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Les Prostaglandines Messagers Clés de Votre Santé

Publié le 
July 20, 2025
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  1. Les prostaglandines sont des messagers locaux produits sur place par les cellules, jouant un rôle clé dans la douleur, l’inflammation, la protection de l’estomac, les contractions utérines et la régulation de la pression sanguine et intraoculaire.
  2. Une "famille" diverse de prostaglandines existe, avec des effets opposés : certaines déclenchent l’alarme (douleur, inflammation), d’autres calment et protègent les tissus, l’équilibre entre ces actions est vital pour la santé.
  3. Les Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens (AINS) bloquent la production de prostaglandines pour réduire douleur et inflammation, mais peuvent entraîner des effets secondaires comme des troubles gastriques, rénaux ou un risque accru de saignement.
  4. Des médicaments appelés analogues de prostaglandines imitent leurs effets bénéfiques et sont utilisés pour protéger l’estomac, induire l’accouchement, traiter le glaucome ou les troubles de l’érection.
  5. Comprendre le rôle des prostaglandines aide à mieux saisir pourquoi certains traitements agissent comme ils le font et souligne l’importance de maintenir un équilibre pour préserver la santé globale.

Vous avez entendu ce mot chez votre médecin, vous l'avez lu sur la notice d'un médicament ou peut-être en cherchant la cause de vos douleurs. "Prostaglandine". Ce terme peut sembler complexe, scientifique, voire un peu inquiétant. Pourtant, comprendre ce que sont les prostaglandines, c'est détenir une clé essentielle pour mieux appréhender de nombreux aspects de votre santé : de la simple douleur à la protection de votre estomac, en passant par les crampes menstruelles et l'efficacité de vos traitements.

Cet article est conçu pour vous. Pas de jargon biochimique, mais des explications claires, des exemples concrets et des réponses directes aux questions que vous vous posez. Notre objectif : transformer ce mot mystérieux en un concept que vous maîtrisez, pour devenir un partenaire plus éclairé dans la gestion de votre santé.

1. C'est quoi, simplement ? Une Définition sans Blabla

Pour comprendre les prostaglandines, oubliez tout de suite l'image d'un virus, d'une bactérie ou d'une cellule. Ce ne sont rien de tout cela.

L'analogie la plus efficace est de les voir comme des "messagers locaux" ou des "chefs de chantier" de votre corps.

Imaginez que votre corps est une immense ville. Les hormones, comme l'insuline ou les hormones thyroïdiennes, sont des "messages nationaux" : elles sont libérées dans les grands axes de circulation (le sang) et voyagent partout pour donner des ordres généraux.

Les prostaglandines, elles, sont radicalement différentes. Elles sont fabriquées sur-le-champ, précisément là où il y a un besoin, et n'agissent que sur leur voisinage immédiat. Si vous vous cognez le genou, votre corps ne va pas inonder tout votre organisme de signaux de douleur. Il va fabriquer des prostaglandines uniquement au niveau du genou pour gérer la situation localement. Elles sont les post-it, les mémos urgents et les talkie-walkies du corps, assurant une communication ultra-ciblée.

D'où viennent-elles ?
Ces substances chimiques sont fabriquées par la plupart de nos cellules à partir d'un matériau de base très commun : les acides gras, c'est-à-dire les graisses que nous tirons de notre alimentation. C'est un détail important qui explique pourquoi notre régime alimentaire peut, dans une certaine mesure, influencer les processus inflammatoires.

Une grande famille aux rôles opposés
Le point le plus important à retenir est qu'il n'existe pas UNE seule prostaglandine, mais toute une famille. Pensez à une équipe d'ouvriers sur un chantier :

  • Certains sont là pour déclencher l'alarme : ils créent de l'inflammation, de la douleur, de la fièvre pour signaler un problème.
  • D'autres ont le rôle inverse : ils sont là pour calmer le jeu, arrêter l'inflammation, protéger les tissus et maintenir l'ordre.

La santé repose sur l'équilibre parfait entre ces actions opposées. Les problèmes surviennent lorsque cet équilibre est rompu : trop de prostaglandines "alarmistes" provoquent une inflammation chronique et des douleurs, tandis qu'un manque de prostaglandines "protectrices" peut laisser certains de nos organes vulnérables.

2. À quoi ça sert concrètement dans mon corps ? (Les Fonctions Essentielles)

Maintenant que nous savons ce qu'elles sont, voyons ce que ces "messagers locaux" font pour vous au quotidien. Leurs actions sont si variées que vous les avez forcément déjà expérimentées.

Douleur, Fièvre et Inflammation : Le Système d'Alarme

C'est leur rôle le plus célèbre et celui qui nous concerne le plus souvent. Lorsque vous vous blessez (coupure, entorse, coup de soleil...), les cellules endommagées libèrent immédiatement des enzymes qui transforment les graisses locales en prostaglandines. Celles-ci ont alors une triple mission :

  1. Créer la douleur : Elles rendent les terminaisons nerveuses de la zone beaucoup plus sensibles. Le moindre contact devient douloureux. Le but n'est pas de vous faire souffrir pour le plaisir, mais de vous forcer à protéger la zone blessée.
  2. Provoquer la rougeur et le gonflement (inflammation) : Elles ordonnent aux vaisseaux sanguins locaux de se dilater. Le flux sanguin augmente, amenant avec lui le "matériel de réparation" (globules blancs, plaquettes...). Cette arrivée massive de sang et de fluides fait gonfler la zone et la rend rouge et chaude.
  3. Déclencher la fièvre : En cas d'infection, les prostaglandines peuvent agir sur la zone du cerveau qui régule la température (l'hypothalamus), lui ordonnant de "monter le thermostat". La fièvre est une stratégie de défense qui aide le corps à combattre les microbes.

Protection de l'Estomac : Le Bouclier Anti-Acide

C'est une fonction vitale mais méconnue. Votre estomac produit de l'acide chlorhydrique, une substance incroyablement corrosive capable de dissoudre du métal. Comment se fait-il qu'il ne s'autodigère pas ? Grâce à certaines prostaglandines !
Ces messagers spécifiques ordonnent en permanence aux cellules de la paroi de l'estomac de :

  • Produire un mucus épais et protecteur, qui agit comme une véritable barrière physique entre l'acide et la paroi.
  • Produire du bicarbonate, une substance qui neutralise l'acide au contact de la paroi.
  • Maintenir un bon flux sanguin vers la paroi, lui apportant l'oxygène et les nutriments nécessaires à sa régénération constante.

Sans ces prostaglandines "protectrices", notre estomac serait à la merci de sa propre acidité.

Contractions de l'Utérus : Au Cœur de la Vie Féminine

Les prostaglandines sont des acteurs majeurs du cycle reproducteur féminin.

  • Pendant les règles : À la fin du cycle, en l'absence de grossesse, le taux de progestérone chute, ce qui déclenche une libération massive de prostaglandines dans la paroi de l'utérus (l'endomètre). Ces prostaglandines provoquent de fortes contractions des muscles utérins pour expulser la muqueuse. Des niveaux très élevés de prostaglandines sont directement corrélés à des crampes menstruelles plus douloureuses (dysménorrhée).
  • Pendant l'accouchement : Elles jouent un rôle crucial pour initier et maintenir le travail. Elles aident à "maturer" le col de l'utérus (le ramollir et le dilater) et stimulent les contractions puissantes et régulières nécessaires à l'expulsion du bébé.

Coagulation du Sang : L'Équilibre Fragile

Ici encore, la "famille" des prostaglandines montre ses deux visages.

  • Une certaine prostaglandine (la thromboxane A2) est un puissant activateur de plaquettes. Quand vous vous coupez, elle est produite pour aider les plaquettes à s'agréger et à former un caillot pour stopper le saignement.
  • Une autre (la prostacycline) a l'effet exactement inverse : elle empêche les plaquettes de s'agglutiner et maintient le sang fluide dans les vaisseaux sains, prévenant ainsi la formation de caillots sanguins (thrombose) non désirés.

Cet équilibre est fondamental pour notre survie.

Pression Artérielle et Fonction Rénale

Les prostaglandines aident à réguler le diamètre de nos vaisseaux sanguins. Certaines les dilatent (vasodilatation), ce qui fait baisser la pression artérielle et augmente le flux sanguin. D'autres les contractent (vasoconstriction). Cette régulation est particulièrement importante au niveau des reins, qui ont besoin d'un débit sanguin stable et suffisant pour filtrer correctement le sang et éliminer les déchets. Un manque de prostaglandines "vasodilatatrices" peut compromettre la fonction rénale.

Pression dans l'Œil

À l'intérieur de notre œil se trouve un liquide (l'humeur aqueuse) qui est constamment produit et évacué. Un bon équilibre entre production et évacuation maintient une pression intraoculaire normale. Certaines prostaglandines jouent un rôle en facilitant l'évacuation de ce liquide, un peu comme si elles aidaient à déboucher le système de drainage.

3. Quel est le Lien avec MES MÉDICAMENTS ? (L'Information la plus Recherchée)

C'est ici que tout s'éclaire. Comprendre les fonctions des prostaglandines permet de comprendre pourquoi et comment agissent certains de vos médicaments les plus courants, ainsi que leurs effets secondaires.

A. Les Médicaments qui BLOQUENT les Prostaglandines : Les Anti-Inflammatoires

C'est la catégorie de médicaments la plus connue et la plus utilisée au monde.

  • Noms courants : Il s'agit de la famille des Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens (AINS). Vous les connaissez forcément : l'ibuprofène (Advil®, Nurofen®), le naproxène (Aleve®), le diclofénac (Voltarène®), le kétoprofène (Profénid®) et même l'aspirine à certaines doses.
  • Comment ça marche, simplement ? Rappelez-vous, les prostaglandines sont fabriquées par des enzymes, qui sont comme des "usines" à l'intérieur des cellules. Les AINS agissent en bloquant ces usines (notamment les enzymes nommées COX-1 et COX-2). En fermant l'usine, ils empêchent la production des prostaglandines responsables de la douleur, de la fièvre et de l'inflammation. Voilà pourquoi ils sont si efficaces pour soulager un mal de tête, une rage de dents, des douleurs de règles ou une articulation enflammée.
  • Les effets secondaires expliqués logiquement : Le problème, c'est que ces médicaments ne font pas la différence. En bloquant les "mauvaises" prostaglandines (celles de l'inflammation), ils bloquent aussi les "bonnes", celles qui ont des rôles protecteurs. C'est la cause directe de leurs effets indésirables les plus fréquents :
    • Maux d'estomac, brûlures, voire ulcères : C'est l'effet secondaire le plus connu. En bloquant les prostaglandines qui ordonnent la production du mucus protecteur de l'estomac, les AINS laissent la paroi gastrique exposée à sa propre acidité. C'est pourquoi on recommande souvent de les prendre au milieu d'un repas.
    • Problèmes aux reins : En bloquant les prostaglandines qui assurent une bonne irrigation sanguine des reins, une prise prolongée ou à forte dose d'AINS peut réduire la capacité de filtration des reins, surtout chez les personnes fragiles (âgées, déshydratées ou déjà atteintes d'une maladie rénale).
    • Risque de saignement plus élevé : En bloquant la prostaglandine qui aide à la formation des caillots (thromboxane), les AINS fluidifient légèrement le sang. Cela explique pourquoi on vous demande d'arrêter ces médicaments avant une opération chirurgicale.

B. Les Médicaments qui IMITENT les Prostaglandines : Les "Analogues"

Parfois, la médecine n'a pas besoin de bloquer les prostaglandines, mais au contraire, d'utiliser leur puissant effet de manière ciblée. Les scientifiques ont donc créé des médicaments de synthèse qui sont des copies quasi parfaites d'une prostaglandine spécifique. On les appelle des "analogues de prostaglandines".

  • Pour protéger l'estomac : Le misoprostol (Cytotec® et autres) est un analogue d'une prostaglandine protectrice de l'estomac. On peut le prescrire en association avec un traitement AINS au long cours, justement pour contrer les effets néfastes de l'anti-inflammatoire sur l'estomac. Il vient "remplacer" la prostaglandine protectrice que l'AINS a bloquée.
  • En gynécologie et obstétrique : C'est un domaine d'utilisation majeur. Des analogues de prostaglandines sont administrés (en gel, ovule ou comprimé) pour :
    • Déclencher l'accouchement : Ils permettent de faire maturer le col de l'utérus et de démarrer les contractions quand le travail tarde à venir.
    • Lors d'une interruption de grossesse (médicamenteuse ou chirurgicale) : Ils provoquent les contractions utérines nécessaires à l'expulsion du contenu de l'utérus.
  • Pour traiter le glaucome : Le glaucome est une maladie où la pression à l'intérieur de l'œil est trop élevée, endommageant le nerf optique. De nombreux collyres (gouttes pour les yeux) très efficaces sont des analogues de prostaglandines (ex: latanoprost, travoprost, bimatoprost). Ils agissent en imitant la prostaglandine naturelle qui facilite l'évacuation du liquide de l'œil, faisant ainsi baisser la pression.
  • Pour les troubles de l'érection : L'alprostadil est un analogue de prostaglandine qui, injecté directement dans le pénis ou appliqué via un petit bâtonnet dans l'urètre, provoque une relaxation des vaisseaux sanguins. Cet afflux de sang massif crée une érection mécanique.

4. Réponses à Vos Questions Fréquentes (FAQ)

Pourquoi mes règles sont-elles si douloureuses ?

Réponse : Vos douleurs sont très probablement dues à un excès de production de prostaglandines dans votre utérus. Plus le niveau est élevé, plus les contractions sont fortes, intenses et désordonnées. Ces contractions compriment les vaisseaux sanguins de l'utérus, privant momentanément le muscle d'oxygène, ce qui cause la douleur, similaire à une crampe musculaire. C'est précisément pour cela que les anti-inflammatoires (ibuprofène, naproxène), qui bloquent la production de ces prostaglandines, sont souvent le traitement le plus efficace pour les douleurs de règles.

Alors, les prostaglandines, c'est "bon" ou "mauvais" ?

Réponse : Ni l'un ni l'autre. Ce sont des outils indispensables et neutres. Le couteau du chirurgien est-il bon ou mauvais ? Tout dépend de son utilisation. Les prostaglandines sont vitales pour vous alerter d'une blessure, protéger votre estomac et permettre un accouchement. Le problème n'est jamais leur existence, mais leur déséquilibre. Trop de prostaglandines inflammatoires conduit à la douleur chronique et à des maladies. Pas assez de prostaglandines protectrices expose vos organes à des dangers. L'objectif de la médecine n'est pas de les éradiquer, mais de rétablir l'équilibre.

Mon médecin m'a dit de ne pas prendre d'ibuprofène avant mon opération, pourquoi ?

Réponse : Votre médecin prend une précaution essentielle. Comme nous l'avons vu, l'ibuprofène bloque la production de la prostaglandine qui aide votre sang à coaguler. Si vous en prenez avant une intervention chirurgicale, votre capacité à former des caillots pour stopper les saignements sera diminuée. Cela augmente le risque d'hémorragie pendant et après l'opération. Il est donc crucial de toujours suivre cette recommandation et de signaler à votre chirurgien et anesthésiste tous les médicaments que vous prenez.

En résumé : Le mot à retenir est "ÉQUILIBRE".

Les prostaglandines sont les gestionnaires locaux de votre corps, travaillant en coulisses pour vous protéger, vous alerter et maintenir le bon fonctionnement de vos organes. Comprendre leur double jeu – tantôt déclencheurs d'alarme, tantôt gardiens protecteurs – vous permet de mieux saisir l'origine de vos symptômes et la logique de vos traitements.

En comprenant pourquoi un anti-inflammatoire peut soulager votre dos mais irriter votre estomac, ou pourquoi un collyre pour les yeux utilise le même type de molécule que celle qui déclenche un accouchement, vous n'êtes plus un spectateur passif de votre santé. Vous êtes un acteur informé, capable de dialoguer plus efficacement avec vos professionnels de santé et de mieux comprendre les choix thérapeutiques qui vous sont proposés.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
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