Fonctionnalités

Équipe médicale

Téléconsultation

Rejoindre

Blog

Vous êtes une mutuelle ?

Consulter un médecin

Bisphosphonates : le traitement osseux simplifié

Publié le 
July 21, 2025
L'application qui vous met en relation en moins de 10 minutes avec une équipe médicale de toutes spécialités. Échangez par messagerie instantanée sans rendez-vous, et recevez une ordonnance, si nécessaire.
Prendre rendez-vous
En moins de 15min
Fiche pratique Biloba
Télécharger
  1. Les bisphosphonates ralentissent la dégradation osseuse en inhibant les ostéoclastes, aidant à maintenir ou reconstruire la masse osseuse pour prévenir les fractures.
  2. Le respect strict des consignes de prise (à jeun, avec un grand verre d'eau, en position verticale et en respectant un délai avant de manger) est essentiel pour garantir l'efficacité et la sécurité du traitement.
  3. Les effets secondaires courants sont généralement bénins, mais il existe des risques rares comme l’ostéonécrose de la mâchoire ou les fractures atypiques du fémur, d’où l’importance d’une hygiène dentaire rigoureuse et d’un suivi médical régulier.
  4. Le traitement est généralement prescrit pour 3 à 5 ans, avec une réévaluation possible et une pause médicamenteuse pour limiter les risques à long terme sans perdre les bénéfices.
  5. Un mode de vie sain, incluant une alimentation riche en calcium et vitamine D, une activité physique régulière et l’arrêt du tabac, est indispensable pour compléter l’action des bisphosphonates et protéger la santé osseuse.

Les Bisphosphonates : Votre Guide Complet pour un Traitement Serein et Efficace

Si vous lisez ces lignes, il est probable que votre médecin vienne de vous prescrire un médicament de la famille des bisphosphonates, ou que vous envisagiez ce traitement. Il est tout à fait normal d'avoir des questions, des doutes, voire une certaine anxiété. Qu'est-ce que ce médicament ? Pourquoi moi ? Comment le prendre correctement ? Est-ce dangereux ?

Ce guide a été conçu pour vous. Son objectif est de répondre, en termes simples et clairs, à toutes les questions que vous vous posez. L'information est votre meilleure alliée pour aborder votre traitement en toute confiance et devenir un partenaire actif de votre santé osseuse.

Catégorie 1 : Les bases - "Qu'est-ce que c'est et pourquoi moi ?"

1. Qu'est-ce qu'un bisphosphonate ? (En termes simples)

Imaginez la structure de vos os comme un chantier de construction permanent. Il y a des équipes d'ouvriers qui démolissent le vieil os usé (on les appelle les ostéoclastes) et d'autres qui reconstruisent de l'os neuf et solide (les ostéoblastes). C'est un processus naturel et essentiel appelé le "remodelage osseux".

Avec l'âge, ou à cause de certaines maladies ou traitements, l'équipe de démolition peut devenir plus active que l'équipe de construction. L'os se dégrade alors plus vite qu'il ne se reconstruit, ce qui le fragilise et augmente le risque de fracture.

Un bisphosphonate agit comme un bouclier protecteur pour vos os. C'est un médicament qui va spécifiquement ralentir le travail des "démolisseurs" (les ostéoclastes). En freinant la dégradation de l'os, il redonne l'avantage aux "constructeurs", permettant à votre corps de maintenir, voire de reconstruire, sa masse osseuse et sa solidité.

2. Pourquoi mon médecin m'en a-t-il prescrit ?

La prescription d'un bisphosphonate n'est jamais faite au hasard. Votre médecin a évalué votre situation et a conclu que les bénéfices du traitement pour protéger vos os l'emportaient sur les risques. Les raisons les plus fréquentes sont :

  • L'ostéoporose : C'est l'indication principale. L'ostéoporose est une maladie qui rend les os poreux et fragiles. Le bisphosphonate est un traitement de première ligne pour réduire significativement le risque de fractures (poignet, vertèbres, col du fémur).
  • Un risque élevé de fracture : Même sans un diagnostic formel d'ostéoporose, votre médecin peut calculer votre risque de fracture à 10 ans (grâce à des outils comme le FRAX®). Si ce risque est élevé, un traitement préventif par bisphosphonate peut être proposé.
  • Une ostéopénie sévère : L'ostéopénie est le stade qui précède l'ostéoporose, où la densité osseuse est plus faible que la normale. Si d'autres facteurs de risque sont présents, un traitement peut être initié.
  • La maladie de Paget : C'est une maladie plus rare où le remodelage osseux est anarchique et accéléré, créant des os déformés et fragiles. Les bisphosphonates sont très efficaces pour normaliser ce processus.
  • Suite à certains traitements contre le cancer : Certains cancers (comme le myélome multiple) ou leurs traitements (certaines hormonothérapies pour le cancer du sein ou de la prostate) peuvent fragiliser les os ou créer des métastases osseuses. Les bisphosphonates (souvent à des doses plus fortes et par voie intraveineuse) sont utilisés pour protéger le squelette.

3. Comment ça marche exactement ?

Pour être un peu plus technique, mais toujours simple : les bisphosphonates ont une structure chimique qui leur permet de se "coller" très fortement à la surface de l'os, précisément là où le remodelage a lieu.

Lorsque les cellules "démolisseuses" (ostéoclastes) commencent à "manger" l'os, elles absorbent le bisphosphonate qui s'y est fixé. Ce médicament va alors bloquer leur fonctionnement et provoquer leur mort prématurée. Le résultat est net : la dégradation de l'os est puissamment freinée. Pendant ce temps, les cellules "constructrices" (ostéoblastes) peuvent continuer leur travail plus tranquillement. L'équilibre est ainsi restauré en faveur de la construction osseuse.

4. Quels sont les noms de ces médicaments ?

Vous reconnaîtrez peut-être le vôtre dans cette liste. Nous indiquons le nom de la molécule (Dénomination Commune Internationale ou DCI) suivi des noms commerciaux les plus connus en France.

  • Prise orale (comprimés) :
    • Alendronate : Fosamax®, Fosavance® (associé à la vitamine D)...
    • Risédronate : Actonel®, Optinate® (associé à la vitamine D)...
    • Ibandronate : Bonviva® (comprimé mensuel)
  • Prise intraveineuse (perfusions) :
    • Acide zolédronique : Aclasta® (pour l'ostéoporose, une fois par an), Zometa® (pour les indications en cancérologie).
    • Ibandronate : Bonviva® (perfusion trimestrielle).

Catégorie 2 : L'utilisation pratique - "Comment dois-je le prendre ?"

Cette section est absolument cruciale. Le succès du traitement et la prévention des effets secondaires dépendent du respect scrupuleux de ces règles. Les bisphosphonates oraux sont très mal absorbés par l'organisme et peuvent être irritants pour le haut du tube digestif.

1. Instructions précises pour la prise orale (comprimés hebdomadaires ou mensuels)

Suivez ces règles d'or à la lettre :

  1. QUAND ? Prenez votre comprimé le matin, dès le lever, à jeun. Choisissez un jour fixe de la semaine (par exemple, chaque dimanche matin) pour ne pas l'oublier.
  2. AVEC QUOI ? Avalez le comprimé entier avec uniquement un grand verre d'eau plate du robinet (environ 200 ml). N'utilisez JAMAIS de lait, de jus de fruit (surtout orange ou pamplemousse), de café, de thé, ou d'eau minérale riche en calcium (comme Contrex®, Hépar®...). Ces liquides contiennent des minéraux (calcium, magnésium, fer) qui se lient au médicament et l'empêchent d'être absorbé. Il deviendrait alors totalement inefficace.
  3. POSITION ? Après avoir avalé le comprimé, vous devez impérativement rester en position assise ou debout. Ne vous allongez surtout pas et ne vous penchez pas en avant.
  4. COMBIEN DE TEMPS ? Vous devez attendre au minimum 30 minutes (et idéalement 60 minutes) avant de :
    • Manger quoi que ce soit.
    • Boire autre chose que de l'eau.
    • Prendre d'autres médicaments (y compris vos suppléments de calcium et vitamine D).

Pourquoi ces règles sont-elles si strictes ?

  • Pour l'efficacité : Le jeûne et l'eau pure garantissent que le maximum de médicament passe dans le sang au lieu d'être bloqué dans l'estomac. Moins de 1% de la dose est absorbée, il faut donc lui donner toutes ses chances !
  • Pour la sécurité : Rester en position verticale assure que le comprimé descende rapidement dans l'estomac et ne stagne pas dans l'œsophage, où il pourrait provoquer une irritation sévère, des brûlures, voire un ulcère.

2. Informations sur les perfusions (forme intraveineuse)

Si votre médecin a opté pour la forme injectable (ex: Aclasta®), la procédure est différente et plus simple au quotidien.

  • Fréquence : La perfusion d'acide zolédronique pour l'ostéoporose se fait généralement une seule fois par an.
  • Déroulement : Elle a lieu à l'hôpital ou dans un cabinet médical. La perfusion elle-même dure environ 15 à 30 minutes.
  • Avant/Après : Il est très important d'être bien hydraté avant et après la perfusion pour protéger vos reins. Buvez beaucoup d'eau la veille, le jour J et le lendemain. Votre médecin peut aussi vous recommander de prendre du paracétamol avant ou après la perfusion pour prévenir un éventuel syndrome pseudo-grippal.

3. Que faire si j'oublie une dose ?

  • Pour une prise hebdomadaire (ex: Alendronate) : Si vous vous en rendez compte le lendemain matin, prenez votre comprimé immédiatement en respectant toutes les consignes (à jeun, etc.). Reprenez ensuite votre rythme normal le jour de la semaine que vous aviez choisi initialement. Ne prenez jamais deux comprimés le même jour. Si plus d'un jour s'est écoulé, sautez la dose oubliée et attendez simplement le jour de prise habituel de la semaine suivante.
  • Pour une prise mensuelle (ex: Ibandronate) : Si vous avez oublié votre comprimé et que la prochaine prise est dans plus de 7 jours, prenez-le le matin où vous vous en apercevez. Reprenez ensuite votre date de prise habituelle le mois suivant. Si la prochaine prise est dans moins de 7 jours, sautez la dose oubliée et attendez la date prévue.

En cas de doute, demandez toujours conseil à votre pharmacien.

Catégorie 3 : Les risques et inquiétudes - "Est-ce dangereux ?"

Il est légitime de s'inquiéter des effets secondaires. Abordons-les de manière factuelle et rassurante. La grande majorité des patients tolèrent très bien leur traitement.

1. Quels sont les effets secondaires courants ?

Ces effets sont généralement bénins et passagers.

  • Troubles digestifs (pour les comprimés) : Douleurs à l'estomac, nausées, ballonnements, difficulté à digérer. Le respect scrupuleux des consignes de prise minimise grandement ce risque.
  • Douleurs musculaires ou articulaires : Certains patients ressentent des douleurs diffuses dans les jours qui suivent la prise.
  • Syndrome pseudo-grippal : Surtout observé après la première perfusion d'acide zolédronique. Il peut se manifester par de la fièvre, des courbatures, des maux de tête. Il dure 24 à 48h et répond bien au paracétamol. Cet effet est beaucoup plus rare lors des perfusions suivantes.

Que faire ? Si ces symptômes sont légers, ils s'estompent souvent. S'ils sont gênants ou persistants, parlez-en à votre médecin. Il ne faut jamais arrêter le traitement sans son avis.

2. Quels sont les effets secondaires rares mais graves ?

Vous avez peut-être lu des informations inquiétantes sur internet. Il est essentiel de mettre les choses en perspective. Ces risques sont très faibles, surtout dans le cadre du traitement de l'ostéoporose.

  • L'ostéonécrose de la mâchoire (ONJ) :
    • Qu'est-ce que c'est ? C'est une complication rare où une zone de l'os de la mâchoire ne cicatrise pas après une intervention dentaire (comme une extraction), laissant l'os exposé.
    • Quel est le risque réel ? Dans le traitement de l'ostéoporose, ce risque est extrêmement faible, estimé entre 1 cas pour 10 000 et 1 cas pour 100 000 patients par an. Le risque est nettement plus élevé (jusqu'à 100 fois plus) chez les patients traités pour un cancer, qui reçoivent des doses beaucoup plus fortes et plus fréquentes.
    • Comment s'en prémunir ? C'est la clé. Informez systématiquement votre dentiste que vous prenez un bisphosphonate. Idéalement, faites un bilan dentaire complet et réalisez tous les soins nécessaires avant de commencer le traitement. Maintenez une excellente hygiène bucco-dentaire (brossage, fil dentaire) pour éviter les infections et les extractions.
  • Les fractures atypiques du fémur (FAF) :
    • Qu'est-ce que c'est ? C'est un type de fracture très particulier qui peut survenir au niveau de la diaphyse fémorale (la partie longue de l'os de la cuisse), souvent avec un traumatisme minime.
    • Quel est le risque réel ? C'est également un événement très rare, qui apparaît surtout après des traitements de longue durée (plus de 5 ans). Le bénéfice des bisphosphonates en termes de prévention des fractures "classiques" (col du fémur, vertèbres) dépasse de très loin ce risque rare.
    • Le symptôme d'alerte : Si vous développez une douleur nouvelle, sourde et persistante au niveau de la cuisse ou de l'aine, signalez-la sans tarder à votre médecin.

3. Comment minimiser les risques ?

  1. Respectez les consignes de prise à la perfection. C'est le geste le plus important.
  2. Maintenez une hygiène bucco-dentaire irréprochable et prévenez toujours votre dentiste.
  3. Signalez tout symptôme nouveau ou inhabituel à votre médecin (douleur à la cuisse, difficulté à avaler, etc.).

Catégorie 4 : L'efficacité et la durée - "Est-ce que ça marche et pour combien de temps ?"

1. Au bout de combien de temps le traitement est-il efficace ?

L'effet d'un bisphosphonate n'est pas immédiat comme celui d'un antidouleur. C'est un traitement de fond. Il commence à agir dès les premières semaines en freinant la dégradation osseuse, mais son bénéfice principal – la réduction du risque de fracture – se mesure sur le long terme. Soyez patient et régulier dans votre traitement.

2. Comment saura-t-on si ça fonctionne ?

L'efficacité se juge sur deux critères principaux :

  • L'ostéodensitométrie (DMO) : C'est l'examen qui mesure la densité minérale de vos os. Votre médecin en prescrira une nouvelle tous les 2 à 3 ans. Un maintien ou une légère augmentation de votre densité osseuse est un signe que le traitement fonctionne bien.
  • L'absence de nouvelles fractures : C'est l'objectif final et le principal marqueur de succès !

3. Combien de temps devrai-je prendre ce traitement ?

Un traitement par bisphosphonate n'est généralement pas prescrit à vie sans réévaluation.

  • Durée initiale : La durée standard du traitement est de 3 à 5 ans.
  • La réévaluation : Après cette période, votre médecin fera un bilan complet (nouvelle ostéodensitométrie, évaluation de vos facteurs de risque).
  • Le "congé thérapeutique" (ou drug holiday) : Si votre densité osseuse s'est bien améliorée et que votre risque de fracture a diminué, votre médecin pourra vous proposer une pause médicamenteuse. Comme les bisphosphonates restent fixés à l'os, leur effet protecteur perdure plusieurs années même après l'arrêt. Cette pause permet de minimiser les risques d'effets secondaires à long terme. Le traitement pourra être repris plus tard si le besoin s'en fait à nouveau sentir. Cette notion de "pause" est très rassurante et montre que votre situation est suivie de près.

Catégorie 5 : Le contexte global - "Que puis-je faire d'autre ?"

Le médicament est un outil puissant, mais il s'intègre dans une stratégie globale de santé osseuse dont vous êtes l'acteur principal.

1. Interactions médicamenteuses et alimentaires : Le duo essentiel Calcium et Vitamine D

Les bisphosphonates ne construisent pas l'os, ils empêchent sa destruction. Pour que les "ouvriers constructeurs" puissent travailler, ils ont besoin de matériaux : le Calcium et la Vitamine D.

  • Indispensables : Votre médecin vous prescrira quasi-systématiquement des suppléments de calcium et de vitamine D en même temps que le bisphosphonate.
  • Attention au timing : Comme expliqué plus haut, le calcium empêche l'absorption du bisphosphonate. Il est donc impératif de prendre vos suppléments de calcium et vitamine D à distance du bisphosphonate. Par exemple, si vous prenez votre bisphosphonate le matin à jeun, prenez votre calcium au cours du déjeuner ou du dîner.

2. Hygiène de vie : le traitement ne fait pas tout

  • Exercice physique : La pratique régulière d'une activité physique en charge (marche rapide, jogging léger, danse, montée d'escaliers) stimule la formation osseuse. Les exercices d'équilibre (tai-chi, yoga) sont excellents pour prévenir les chutes.
  • Alimentation : Visez une alimentation équilibrée, riche en produits laitiers (ou substituts enrichis en calcium), en légumes verts et en protéines.
  • Arrêt du tabac et modération de l'alcool : Le tabac et l'excès d'alcool sont des ennemis directs de vos os.

3. Y a-t-il des alternatives ?

Oui, il existe d'autres classes de médicaments pour l'ostéoporose. Si les bisphosphonates ne vous conviennent pas ou sont contre-indiqués, votre médecin pourra discuter d'autres options comme le denosumab (Prolia®), le tériparatide (Forsteo®) ou le romosozumab (Evenity®). Chaque médicament a son propre mode d'action, ses avantages et ses inconvénients.

Conclusion : Votre Rôle est Essentiel

Vous détenez maintenant des informations complètes pour comprendre votre traitement par bisphosphonate. Retenez que ce sont des médicaments efficaces et sûrs lorsqu'ils sont utilisés correctement. Ils ont prouvé leur capacité à réduire drastiquement le risque de fractures qui peuvent altérer votre qualité de vie.

Le respect des règles de prise, une bonne hygiène dentaire et un mode de vie sain sont les piliers de la réussite.

Enfin, et c'est le plus important : ce guide ne remplace pas le dialogue avec vos soignants. N'hésitez jamais à poser des questions, à exprimer vos doutes et à partager vos inquiétudes avec votre médecin et votre pharmacien. Ils sont vos meilleurs alliés pour vous accompagner tout au long de ce parcours vers des os plus solides et une vie plus sereine.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
Voir le profil complet
Merci, et à très vite !
Oops! Merci de remplir votre adresse email.