redescendre, sont affaiblies. Le sang stagne, la pression augmente dans les veines, et le liquide s'échappe. C'est le fameux phénomène des "jambes lourdes", souvent associé à des varices.
  • L'insuffisance cardiaque : Si le cœur (la pompe) est affaibli, il n'arrive plus à propulser le sang efficacement. Le sang s'accumule en amont, notamment dans les veines, provoquant des œdèmes qui commencent typiquement aux chevilles et peuvent remonter le long des jambes.
  • Les maladies rénales (insuffisance rénale) : Les reins (les filtres) ne parviennent plus à éliminer correctement le surplus de sel et d'eau du corps. Ce surplus s'accumule, créant un œdème souvent généralisé, qui peut être visible le matin au niveau du visage et des paupières.
  • Les maladies du foie (cirrhose) : Un foie malade ne produit plus assez d'albumine, une protéine qui aide à retenir le liquide dans les vaisseaux sanguins. Le manque d'albumine, combiné à une augmentation de la pression dans les veines du système digestif, provoque un œdème des jambes et une accumulation de liquide dans l'abdomen (ascite).
  • Le lymphœdème : Le système lymphatique est un réseau parallèle au système sanguin, agissant comme un système d'évacuation des "déchets" et du surplus de liquide. S'il est endommagé (par exemple, après une chirurgie pour un cancer du sein où l'on a retiré des ganglions, ou après une radiothérapie), la lymphe ne peut plus circuler correctement et s'accumule. Cela crée un gonflement dur, qui ne prend pas facilement la marque du doigt, appelé lymphœdème.
  • Les réactions allergiques : Une allergie sévère (piqûre d'insecte, aliment, médicament) peut provoquer une libération massive d'histamine, rendant les vaisseaux très perméables et causant un gonflement rapide (urticaire, œdème de Quincke).

Et si c'étaient mes médicaments ?

Oui, certains traitements peuvent avoir pour effet secondaire de provoquer des œdèmes. Parmi les plus connus :

  • Certains antihypertenseurs (notamment les inhibiteurs calciques).
  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS, comme l'ibuprofène), surtout pris au long cours.
  • Les corticoïdes.
  • Certains traitements hormonaux (pilule œstroprogestative, traitement de la ménopause).
  • Certains traitements du diabète.

Attention : N'arrêtez jamais un traitement de votre propre chef. Si vous suspectez un médicament d'être la cause de vos œdèmes, parlez-en à votre médecin.

3. Les Solutions Pratiques (La phase "Action")

En attendant votre consultation médicale, ou si votre médecin a confirmé une cause bénigne, voici des gestes simples et efficaces que vous pouvez faire à la maison pour soulager le gonflement.

  • Surélever les jambes : C'est le conseil numéro un. Plusieurs fois par jour, allongez-vous et placez vos jambes plus haut que le niveau de votre cœur (avec des coussins, par exemple) pendant 15 à 30 minutes. La nuit, vous pouvez surélever les pieds de votre lit de quelques centimètres. La gravité deviendra votre alliée.
  • Bouger, marcher, faire de l'exercice : L'activité physique, notamment la marche, la natation ou le vélo, active la pompe musculaire des mollets qui propulse le sang vers le cœur. Évitez de piétiner ou de rester immobile trop longtemps. Si vous travaillez assis, levez-vous et marchez quelques minutes toutes les heures.
  • Porter des bas ou chaussettes de contention/compression : Ils exercent une pression dégressive (plus forte à la cheville qu'au mollet) qui aide les veines à faire remonter le sang et empêche le liquide de stagner. Demandez conseil à votre pharmacien ou à votre médecin pour choisir la bonne taille et la bonne classe de compression.
  • Réduire sa consommation de sel : Limitez les plats préparés, la charcuterie, les fromages, les biscuits apéritifs et évitez de resaler vos plats à table. Lisez les étiquettes : vous serez surpris de la quantité de sel caché dans de nombreux aliments industriels.
  • Boire suffisamment d'eau : Cela peut paraître contre-intuitif, mais une bonne hydratation (1,5 à 2 litres d'eau par jour, sauf avis médical contraire) aide les reins à bien fonctionner et à éliminer l'excès de sodium. Se déshydrater incite au contraire le corps à retenir le peu d'eau qu'il a.
  • Éviter les vêtements trop serrés : Les pantalons, chaussettes ou chaussures qui compriment les jambes ou la taille peuvent gêner la circulation et aggraver l'œdème.
  • Appliquer du froid : En cas d'œdème lié à un choc ou une entorse, l'application d'une poche de glace (enveloppée dans un linge) pendant 15 minutes plusieurs fois par jour aide à réduire l'inflammation et le gonflement.

4. Le Parcours Médical (La phase "Préparation")

Pour trouver la cause de votre œdème, une visite chez le médecin est indispensable. Savoir à quoi vous attendre peut vous aider à préparer cette consultation.

Le diagnostic : l'enquête du médecin

Votre médecin va agir comme un détective pour trouver l'origine du problème.

  • L'interrogatoire (anamnèse) : Préparez-vous à répondre à des questions précises :
    • Depuis quand avez-vous cet œdème ? Est-il apparu brutalement ou progressivement ?
    • Est-ce qu'il touche une seule jambe ou les deux ? Est-il symétrique ?
    • Le gonflement varie-t-il durant la journée (pire le soir, mieux le matin) ?
    • Avez-vous d'autres symptômes (douleur, essoufflement, fatigue, varices) ?
    • Quels sont vos antécédents médicaux (problèmes cardiaques, rénaux, hépatiques, cancer) ?
    • Quelle est la liste complète de vos médicaments actuels ?
  • L'examen physique : Le médecin va inspecter et palper la zone gonflée. Il réalisera probablement le "signe du godet". Il s'agit d'appuyer fermement avec le pouce sur la zone enflée (par exemple, sur le tibia) pendant quelques secondes. Si une fossette persiste après avoir retiré le doigt, on dit que l'œdème "prend le godet". C'est typique d'un œdème lié à une accumulation d'eau et de sel (causes cardiaques, rénales, veineuses). Un œdème qui ne prend pas le godet (plus "dur") peut orienter vers un lymphœdème.
  • Les examens complémentaires : En fonction de son orientation, le médecin pourra demander :
    • Une prise de sang : Pour vérifier la fonction de vos reins, de votre foie, le taux de protéines (albumine), et rechercher des marqueurs d'inflammation ou d'insuffisance cardiaque.
    • Une analyse d'urine : Pour rechercher la présence de protéines, signe d'une atteinte rénale.
    • Un écho-doppler veineux : C'est l'examen clé pour confirmer ou infirmer une phlébite et pour évaluer l'état de vos veines en cas de suspicion d'insuffisance veineuse.
    • Un électrocardiogramme (ECG) et/ou une échographie cardiaque : Pour évaluer la fonction de votre cœur.

Les traitements médicaux : au-delà des gestes simples

Le traitement de l'œdème est avant tout le traitement de sa cause.

  • Traiter la maladie sous-jacente : C'est la priorité absolue. Si l'œdème est dû à une insuffisance cardiaque, le traitement visera à soutenir le cœur. S'il est dû à une insuffisance rénale, la prise en charge se concentrera sur les reins, etc.
  • Les diurétiques : Souvent appelés "médicaments pour faire uriner", ils aident les reins à éliminer l'excès de sel et d'eau du corps. Ils sont très efficaces mais doivent être utilisés sous stricte surveillance médicale, car ils peuvent entraîner une déshydratation ou des déséquilibres en potassium.
  • La contention veineuse médicale : Le médecin peut prescrire des bas, des chaussettes ou des collants de contention d'une classe de compression spécifique, remboursés par la sécurité sociale. Le port régulier est fondamental dans le traitement de l'insuffisance veineuse.
  • La kinésithérapie : En cas de lymphœdème, le drainage lymphatique manuel effectué par un kinésithérapeute spécialisé est un pilier du traitement, souvent complété par la pose de bandages spécifiques.

5. La Prévention et la Vie au Quotidien (La phase "Gestion")

Pour ceux qui souffrent d'un œdème chronique (lié à une insuffisance veineuse ou à une autre pathologie au long cours), la question devient : "Comment vivre avec et éviter que ça ne revienne ?". La réponse réside dans une excellente hygiène de vie.

  • Activité physique régulière : Faites de la marche, de la natation ou du vélo vos meilleurs amis. Une activité douce mais régulière est plus bénéfique qu'un effort intense et ponctuel.
  • Alimentation équilibrée et pauvre en sel : Adoptez durablement une alimentation riche en fruits, légumes et fibres, et apprenez à cuisiner sans sel en utilisant des herbes et des épices.
  • Gestion du poids : Le surpoids augmente la pression sur les veines des jambes et aggrave l'œdème. Perdre quelques kilos peut avoir un impact significatif.
  • Assiduité dans le port de la contention : Si votre médecin vous a prescrit des bas de contention, portez-les tous les jours, dès le lever et avant que la jambe n'ait eu le temps de gonfler. C'est un traitement à part entière.
  • Surveillance : Apprenez à connaître votre corps. Pesez-vous régulièrement, surveillez l'aspect de vos jambes, et soyez attentif à tout nouveau symptôme ou signe d'aggravation pour pouvoir consulter rapidement.

En conclusion, l'œdème n'est jamais anodin. Il est le messager d'un déséquilibre, qu'il soit passager et bénin, ou le reflet d'une pathologie plus sérieuse. En identifiant les signaux d'alarme, en comprenant les causes possibles et en adoptant les bons gestes, vous vous donnez les moyens d'agir. Mais rappelez-vous que l'auto-diagnostic a ses limites. Le regard et l'expertise d'un médecin sont indispensables pour poser les bons mots sur vos maux et mettre en place la stratégie thérapeutique la plus adaptée à votre situation. Votre santé est précieuse, ne la négligez pas.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Spécialisée dans le diagnostic et le traitement des troubles cognitifs, le Dr. Laurent accompagne depuis plus de 15 ans les patients atteints de la maladie d'Alzheimer et leurs familles. Elle est particulièrement investie dans la recherche sur les thérapies innovantes et l'amélioration de la qualité de vie des patients.
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