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Maîtrisez la pression intraoculaire pour une vision préservée

Publié le 
July 21, 2025
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  1. La pression intraoculaire (PIO) correspond à la tension exercée par un liquide interne appelé humeur aqueuse, dont l'équilibre entre production et évacuation est essentiel pour la santé oculaire.
  2. Une PIO normale se situe entre 10 et 21 mmHg, mais ce seuil varie selon la résistance individuelle du nerf optique, ce qui nécessite une pression cible personnalisée définie par un ophtalmologiste.
  3. Une pression trop élevée est le principal facteur de risque du glaucome, une maladie progressive, silencieuse et irréversible qui détruit le nerf optique et entraîne une perte de vision.
  4. Le diagnostic de la PIO se fait principalement par tonométrie, avec la méthode de référence du cône bleu (Goldmann), tandis que le traitement repose souvent sur des collyres, le laser SLT ou la chirurgie selon la gravité.
  5. Adopter une hygiène de vie adaptée (exercice régulier, position de sommeil surélevée, gestion du stress) et assurer un suivi médical régulier sont clés pour protéger durablement la vision.

Pression Intraoculaire : Le Guide Complet pour Comprendre et Agir

Recevoir une information sur sa "pression intraoculaire" peut être une source d'anxiété. Ce terme, qui semble technique et médical, soulève immédiatement des questions : est-ce grave ? Quels sont les risques ? Que dois-je faire ? Si vous lisez ces lignes, c'est probablement que vous cherchez des réponses claires, rassurantes et pratiques.

Ce guide est conçu pour vous accompagner pas à pas, de la compréhension la plus simple du phénomène jusqu'aux actions concrètes à mettre en place avec votre ophtalmologiste. L'objectif est de dédramatiser, d'informer et de vous donner les clés pour devenir un acteur de la santé de vos yeux.

Niveau 1 : Comprendre les Bases et Apaiser l'Inquiétude

Avant de s'alarmer, il est essentiel de comprendre de quoi l'on parle. Cette première partie vise à démystifier la pression intraoculaire et à contextualiser le risque réel.

1. C'est quoi, exactement, la pression intraoculaire ? (La Vulgarisation)

La pression intraoculaire, souvent abrégée en "PIO", n'est pas aussi complexe qu'elle en a l'air.

L'analogie du ballon : la meilleure façon de visualiser

Imaginez votre œil comme un petit ballon souple. Pour qu'il garde sa forme sphérique, bien ronde, et fonctionne correctement, il doit être "gonflé" à une certaine pression. Ni trop, ni trop peu. Cette pression interne est exercée par un liquide transparent qui se trouve à l'intérieur de l'œil. C'est cela, la pression intraoculaire : la mesure de la tension à l'intérieur de votre œil.

Le mécanisme simplifié : l'équilibre entre production et évacuation

Ce qui maintient cette pression, c'est un liquide appelé l'humeur aqueuse. Il ne faut pas le confondre avec les larmes, qui se trouvent à la surface de l'œil. L'humeur aqueuse est à l'intérieur, et elle a un rôle nutritif essentiel pour des parties de l'œil qui n'ont pas de vaisseaux sanguins, comme la cornée et le cristallin.

Le mécanisme fonctionne comme un évier avec le robinet constamment ouvert :

  1. Production continue : Une petite structure dans l'œil, le corps ciliaire, produit en permanence cette humeur aqueuse (le robinet est ouvert).
  2. Évacuation continue : Pour éviter que la pression ne monte à l'infini, ce liquide est évacué en permanence à travers une sorte de filtre ou de drain microscopique appelé le trabéculum, situé à l'angle entre l'iris (la partie colorée de l'œil) et la cornée (la vitre transparente à l'avant).

La pression intraoculaire augmente lorsque cet équilibre est rompu. Le plus souvent, ce n'est pas parce que l'œil produit trop de liquide, mais parce que le "drain" (le trabéculum) se bouche ou devient moins efficace avec le temps. Le liquide s'accumule, et la pression à l'intérieur du "ballon" augmente.

2. Quels sont les chiffres "normaux" ? Le mythe du chiffre unique

C'est souvent la première question que l'on se pose. Votre ophtalmologiste vous a donné un chiffre, et vous voulez savoir s'il est "bon".

La fourchette de référence statistique : 10 à 21 mmHg

La pression intraoculaire se mesure en millimètres de mercure (mmHg). Statistiquement, la grande majorité de la population a une pression qui se situe entre 10 et 21 mmHg. Cette fourchette est considérée comme la norme.

La nuance essentielle : "normal" ne veut pas dire "sûr" pour tout le monde

Ceci est le point le plus important à comprendre pour éviter toute conclusion hâtive. Ce chiffre de 21 mmHg n'est pas une limite de vitesse universelle. Un chiffre considéré comme normal pour une personne peut être dangereusement élevé pour une autre.

Pourquoi ? Parce que tout dépend de la solidité de votre nerf optique. Certains nerfs optiques sont très robustes et peuvent tolérer une pression de 22 ou 23 mmHg sans aucun dommage. D'autres, plus fragiles (en raison de la génétique, de la circulation sanguine, etc.), peuvent commencer à s'abîmer avec une pression de seulement 16 mmHg.

C'est pourquoi seul votre ophtalmologiste, après avoir examiné votre nerf optique et réalisé d'autres examens (champ visuel, OCT), peut déterminer quel est le niveau de pression "sûr" pour vous. C'est ce qu'on appelle la pression cible.

3. Pourquoi est-ce si important ? Le vrai danger derrière les chiffres

Si l'on surveille cette pression de si près, c'est à cause de son lien direct avec une maladie grave et silencieuse : le glaucome.

Le lien direct : Hypertension oculaire et Glaucome

Avoir une pression intraoculaire élevée (ce qu'on appelle l'hypertension oculaire) ne signifie pas automatiquement que vous avez un glaucome. Cependant, c'est le principal et le plus important facteur de risque de développer cette maladie.

L'impact sur la vision : un voleur silencieux et irréversible

Le nerf optique est comme un câble électrique composé de plus d'un million de fibres nerveuses. Il transmet toutes les informations visuelles captées par votre œil jusqu'à votre cerveau, qui les transforme en images.

Quand la pression à l'intérieur de l'œil est trop forte pour ce que le nerf optique peut supporter, elle l'écrase lentement. Les fibres nerveuses sont détruites petit à petit, comme si l'on coupait les fils d'un câble un par un.

Le drame du glaucome réside dans trois caractéristiques :

  1. C'est silencieux : Il n'y a aucune douleur ni aucun symptôme au début.
  2. C'est progressif : La perte de vision commence par la périphérie, de manière si lente que le cerveau compense et que l'on ne s'en rend pas compte pendant des années.
  3. C'est irréversible : Les fibres nerveuses détruites ne peuvent pas se régénérer. La vision perdue est perdue pour toujours.

C'est pour cette raison que le dépistage est fondamental. En contrôlant et en abaissant la pression, on protège le nerf optique et on empêche la dégradation de la vision.

Niveau 2 : Causes et Diagnostic

Maintenant que vous comprenez l'enjeu, vous vous demandez sûrement : pourquoi moi ? Et comment le médecin a-t-il obtenu ce chiffre ?

4. Pourquoi ma pression est-elle élevée ? Les causes et facteurs de risque

Il n'y a pas une seule cause, mais une combinaison de facteurs qui peuvent augmenter le risque d'hypertension oculaire. Si vous vous reconnaissez dans un ou plusieurs de ces points, une surveillance régulière est d'autant plus importante.

  • L'âge : C'est le facteur le plus courant. Après 40 ans, le système de drainage de l'œil (le trabéculum) peut devenir moins efficace, tout simplement.
  • Les antécédents familiaux : C'est un facteur de risque majeur. Si un parent proche (père, mère, frère, sœur) est atteint de glaucome, votre risque est multiplié. Pensez à le signaler à votre ophtalmologiste.
  • L'origine ethnique : Les personnes d'origine africaine ou afro-caribéenne ont un risque plus élevé de développer un glaucome, souvent plus précoce et plus agressif. Les personnes d'origine hispanique et asiatique ont également un risque accru pour certains types de glaucomes.
  • Une forte myopie : Les yeux myopes ont une forme anatomique particulière qui peut être associée à une plus grande fragilité du nerf optique.
  • Le diabète : Bien que le lien soit complexe, le diabète peut affecter les vaisseaux sanguins de l'œil et être associé à un risque plus élevé de glaucome.
  • La prise de certains médicaments : L'usage prolongé de corticoïdes (en gouttes pour les yeux, mais aussi en comprimés, en inhalateurs pour l'asthme ou en crèmes pour la peau) peut provoquer une augmentation significative de la pression oculaire chez certaines personnes prédisposées.
  • Un traumatisme oculaire passé : Un choc important sur l'œil, même des années auparavant, peut endommager les structures de drainage et entraîner une augmentation de la pression à long terme.

5. Comment mon médecin a-t-il mesuré ça ?

La mesure de la pression intraoculaire s'appelle la tonométrie. Il existe principalement deux méthodes que vous avez pu expérimenter.

Le "souffle d'air" (Tonométrie à air pulsé)

C'est souvent le premier test que l'on passe, parfois réalisé par un orthoptiste ou un opticien. Vous posez votre menton sur une mentonnière, fixez une lumière, et un petit jet d'air est envoyé sur votre cornée. L'appareil mesure la déformation de la cornée pour estimer la pression.

  • Avantages : Rapide, sans contact direct, ne nécessite pas de gouttes anesthésiantes.
  • Inconvénients : C'est une méthode de dépistage, moins précise que la méthode de référence. Elle peut être influencée par l'épaisseur ou la rigidité de votre cornée. Un chiffre élevé à ce test doit toujours être confirmé par un examen plus précis.

Le "cône bleu" (Tonométrie par aplanissement de Goldmann)

C'est la méthode de référence, le "gold standard" utilisé par les ophtalmologistes pour un diagnostic et un suivi précis.

Le déroulement est le suivant :

  1. L'ophtalmologiste instille dans votre œil une goutte de collyre anesthésiant (qui pique très légèrement quelques secondes) contenant aussi un colorant jaune (la fluorescéine).
  2. Vous vous installez à la lampe à fente (le microscope d'examen).
  3. Le médecin approche délicatement un petit cône en plastique éclairé par une lumière bleue jusqu'à toucher la surface de votre cornée. Comme votre œil est anesthésié, vous ne sentez absolument rien.
  4. En regardant à travers le microscope, il ajuste une molette jusqu'à obtenir une image spécifique (deux demi-cercles verts qui se touchent), ce qui lui donne une mesure très précise de la pression.

Cette méthode est la plus fiable pour prendre des décisions thérapeutiques.

Niveau 3 : Les Solutions et ce que Vous Pouvez Faire

La bonne nouvelle est qu'il existe des solutions très efficaces pour gérer l'hypertension oculaire et protéger votre vision. Vous avez également un rôle à jouer au quotidien.

6. Quels sont les traitements possibles ?

L'objectif de tout traitement est de faire baisser la pression pour atteindre la "pression cible" définie par votre médecin, afin de mettre le nerf optique en sécurité.

Les collyres (gouttes) : le traitement le plus courant

C'est la première ligne de traitement dans l'immense majorité des cas. Ces gouttes agissent de deux manières principales :

  • Soit elles diminuent la production d'humeur aqueuse (on ferme un peu le robinet).
  • Soit elles améliorent l'évacuation du liquide (on débouche le drain).

Le succès de ce traitement repose sur un mot : l'assiduité. Il est absolument capital de mettre ses gouttes tous les jours, sans oubli, comme prescrit. Oublier son traitement, même un jour ou deux, peut provoquer des pics de pression néfastes pour le nerf optique. C'est un engagement à long terme, souvent à vie, pour votre vision.

Le laser (Trabéculoplastie Sélective au Laser - SLT)

Il ne faut pas imaginer un laser de science-fiction. Le SLT est une procédure rapide, indolore et réalisée en consultation. Son but est de "nettoyer" le filtre d'évacuation de l'œil.

En termes simples, le laser envoie des impacts de très faible énergie sur le trabéculum pour stimuler ses cellules et l'aider à mieux fonctionner, comme un "coup de pouce pour déboucher le filtre". Cela peut permettre de réduire, voire de supprimer (pendant un temps), le besoin de gouttes. Son efficacité dure plusieurs années et la procédure peut être répétée.

La chirurgie

La chirurgie est généralement réservée aux cas plus avancés, lorsque les gouttes et le laser ne suffisent plus à contrôler la pression. Le chirurgien crée une nouvelle voie d'évacuation pour l'humeur aqueuse, une sorte de "clapet de dérivation" pour que le liquide puisse sortir de l'œil plus facilement. C'est une intervention plus invasive mais très efficace.

7. Est-ce que je peux faire quelque chose moi-même ? L'hygiène de vie

C'est une question légitime et fréquente. Si l'hygiène de vie ne peut pas guérir l'hypertension oculaire, certaines habitudes peuvent positivement y contribuer.

Attention : ces conseils sont des compléments et ne remplacent JAMAIS le traitement prescrit par votre ophtalmologiste.

Ce qui peut aider :

  • Exercice physique régulier : Les activités d'endurance (aérobic) comme la marche rapide, le jogging, le vélo ou la natation (30-40 minutes, 3 à 4 fois par semaine) ont prouvé qu'elles pouvaient faire baisser la pression oculaire de façon modeste mais significative.
  • Position pour dormir : Évitez de dormir complètement à plat. Utiliser un ou deux oreillers pour surélever la tête d'environ 20-30 degrés peut aider à réduire la pression oculaire pendant la nuit.
  • Gestion du stress : Le stress chronique peut avoir un impact sur la pression artérielle et potentiellement oculaire. Des pratiques comme le yoga (en évitant certaines postures), la méditation ou la cohérence cardiaque peuvent être bénéfiques pour votre bien-être général et vous aider à mieux gérer votre condition.

Ce qu'il faut modérer ou éviter :

  • Les efforts "à glotte fermée" : Évitez de retenir votre respiration lors d'efforts intenses, comme soulever des poids très lourds en musculation. Cet effort (appelé manœuvre de Valsalva) augmente brutalement la pression dans tout le corps, y compris dans les yeux.
  • Certaines postures de yoga : Les postures inversées où la tête est plus basse que le cœur (comme la chandelle, le poirier) sont à éviter car elles augmentent mécaniquement et de façon importante la pression dans la tête et les yeux.
  • Caféine : Une consommation très élevée de caféine peut provoquer une augmentation temporaire de la PIO chez certaines personnes. Une consommation modérée (1 à 2 tasses de café) est généralement sans conséquence.

Niveau 4 : Le Suivi et les Prochaines Étapes – Reprenez le Contrôle

La gestion de la pression intraoculaire est un partenariat entre vous et votre ophtalmologiste. Pour être un partenaire actif, il faut être bien informé.

8. Quelles questions dois-je poser à mon ophtalmologiste ?

Préparez votre prochaine consultation. Noter vos questions vous aidera à ne rien oublier et à repartir avec des idées claires. Voici une liste pour vous guider :

  1. "Quel est mon chiffre de pression exact aujourd'hui ?"
    Pourquoi c'est important : Pour suivre l'évolution et voir si le traitement est efficace.
  2. "Quel est le chiffre 'cible' que nous visons pour moi ?"
    Pourquoi c'est important : Pour comprendre l'objectif du traitement. Ce chiffre est personnalisé et dépend de l'état de votre nerf optique.
  3. "Est-ce que mon nerf optique présente déjà des signes de dommage ? Avez-vous réalisé un examen du champ visuel ou un OCT ?"
    Pourquoi c'est important : Pour savoir si vous avez une simple hypertension oculaire (un facteur de risque) ou un glaucome avéré (la maladie).
  4. "Quels sont les effets secondaires possibles de mon traitement (gouttes, laser) ?"
    Pourquoi c'est important : Pour être informé et ne pas arrêter votre traitement sans en parler à votre médecin si vous ressentez une gêne (yeux rouges, picotements, etc.).
  5. "À quelle fréquence dois-je revenir pour un contrôle ?"
    Pourquoi c'est important : Le suivi est la clé. S'engager à respecter le calendrier des rendez-vous est essentiel pour protéger votre vision sur le long terme.

Conclusion : Un marathon, pas un sprint

Découvrir une pression intraoculaire élevée peut être déstabilisant, mais il est crucial de retenir le message principal : c'est une condition qui se gère très bien aujourd'hui. Le risque pour la vision n'existe réellement qu'en l'absence de diagnostic et de traitement.

Les trois piliers de la protection de votre vue sont simples :

  1. Dépistage : Mesurer la pression et examiner le nerf optique.
  2. Traitement : Suivre scrupuleusement les recommandations de votre médecin pour atteindre votre pression cible.
  3. Suivi : Respecter les rendez-vous de contrôle pour s'assurer que la protection reste efficace au fil des ans.

Vous n'êtes pas seul face à cela. En comprenant les enjeux et en travaillant main dans la main avec votre ophtalmologiste, vous êtes le meilleur gardien de votre santé visuelle.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Spécialisée dans le diagnostic et le traitement des troubles cognitifs, le Dr. Laurent accompagne depuis plus de 15 ans les patients atteints de la maladie d'Alzheimer et leurs familles. Elle est particulièrement investie dans la recherche sur les thérapies innovantes et l'amélioration de la qualité de vie des patients.
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