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Douleur thoracique rétrosternale : comprendre, réagir et se rassurer

Publié le 
July 21, 2025
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  1. Une douleur thoracique soudaine, intense et oppressante, accompagnée de symptômes comme une irradiation vers le bras gauche ou la mâchoire, essoufflement, sueurs, nausées ou vertiges, nécessite un appel immédiat au 15 ou au 112.
  2. Les causes de douleur rétrosternale sont variées : cardiaques (infarctus, angine, péricardite), digestives (reflux, spasmes œsophagiens, ulcères), pulmonaires (embolie, pneumonie), musculo-squelettiques (costochondrite, douleurs musculaires) ou psychologiques (attaques de panique).
  3. En l'absence d'urgence vitale, il faut se reposer, contrôler sa respiration, éviter certains aliments et médicaments sans avis médical, et consulter rapidement un médecin si la douleur est nouvelle, récurrente ou associée à d'autres signes.
  4. Lors de la consultation, le médecin s'appuiera sur la description précise de la douleur, ses déclencheurs et soulagements, les symptômes associés, et pourra prescrire des examens tels que ECG, prise de sang, radiographie ou endoscopie pour affiner le diagnostic.
  5. Une douleur thoracique ne doit jamais être banalisée ni auto-diagnostiquée : face à un doute ou une douleur intense, la priorité est d’appeler les urgences, et pour des douleurs plus modérées, de consulter rapidement un professionnel de santé.

Une douleur qui apparaît soudainement au milieu de la poitrine, derrière le sternum, est l'un des symptômes les plus angoissants qui soient. La première pensée qui traverse l'esprit est souvent la plus redoutée : "Est-ce une crise cardiaque ?". Cette anxiété est légitime et naturelle.

Cet article est conçu pour vous fournir des informations claires et hiérarchisées. Notre objectif est de vous aider à comprendre ce qu'est une douleur thoracique rétrosternale, à reconnaître les signes d'une urgence absolue, à explorer les causes possibles (souvent moins graves que l'on ne le craint) et à savoir comment réagir de manière appropriée. L'information est un outil puissant pour gérer l'inquiétude, mais elle ne remplace jamais un avis médical.

1. L'Urgence Absolue : Est-ce une Crise Cardiaque ? Quand Appeler Immédiatement le 15 ?

C'est la question la plus importante, et elle mérite une réponse immédiate et sans ambiguïté. Certains signes ne laissent aucune place au doute ou à l'attente. Si vous ou l'un de vos proches présentez les symptômes décrits ci-dessous, n'essayez pas de conduire jusqu'à l'hôpital, ne demandez pas l'avis d'un ami. Chaque minute compte.

URGENCE VITALE : SIGNAUX D'ALERTE MAXIMALE

Si vous ressentez un ou plusieurs de ces symptômes, agissez sans délai :

  • Une douleur soudaine, intense et oppressante au milieu de la poitrine. Elle est souvent décrite comme un poids écrasant, un "étau qui serre", une forte pression ou un serrement.
  • Une douleur qui irradie (se propage) au-delà de la poitrine : vers le bras gauche, mais aussi potentiellement les deux bras, la mâchoire, le cou, les épaules ou le dos (entre les omoplates).
  • La douleur est accompagnée d'autres symptômes :
    • Un essoufflement brutal ou une grande difficulté à respirer.
    • Des sueurs froides et profuses.
    • Des nausées ou des vomissements.
    • Des vertiges, un étourdissement, une sensation de faiblesse extrême ou de perte de connaissance imminente.
    • Un sentiment de panique intense ou une angoisse de "mort imminente".
  • La douleur ne diminue pas et ne disparaît pas avec le repos.

N'attendez pas. Ne prenez pas de risque.
APPELEZ IMMÉDIATEMENT LE 15 (SAMU) OU LE 112 (NUMÉRO D'URGENCE EUROPÉEN).

Précisez calmement à l'opérateur : "Je suspecte une crise cardiaque". Donnez votre adresse et décrivez les symptômes. Le médecin régulateur vous guidera sur les gestes à faire en attendant les secours.

2. Les Causes Possibles : Si ce n'est pas (forcément) le cœur, qu'est-ce que ça peut être ?

Une fois l'hypothèse de l'urgence vitale immédiate gérée ou écartée, il est important de savoir que la poitrine abrite de nombreux organes. Le cœur n'est pas le seul "suspect". En réalité, une grande partie des douleurs rétrosternales ne sont pas d'origine cardiaque. Voici les causes les plus fréquentes, regroupées par système.

A. Les Causes Cardiaques (les plus sérieuses)

Même si elles ne sont pas toujours synonymes d'urgence absolue comme l'infarctus, elles nécessitent une attention médicale prioritaire.

  • Infarctus du Myocarde (Crise Cardiaque) : C'est l'obstruction brutale d'une artère coronaire par un caillot sanguin. Le muscle cardiaque n'est plus irrigué et commence à mourir. La douleur est celle décrite dans l'encadré d'urgence : violente, oppressante, persistante. C'est une urgence vitale.
  • Angine de Poitrine (Angor) : C'est un signe avant-coureur. Les artères du cœur sont rétrécies (souvent par des plaques d'athérosclérose) et le flux sanguin est insuffisant pour répondre aux besoins du cœur, notamment lors d'un effort.
    • Comment la reconnaître ? La douleur est typiquement une sensation de serrement qui survient à l'effort (marche rapide, montée d'escaliers, stress intense) et qui disparaît rapidement (en quelques minutes) au repos. Elle peut irradier comme celle de l'infarctus. Si elle survient au repos ou dure plus longtemps, elle devient instable et constitue une urgence.
  • Péricardite : Il s'agit de l'inflammation du péricarde, l'enveloppe qui entoure le cœur.
    • Comment la reconnaître ? La douleur est souvent vive, comme un coup de poignard. Elle est typiquement augmentée par l'inspiration profonde, la toux et la position allongée. À l'inverse, elle est souvent soulagée en se penchant en avant. Elle peut être accompagnée de fièvre.

B. Les Causes Digestives / Œsophagiennes (extrêmement fréquentes)

Elles sont la cause la plus courante de douleurs rétrosternales non cardiaques et miment parfois parfaitement une douleur cardiaque, créant une grande anxiété.

  • Reflux Gastro-Œsophagien (RGO) : C'est la cause la plus commune. L'acidité de l'estomac remonte dans l'œsophage, qui n'est pas conçu pour y résister, provoquant une irritation.
    • Comment le reconnaître ? La douleur est une sensation de brûlure (appelée pyrosis) qui part du creux de l'estomac et remonte derrière le sternum. Elle survient souvent après les repas (surtout s'ils sont riches, gras ou épicés), en position penchée en avant ou allongée. Elle peut être accompagnée d'un goût acide ou amer dans la bouche (régurgitations acides) et d'une toux chronique.
  • Spasme Œsophagien : L'œsophage est un muscle. Il peut se contracter de manière soudaine, intense et désordonnée.
    • Comment le reconnaître ? Il provoque une douleur rétrosternale très forte, constrictive, qui peut être indiscernable de celle d'une crise cardiaque. Elle peut survenir spontanément ou être déclenchée par la déglutition de boissons très chaudes ou très froides. La prise d'un médicament comme la trinitrine (utilisé pour l'angine de poitrine) peut parfois la calmer, ce qui ajoute à la confusion.
  • Ulcère Gastrique ou Œsophagien : Une plaie sur la paroi de l'estomac ou de l'œsophage peut provoquer une douleur de type brûlure ou crampe.

C. Les Causes Pulmonaires

Elles sont également graves et nécessitent une prise en charge rapide.

  • Embolie Pulmonaire : C'est l'obstruction d'une ou plusieurs artères des poumons par un caillot de sang, souvent venu d'une jambe (phlébite). C'est une urgence vitale.
    • Comment la reconnaître ? La douleur est brutale, souvent décrite comme un "coup de poignard" sur le côté de la poitrine. Elle est accompagnée d'un essoufflement très intense et soudain, d'une accélération du rythme cardiaque et parfois d'une toux avec des crachats sanglants.
  • Pneumonie ou Pleurésie : Une infection du poumon (pneumonie) ou de son enveloppe, la plèvre (pleurésie), peut causer une douleur thoracique.
    • Comment la reconnaître ? La douleur est généralement localisée et fortement augmentée par la toux et l'inspiration profonde. Elle s'accompagne le plus souvent de fièvre, de frissons et d'une toux (productive ou sèche).

D. Les Causes Musculo-squelettiques (fréquentes et bénignes)

Elles concernent les os, les muscles et les cartilages de la cage thoracique.

  • Costochondrite (Syndrome de Tietze) : C'est l'inflammation des cartilages qui relient les côtes au sternum.
    • Comment la reconnaître ? C'est le point clé : la douleur est reproductible et augmentée à la palpation. Si vous appuyez avec votre doigt sur la zone douloureuse à la jonction entre une côte et le sternum et que cela déclenche la douleur que vous ressentez, il y a de fortes chances que ce soit une costochondrite. La douleur peut aussi être accentuée par certains mouvements du torse ou une respiration profonde.
  • Douleurs Musculaires : Un effort inhabituel (déménagement, séance de sport intense), un faux mouvement ou même une forte quinte de toux peuvent provoquer des courbatures ou une déchirure des muscles intercostaux. La douleur est mécanique, augmentée par les mouvements qui sollicitent le muscle concerné.

E. Les Causes Psychologiques (très réelles)

L'anxiété et le stress peuvent se manifester physiquement de manière spectaculaire.

  • Attaque de Panique / Anxiété Aiguë : Un pic d'anxiété intense peut déclencher une cascade de symptômes physiques très impressionnants.
    • Comment la reconnaître ? La douleur est souvent décrite comme une sensation de poitrine serrée, d'oppression ou de blocage. Elle s'accompagne d'autres signes typiques de l'attaque de panique : palpitations (cœur qui bat très vite et fort), sensation de souffle coupé ou d'étouffement, tremblements, sueurs, vertiges, peur de perdre le contrôle ou de mourir. La douleur est bien réelle, mais elle est la conséquence de l'anxiété, et non sa cause.

3. Que Faire ? Les Prochaines Étapes

Après avoir exclu une urgence vitale nécessitant un appel au 15, voici comment gérer la situation.

Que faire en attendant de consulter ?

  1. Mettez-vous au repos : Arrêtez toute activité physique. Asseyez-vous dans une position confortable, souvent semi-assise, qui peut faciliter la respiration et soulager les douleurs de reflux.
  2. Essayez de rester calme : L'anxiété augmente le rythme cardiaque et la tension musculaire, ce qui peut aggraver n'importe quelle douleur. Concentrez-vous sur une respiration lente et profonde : inspirez doucement par le nez pendant 4 secondes, retenez l'air 2 secondes, puis expirez lentement par la bouche pendant 6 secondes.
  3. Adaptez votre alimentation (en cas de suspicion digestive) : Évitez de manger ou de boire dans l'immédiat. Fuyez le café, l'alcool, les boissons gazeuses, le chocolat et les aliments gras ou épicés qui sont connus pour aggraver le reflux. Un verre d'eau peut aider.
  4. Attention à l'automédication :
    • NE PRENEZ PAS d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l'ibuprofène ou le kétoprofène sans avis médical. Ils peuvent être dangereux en cas de problème cardiaque et peuvent aggraver un ulcère gastrique ou provoquer des saignements.
    • Le paracétamol est généralement considéré comme plus sûr en première intention, mais il ne résout pas la cause sous-jacente. L'avis d'un professionnel reste indispensable.

Quand consulter son médecin traitant ?

Il est nécessaire de prendre rendez-vous avec votre médecin traitant dans les jours qui suivent si :

  • La douleur est modérée, supportable, mais qu'elle est nouvelle ou inhabituelle.
  • La douleur est récurrente (elle va et vient depuis plusieurs jours ou semaines).
  • Vous suspectez fortement une cause digestive (brûlures après les repas).
  • La douleur semble clairement liée à des efforts spécifiques (type angine de poitrine).
  • La douleur est apparue après un traumatisme ou un effort musculaire.

Votre médecin est le mieux placé pour faire la part des choses et vous orienter si nécessaire.

4. La Consultation : À Quoi S'attendre ?

Aller chez le médecin préparé permet de réduire l'anxiété et de rendre la consultation plus efficace.

Les questions que le médecin va vous poser

Pour l'aider dans son diagnostic, essayez de réfléchir à ces questions à l'avance :

  • La description de la douleur : Comment la décririez-vous ? Est-ce une brûlure, une pression, un serrement, un coup de poignard, un picotement ?
  • La localisation : Où se situe-t-elle précisément ? Au milieu ? Sur un côté ? Est-ce qu'elle se déplace (irradie) ? Si oui, où ?
  • La temporalité : Quand a-t-elle commencé ? Est-elle constante ou intermittente (par crises) ? Combien de temps dure chaque crise ?
  • Les facteurs déclenchants ou aggravants : Qu'est-ce qui la provoque ou l'empire ? L'effort physique ? La respiration profonde ? La toux ? La déglutition ? La nourriture (quel type) ? Une position particulière (allongé, penché) ? Le stress ?
  • Les facteurs soulageants : Qu'est-ce qui l'améliore ? Le repos ? Une position (laquelle) ? Un médicament anti-acide ? Un rot ?
  • Les symptômes associés : Avez-vous d'autres signes ? Essoufflement, toux, fièvre, sueurs, palpitations, vertiges, anxiété, problèmes de digestion ?

Les examens possibles

En fonction de son examen clinique et de vos réponses, le médecin pourra juger nécessaire de réaliser des examens complémentaires :

  • L'Électrocardiogramme (ECG) : C'est l'examen de première intention en cas de douleur thoracique. Il enregistre l'activité électrique du cœur et peut détecter immédiatement des signes de souffrance cardiaque (infarctus, angor, péricardite).
  • La Prise de Sang : Le dosage des enzymes cardiaques, en particulier les troponines, est crucial. Leur élévation dans le sang est un marqueur très fiable d'une lésion du muscle cardiaque, confirmant le diagnostic d'infarctus.
  • La Radiographie Thoracique : Elle permet de visualiser la taille et la forme du cœur, les poumons et les grosses artères. Elle peut révéler une pneumonie, un épanchement pleural (pleurésie) ou d'autres anomalies.
  • L'Endoscopie Digestive Haute (Fibroscopie) : Si une cause digestive est fortement suspectée, cet examen consiste à introduire un tube flexible avec une caméra par la bouche pour visualiser l'œsophage, l'estomac et le duodénum afin de rechercher un RGO sévère, une œsophagite ou un ulcère.

D'autres examens plus spécialisés (scanner thoracique, échographie cardiaque, test d'effort...) pourront être prescrits par la suite si besoin.

5. Le Message de Conclusion : Ne Jamais Banaliser

Nous l'avons vu, les causes d'une douleur thoracique rétrosternale sont multiples, allant de la simple anxiété ou d'un reflux bénin à une urgence vitale comme l'infarctus ou l'embolie pulmonaire.

Le message essentiel à retenir est le suivant : une douleur thoracique ne doit JAMAIS être prise à la légère, ignorée ou auto-diagnostiquée.

Même si, statistiquement, la cause est le plus souvent bénigne, la priorité absolue est toujours d'éliminer formellement une cause grave qui pourrait mettre votre vie en danger. La confusion entre les symptômes est fréquente et même les médecins ont besoin d'examens pour confirmer leur diagnostic.

En cas de doute, si la douleur est intense, soudaine ou accompagnée de signes d'alerte, la seule bonne décision est d'appeler le 15. Si la douleur est plus modérée ou récurrente, la bonne décision est de consulter votre médecin sans tarder.

Ne laissez pas la peur ou la gêne de "déranger pour rien" vous empêcher de prendre soin de vous. Il vaut mieux cent fois une consultation ou un appel pour une cause bénigne qu'une seule fois où l'on attend trop longtemps. Votre santé est votre bien le plus précieux.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Spécialisée dans le diagnostic et le traitement des troubles cognitifs, le Dr. Laurent accompagne depuis plus de 15 ans les patients atteints de la maladie d'Alzheimer et leurs familles. Elle est particulièrement investie dans la recherche sur les thérapies innovantes et l'amélioration de la qualité de vie des patients.
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