- Une entorse est une lésion ligamentaire, le plus souvent à la cheville ou au genou, classée en trois grades selon l’étirement ou la rupture des fibres.
- Les symptômes typiques associent douleur immédiate, œdème, ecchymose et parfois instabilité mécanique avec sensation de « dérobement ».
- Les principales causes sont les torsions articulaires brutales lors d’activités sportives ou de chutes, favorisées par des antécédents d’entorse et une faiblesse musculaire.
- Le traitement initial repose sur le protocole GREC (Glace, Repos, Élévation, Contention), complété par AINS et rééducation fonctionnelle précoce axée sur la mobilité et la proprioception.
- La prévention inclut un renforcement musculaire ciblé, des exercices proprioceptifs, un bon échauffement et le port d’équipements adaptés (chaussures hautes, attelles semi-rigides).
Les entorses représentent l’une des lésions musculosquelettiques les plus fréquentes, avec une incidence annuelle estimée à 6 000 cas par jour en France. Principalement localisées au niveau de la cheville (85 % des cas) et du genou, elles résultent d’un mécanisme de torsion articulaire brutal entraînant un étirement ou une rupture ligamentaire. Les recommandations actuelles de la Haute Autorité de Santé (HAS) et de la Société Française de Médecine du Sport soulignent l’importance d’une prise en charge précoce combinant protocole GREC, rééducation proprioceptive et mesures préventives individualisées. Ce rapport synthétise les données scientifiques récentes et les guidelines institutionnels pour optimiser la gestion clinique et réduire le risque de chronicité.
Définition et Typologie des Entorses
Anatomie et Mécanismes Lésionnels
Une entorse correspond à une lésion des ligaments, structures fibreuses stabilisant les articulations. Le mécanisme typique implique une mobilisation articulaire excessive hors de son axe physiologique, comme une inversion forcée de la cheville ou une valgus-rotation externe du genou. Les ligaments latéraux externes de la cheville et le ligament croisé antérieur du genou sont les plus fréquemment affectés en raison de leur exposition biomécanique.
La classification en trois grades – étirement simple (Grade I), déchirure partielle (Grade II) et rupture totale (Grade III) – reste pertinente bien que critiquée pour son manque de corrélation avec le pronostic fonctionnel. Les approches actuelles privilégient une évaluation multidimensionnelle intégrant l’atteinte ligamentaire, la stabilité articulaire et les lésions associées (ostéochondrales, tendineuses).
Symptomatologie et Diagnostic Différentiel
Manifestations Cliniques
Le tableau typique associe douleur immédiate, œdème périarticulaire et limitation fonctionnelle. Un craquement audible lors du traumatisme évoque une rupture ligamentaire. L’ecchymose apparaît généralement dans les 24-48 heures, reflétant l’étendue des lésions vasculaires.
Au genou, l’hémarthrose rapide (accumulation de sang intra-articulaire) oriente vers une atteinte du ligament croisé antérieur ou une fracture ostéochondrale. La présence d’une instabilité mécanique (sensation de dérobement) signe une insuffisance ligamentaire nécessitant une imagerie complémentaire.
Outils Diagnostic
L’examen clinique repose sur des tests spécifiques :
- Cheville : tiroir antérieur, tilt test
- Genou : Lachman, pivot shift
Les critères d’Ottawa guidant la prescription radiographique restent pertinents pour exclure une fracture. L’échographie dynamique et l’IRM trouvent leur place dans les formes complexes ou devant une discordance clinique.
Étiologies et Facteurs de Risque
Biomécanique Traumatique
80 % des entorses de cheville surviennent lors d’activités sportives (sports collectifs, ski) ou de chutes sur terrain instable. Les facteurs prédisposants incluent :
- Antécédents d’entorse (risque multiplié par 5)
- Faiblesse des muscles péroniers
- Troubles de l’équilibre
Au genou, les pivots extrêmes en valgus-rotation externe sollicitent excessivement le ligament croisé antérieur, particulièrement en ski alpin et football.
Prise en Charge Thérapeutique
Protocole GREC (Glace, Repos, Élévation, Contention)
Appliqué dans les 72 premières heures, ce traitement de première intention réduit l’œdème et la douleur :
- Repos relatif avec appui toléré selon la douleur
- Glaçage intermittent (15-20 min/2h) sans contact direct avec la peau
- Contention élastique modérée évitant la compression veineuse
- Élévation du membre au-dessus du niveau cardiaque
Traitements Médicamenteux
Les AINS (kétoprofène) sur de courtes durées (3-5 jours) combattent l’inflammation tout en limitant les risques gastro-intestinaux. Les analgésiques de palier II (paracétamol-codéine) sont réservés aux douleurs intenses.
Rééducation Fonctionnelle
Débutée précocement (J5-J7), elle vise à restaurer la mobilité, la proprioception et la force musculaire :
- Mobilisations passives douces
- Exercices en chaîne fermée (Mini-squats)
- Travail proprioceptif sur plateau instable
Les études randomisées montrent une réduction de 40 % du risque de récidive avec un programme de 6 semaines.
Stratégies Préventives
Renforcement Musculaire et Proprioception
Un entraînement neuromusculaire ciblant les stabilisateurs dynamiques de la cheville diminue de 60 % l’incidence des entorses. Les exercices recommandés incluent :
- Équilibre unipodal yeux ouverts/fermés
- Marche sur sol irrégulier
- Sauts avec réception contrôlée
Choix de l’Équipement
Le port de chaussures à tige haute avec soutien latéral est préconisé en sports à risque. L’attelle ligamentaire semi-rigide offre une protection mécanique sans altérer la proprioception.
Éducation du Patient
Les campagnes de sensibilisation insistent sur :
- L’importance de l’échauffement (20 min minimum)
- Le respect des temps de récupération
- La reconnaissance des signes d’instabilité chronique
Indications Chirurgicales et Suivi
Moins de 5 % des entorses requièrent une réparation chirurgicale, réservée aux ruptures complètes avec instabilité persistante malgré la rééducation. Les techniques arthroscopiques mini-invasives permettent une réinsertion ligamentaire avec récupération fonctionnelle en 3-6 mois.
Un suivi à 6 semaines et 3 mois évalue la reprise sportive progressive, intégrant parfois des orthèses stabilisatrices transitoires.
Conclusion
La gestion optimale des entorses repose sur une approche multidisciplinaire alliant traitement précoce, rééducation adaptée et prévention active. Les dernières recommandations HAS 2024 soulignent l’intérêt des programmes de proprioception individualisés, réduisant de moitié le risque de récidive. L’enjeu actuel réside dans l’implémentation large de ces protocoles au sein des structures sportives et des réseaux de soins primaires.
