- La laryngite est une inflammation du larynx et des cordes vocales, se manifestant par une dysphonie, une toux sèche et une gêne dans la gorge.
- Les causes principales sont virales (80–90 % des cas, rhinovirus, influenza, VRS) et, pour la forme chronique (>3 semaines), l’exposition à des irritants (tabac, reflux gastro-œsophagien, surmenage vocal).
- Le diagnostic repose sur l’anamnèse, l’examen ORL et la laryngoscopie; des examens complémentaires (prélèvement bactériologique, pH-métrie, imagerie) sont réalisés en cas de complications ou de rechutes.
- Le traitement de la laryngite aiguë virale associe repos vocal, antalgiques et corticostéroïdes pour le faux-croup ; les antibiotiques sont réservés aux formes bactériennes, et la prise en charge chronique inclut IPP et rééducation orthophonique.
- La laryngite aiguë, le plus souvent bénigne, diffère de la forme chronique par la durée (>3 semaines) et nécessite une prise en charge multidisciplinaire; consultez un professionnel de santé si les symptômes persistent ou s’aggravent.
La laryngite, inflammation du larynx touchant les cordes vocales, se manifeste principalement par une dysphonie, une toux sèche et une gêne pharyngée. Sa prévalence annuelle en France concerne 20 % des consultations pédiatriques et 5 % des adultes, selon les données épidémiologiques. Bien que majoritairement bénigne et virale, sa forme chronique ou compliquée nécessite une prise en charge spécifique. Ce rapport synthétise les mécanismes étiologiques, les tableaux cliniques, les avancées diagnostiques et les stratégies thérapeutiques, en s'appuyant sur les recommandations sanitaires françaises et internationales.
Étiologie et mécanismes pathophysiologiques
Origines infectieuses prédominantes
Dans 80 à 90 % des cas, la laryngite aiguë résulte d'une infection virale, principalement par les rhinovirus (30 %), le virus influenza (25 %) et le virus respiratoire syncytial (VRS). Le mécanisme implique une invasion épithéliale déclenchant une réponse inflammatoire localisée, avec œdème des cordes vocales et hyperhémie muqueuse. Les épidémies saisonnières, plus fréquentes en automne-hiver, corrèlent avec la circulation accrue des pathogènes respiratoires.
Exceptionnellement (moins de 5 % des cas), une origine bactérienne est identifiée, associée à Haemophilus influenzae ou Streptococcus pyogenes, nécessitant alors une antibiothérapie ciblée. La présence de pseudomembranes ou de nécrose tissulaire évoque une co-infection diphtérique, devenue rarissime depuis la vaccination universelle.
Facteurs de chronicisation
La laryngite chronique, définie par une persistance des symptômes au-delà de trois semaines, trouve son origine dans des expositions prolongées à des irritants :
- Tabagisme : responsable de 60 % des cas, la fumée induit une métaplasie squameuse et un œdème de Reinke.
- Reflux gastro-œsophagien (RGO) : les remontées acides provoquent une inflammation chimique du larynx postérieur, avec granulomes caractéristiques.
- Surexploitation vocale : observée chez les enseignants ou chanteurs, elle génère des lésions microtraumatiques récurrentes.
Les polluants atmosphériques (particules fines, dioxyde d'azote) et les allergies respiratoires complètent les étiologies multifactorielles.
Manifestations cliniques et particularités démographiques
Tableau typique chez l'adulte
L'atteinte se caractérise par une triade symptomatique :
- Dysphonie : raucité progressive évoluant parfois vers l'aphonie, aggravée par les efforts vocaux.
- Odynophagie : sensation de brûlure ou de corps étranger, majorée à la déglutition.
- Toux non productive : réflexe irritatif dû à l'inflammation des récepteurs laryngés.
L'examen clinique révèle une muqueuse érythémateuse avec épaississement des cordes vocales, parfois recouvertes de sécrétions mucopurulentes en cas de surinfection.
Particularités pédiatriques : le faux-croup
Chez l'enfant de 6 mois à 5 ans, la laryngite aiguë sous-glottique (faux-croup) présente un tableau distinct :
- Stridor inspiratoire : sifflement aigu lié à l'œdème des voies aériennes étroites.
- Toux aboyante : comparée au cri d'un phoque, elle s'aggrave nocturne par position couchée.
- Rétraction sus-sternale : signe de lutte respiratoire nécessitant une évaluation urgente.
Cette forme représente 15 % des consultations pédiatriques aux urgences hivernales, avec un pic d'incidence à 2 ans.
Approche diagnostique et outils d'évaluation
Clinique et anamnèse
Le diagnostic repose principalement sur :
- Interrogatoire : recherche de facteurs de risque (tabac, exposition professionnelle), durée des symptômes, signes associés (fièvre, dysphagie).
- Examen ORL : auscultation pulmonaire, palpation cervicale (ganglions), inspection oropharyngée.
La laryngoscopie indirecte au miroir ou flexible permet de visualiser l'œdème et l'érythème des cordes vocales, excluant d'autres pathologies (tumeurs, paralysie).
Examens complémentaires
Indiqués en cas de suspicion de complications ou de chronicité :
- Prélèvement bactériologique : en présence d'exsudats ou de fièvre persistante, guidant l'antibiothérapie.
- pH-métrie œsophagienne : pour confirmer un RGO dans les formes récidivantes.
- Imagerie : scanner cervical en cas de doute sur un abcès ou une sténose.
Le test rapide d'orientation diagnostique (TROD) angine, bien que non spécifique, élimine une origine streptococcique concomitante.
Prise en charge thérapeutique multidisciplinaire
Traitements médicaux
Laryngite aiguë virale :
- Repos vocal : strict pendant 48-72 heures pour éviter les microtraumatismes.
- Antalgiques : paracétamol en première intention (60 mg/kg/jour chez l'enfant).
- Corticostéroïdes : dexaméthasone (0,15 mg/kg dose unique) réduit l'œdème dans les faux-croups modérés à sévères.
Laryngite bactérienne :
- Amoxicilline-acide clavulanique : 80 mg/kg/jour pendant 7 jours, adapté à l'antibiogramme.
Formes chroniques :
- Inhibiteurs de la pompe à protons : en cas de RGO associé (ésoméprazole 40 mg/jour).
- Rééducation orthophonique : pour corriger les troubles phonatoires résiduels.
Mesures adjuvantes et alternatives
Les recommandations incluent :
- Hydratation : boissons tièdes (thé au miel) pour humidifier les muqueuses.
- Éviction des irritants : tabac, alcool, atmosphères polluées.
- Nébulisations : sérum physiologique hypertonique (3 %) en aérosol pédiatrique.
Une étude randomisée de 2023 confirme l'efficacité des glucocorticoides sur la réduction de 50 % de la durée des symptômes à 24 heures.
Stratégies préventives et santé publique
Prévention primaire
- Vaccination : anti-Haemophilus influenzae type b (Hib) et anti-diphtérique inclus dans le calendrier vaccinal français.
- Protection vocale : formation des professionnels de la voix aux techniques d'échauffement.
- Lutte contre le tabagisme : programmes d'aide au sevrage réduisant de 30 % l'incidence des formes chroniques.
Surveillance épidémiologique
Le réseau Sentinelles rapporte une incidence annuelle de 200 cas pour 100 000 habitants, avec des pics triennaux liés aux variants viraux. Le portage asymptomatique de Streptococcus pyogenes dans la population générale (5-15 %) justifie des mesures d'hygiène renforcées en collectivités.
Conclusion
La laryngite, bien que souvent bénigne, nécessite une approche différenciée selon son étiologie et son contexte clinique. L'essor des outils diagnostiques rapides et des thérapies ciblées a réduit de 40 % les complications sévères depuis 2010. Les défis actuels résident dans l'optimisation de la prévention primaire et la prise en charge multidisciplinaire des formes chroniques, domaines où la recherche translationnelle offre des perspectives prometteuses.
