- Une altération de la conscience, même légère ou passagère, est TOUJOURS une urgence médicale nécessitant un appel immédiat aux secours (15 ou 112).
- En attendant les secours, ne laissez jamais la personne seule, placez-la en Position Latérale de Sécurité si elle est inconsciente mais respire, et ne donnez rien à boire ou à manger.
- L'altération de la conscience peut être causée par de nombreux facteurs (traumatiques, vasculaires, métaboliques, toxiques, infectieux, neurologiques), et seul un médecin peut en déterminer la cause exacte via un diagnostic précis.
- Le traitement consiste à stabiliser le patient et à soigner la cause identifiée (ex : sucre pour hypoglycémie, antibiotiques pour infection, interventions spécifiques en cas d’AVC ou traumatisme).
- Le pronostic dépend de la cause, de la gravité et de la rapidité de la prise en charge ; une rééducation adaptée est souvent nécessaire pour maximiser la récupération et prévenir les récidives.
Faire face à une altération de la conscience, que ce soit pour soi-même ou pour un proche, est une expérience angoissante. La confusion, la peur et un sentiment d'impuissance peuvent rapidement prendre le dessus. Cet article est conçu pour vous guider. Il vous expliquera de manière simple ce qu'est une altération de la conscience, ce qu'il faut faire en urgence, comment les médecins posent un diagnostic et quelles sont les perspectives de rétablissement. Votre priorité est d'agir vite et bien.
ENCADRÉ D'URGENCE : C'EST UNE URGENCE. QUE FAIRE ?
Cette section est la plus importante. Si vous êtes actuellement avec une personne qui présente les signes décrits ci-dessous, agissez immédiatement.
1. Le caractère d'urgence : Quand s'inquiéter ?
Un message doit être parfaitement clair : une altération de la conscience, même si elle semble légère ou passagère, est TOUJOURS une urgence médicale. Il ne faut jamais "attendre pour voir si ça passe". Le cerveau est un organe fragile et chaque minute compte.
Appelez les secours sans délai si la personne présente un ou plusieurs de ces signes d'alerte :
- Confusion soudaine : La personne est désorientée, ne sait plus où elle est, quelle est la date, ou ne reconnaît plus ses proches.
- Propos incohérents ou étranges : Elle tient un discours qui n'a pas de sens, est confuse ou délirante.
- Somnolence extrême et anormale : Elle a une envie de dormir irrépressible, est très difficile à maintenir éveillée.
- Difficulté à se réveiller : Vous devez la secouer vigoureusement ou lui parler fort pour obtenir une réaction minime (un grognement, une ouverture des yeux brève).
- Perte de connaissance complète (évanouissement ou coma) : La personne ne réagit à aucune stimulation (parole, contact physique).
- Changement de comportement brutal : Agitation, agressivité ou au contraire apathie extrême, sans raison apparente.
- Difficulté à parler ou à comprendre des ordres simples.
2. Que faire immédiatement en attendant les secours ? (Le guide pratique)
Votre rôle en attendant l'arrivée du SAMU ou des pompiers est crucial. Restez calme et suivez ces consignes.
LES GESTES À FAIRE :
- APPELEZ LES SECOURS IMMÉDIATEMENT :
- Le 15 (SAMU) : Pour une aide médicale d'urgence.
- Le 112 : Le numéro d'urgence européen, qui vous redirigera vers le service adéquat.
- Soyez prêt à donner votre nom, l'adresse exacte, le numéro de téléphone où l'on peut vous joindre, et à décrire précisément ce que vous observez.
- Ne laissez JAMAIS la personne seule. Votre présence est rassurante et essentielle pour surveiller son état.
- Mettez-la en sécurité : Si la personne est inconsciente mais respire normalement, placez-la délicatement en Position Latérale de Sécurité (PLS). Cela permet de libérer ses voies respiratoires et d'éviter qu'elle ne s'étouffe si elle vomit.
- Notez les informations clés : Essayez de noter l'heure exacte à laquelle les symptômes ont commencé. Quelles étaient les circonstances ? La personne est-elle tombée ? S'est-elle plainte de quelque chose avant (mal de tête, douleur, etc.) ? Ces informations seront précieuses pour les médecins.
- Rassemblez ses médicaments : Si la personne suit un traitement, regroupez toutes les boîtes de médicaments ou son ordonnance. Cela aidera les médecins à comprendre son état de santé.
LES GESTES À NE PAS FAIRE :
- NE PAS paniquer. Votre calme aidera la personne et vous permettra d'agir efficacement.
- NE RIEN donner à boire ou à manger. Même de l'eau. Une personne dont la conscience est altérée peut faire une "fausse route" (avaler de travers) et s'étouffer.
- NE PAS la gifler ou la secouer brutalement pour essayer de la réveiller.
- NE PAS la déplacer si vous suspectez une chute ou un traumatisme (en particulier à la tête ou au dos), sauf si elle est en danger immédiat (incendie, etc.). Vous pourriez aggraver une blessure à la colonne vertébrale.
Comprendre ce qui se passe (Démystifier le problème)
Une fois l'urgence gérée, il est naturel de vouloir comprendre. Les termes médicaux peuvent être effrayants, mais le concept de base est assez simple.
Qu'est-ce que c'est, en termes simples ?
Imaginez le cerveau comme le centre de contrôle de votre corps. La conscience est la fonction qui vous permet d'être éveillé, alerte, et d'interagir avec le monde qui vous entoure.
Une altération de la conscience survient quand, pour une raison ou une autre, le cerveau n'est plus capable d'assurer pleinement cet état d'éveil et de conscience de soi et de son environnement. C'est un symptôme, pas une maladie en soi. C'est le signal d'alarme que quelque chose de grave est en train de se passer dans le corps.
On distingue plusieurs niveaux de gravité :
- La confusion : C'est le niveau le plus léger. La personne est éveillée mais désorientée dans le temps ou l'espace. Elle peut avoir des difficultés à maintenir une conversation logique.
- La somnolence (ou obnubilation) : La personne est anormalement endormie mais reste réveillable. Elle répond aux questions (souvent lentement) puis se rendort dès qu'on cesse de la stimuler.
- La stupeur : C'est un état plus profond. La personne ne peut être réveillée que par des stimulations fortes et répétées (la secouer, lui pincer la peau). Les réponses sont quasi inexistantes ou très brèves.
- Le coma : C'est le niveau le plus grave. La personne est inconsciente, les yeux fermés, et ne répond à aucune stimulation, même douloureuse.
Différence avec une syncope ou une crise d'épilepsie :
- La syncope (ou évanouissement) est une perte de connaissance très brève (quelques secondes à une minute), due à une baisse soudaine de la pression artérielle. La personne récupère ensuite rapidement et complètement.
- La crise d'épilepsie est due à une décharge électrique anormale dans le cerveau. Elle peut provoquer des convulsions, mais aussi une simple "absence" avec rupture de contact. Elle est souvent suivie d'une phase de confusion. Bien qu'elle soit une cause d'altération de la conscience, ses caractéristiques sont spécifiques.
Les causes possibles : Pourquoi cela arrive-t-il ?
Il est important de comprendre que de nombreuses conditions peuvent entraîner une altération de la conscience. Il ne s'agit pas d'une "faute" du patient. La recherche de la cause est la priorité absolue de l'équipe médicale.
Important : Seul un médecin, à l'aide d'examens, peut déterminer la cause exacte.
Voici les grandes familles de causes possibles :
- Traumatiques : Un choc violent à la tête (accident de la route, chute, agression) peut provoquer un saignement ou un gonflement dans le cerveau, appelé traumatisme crânien.
- Vasculaires : C'est la cause la plus fréquente chez l'adulte.
- L'AVC (Accident Vasculaire Cérébral) : Une partie du cerveau n'est plus correctement irriguée en sang, soit parce qu'une artère est bouchée (AVC ischémique), soit parce qu'elle s'est rompue (AVC hémorragique).
- Métaboliques : Un déséquilibre chimique dans le corps peut perturber le fonctionnement du cerveau.
- Diabète : Un taux de sucre trop bas (hypoglycémie) ou beaucoup trop élevé (hyperglycémie) est une cause très fréquente.
- Insuffisance d'organes : Un foie ou des reins qui ne fonctionnent plus correctement ne peuvent plus filtrer les toxines du sang, qui s'accumulent et empoisonnent le cerveau.
- Toxiques : L'introduction d'une substance nocive dans l'organisme.
- Alcool : Une intoxication alcoolique aiguë.
- Drogues : Overdose de stupéfiants.
- Médicaments : Un surdosage (accidentel ou volontaire) de somnifères, d'antidouleurs, ou d'autres médicaments.
- Monoxyde de carbone : Une intoxication due à un appareil de chauffage défectueux.
- Infectieuses : Une infection grave peut atteindre le cerveau ou provoquer une réaction inflammatoire généralisée.
- Méningite ou encéphalite : Infection directe des enveloppes du cerveau (méninges) ou du cerveau lui-même.
- Septicémie (ou sepsis) : Une infection grave (pulmonaire, urinaire...) qui se généralise dans tout le corps et perturbe le fonctionnement de tous les organes, y compris le cerveau.
- Neurologiques : Une maladie touchant directement le cerveau.
- Crise d'épilepsie prolongée (état de mal épileptique).
- Tumeur cérébrale qui comprime des zones importantes du cerveau.
- Autres causes :
- Manque d'oxygène (hypoxie) : Après un arrêt cardiaque, une noyade, une suffocation.
- Troubles de la température : Un coup de chaleur (hyperthermie) ou une exposition au froid intense (hypothermie).
- Déshydratation sévère, en particulier chez les personnes âgées et les nourrissons.
Le Parcours Médical (À quoi s'attendre)
Savoir ce qui va se passer à l'hôpital peut réduire l'anxiété liée à l'inconnu. Voici les étapes habituelles de la prise en charge.
Le diagnostic : Comment les médecins vont-ils trouver la cause ?
L'équipe médicale va mener une véritable enquête pour identifier la source du problème le plus rapidement possible.
- L'interrogatoire (Anamnèse) : Les médecins poseront de nombreuses questions au patient s'il peut répondre, ou à l'entourage et aux témoins. Vos réponses sont cruciales.
- Quand et comment les symptômes ont-ils commencé ?
- La personne a-t-elle des antécédents médicaux connus (diabète, hypertension, épilepsie...) ?
- Prend-elle des médicaments ? Lesquels ? A-t-elle bien pris son traitement ?
- A-t-elle consommé de l'alcool ou des drogues ?
- Y a-t-il eu une chute, un choc, une fièvre récente ?
- L'examen clinique et neurologique : Le médecin va examiner le patient de la tête aux pieds. Il va vérifier ses signes vitaux (pouls, tension, température, respiration), écouter son cœur et ses poumons. L'examen neurologique est central : il va tester les réflexes, la réaction des pupilles à la lumière, la force musculaire, et la réaction aux stimulations pour évaluer précisément le niveau de conscience (en utilisant un score appelé "score de Glasgow").
- Les examens complémentaires : Pour affiner le diagnostic, plusieurs examens peuvent être nécessaires.
- La prise de sang : C'est souvent le premier examen. Elle permet de chercher une multitude d'indices : le taux de sucre (glycémie), les signes d'infection, le fonctionnement des reins et du foie, la présence de toxiques (alcool, drogues, médicaments), ou un déséquilibre en sels minéraux.
- Le scanner cérébral (TDM) ou l'IRM : Ces examens d'imagerie permettent de "prendre une photo" détaillée du cerveau. Ils sont essentiels pour visualiser rapidement un AVC, un saignement dû à un traumatisme, une tumeur ou un œdème cérébral. Le scanner est souvent réalisé en premier car il est très rapide.
- L'électroencéphalogramme (EEG) : Cet examen enregistre l'activité électrique du cerveau à l'aide d'électrodes posées sur le cuir chevelu. Il est très utile pour confirmer une crise d'épilepsie ou détecter une activité anormale du cerveau.
- La ponction lombaire : Si une méningite ou une encéphalite est suspectée, cet examen est indispensable. Il consiste à prélever une petite quantité du liquide qui entoure le cerveau et la moelle épinière (le liquide céphalo-rachidien) à l'aide d'une fine aiguille dans le bas du dos. L'analyse de ce liquide permet de confirmer la présence d'une infection.
Les traitements : Comment soigne-t-on cela ?
Le message fondamental est simple : le traitement d'une altération de la conscience est le traitement de sa cause.
En parallèle de la recherche de la cause, la première priorité de l'équipe soignante est de stabiliser le patient. Cela signifie s'assurer qu'il respire bien (parfois en l'aidant avec un masque à oxygène ou une intubation), que sa pression artérielle est correcte et que son cœur fonctionne bien.
Une fois la cause identifiée, un traitement spécifique est mis en place :
- Hypoglycémie : L'administration de sucre par voie intraveineuse peut réveiller le patient en quelques minutes.
- Infection (méningite, septicémie) : Des antibiotiques puissants sont administrés en urgence par perfusion.
- AVC ischémique : Si le patient arrive à temps, un traitement pour dissoudre le caillot (thrombolyse) ou le retirer (thrombectomie) peut être tenté.
- Surdosage de médicament : Administration d'un antidote spécifique s'il en existe un.
- Traumatisme crânien avec saignement : Une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour évacuer l'hématome et réduire la pression sur le cerveau.
- Crise d'épilepsie : Des médicaments antiépileptiques sont administrés pour stopper la crise.
L'Après et le Futur (Les conséquences à long terme)
Le pronostic et la récupération : Quelles sont les suites ?
C'est souvent la question la plus angoissante pour les proches. La réponse est honnête mais complexe : le pronostic dépend entièrement de la cause, de sa gravité, de la rapidité de la prise en charge et de l'état de santé général du patient avant l'événement.
Une hypoglycémie corrigée rapidement n'aura souvent aucune séquelle. En revanche, un AVC sévère ou un traumatisme crânien grave peuvent laisser des séquelles durables.
La phase de récupération peut être longue et progressive. Il est possible que la personne souffre de troubles temporaires ou permanents :
- Troubles de la mémoire et de la concentration.
- Fatigue intense.
- Difficultés motrices (paralysie partielle, troubles de l'équilibre).
- Troubles du langage (aphasie) : difficulté à parler ou à comprendre.
- Changements d'humeur ou de personnalité.
C'est là qu'intervient la rééducation. Une équipe pluridisciplinaire peut être mise en place pour aider le patient à récupérer au maximum de ses capacités :
- Kinésithérapeute : pour la motricité et l'équilibre.
- Orthophoniste : pour les troubles du langage et de la déglutition.
- Ergothérapeute : pour réapprendre les gestes de la vie quotidienne.
- Neuropsychologue : pour travailler sur la mémoire, l'attention et les fonctions cognitives.
La prévention : Peut-on éviter que cela se reproduise ?
Dans de nombreux cas, il est possible d'agir pour réduire le risque de récidive. La prévention est directement liée aux causes.
- Pour le diabète : Un suivi médical régulier, un bon équilibre de la glycémie et une éducation sur la reconnaissance des signes d'hypo/hyperglycémie sont essentiels.
- Pour le risque d'AVC : Contrôler sa tension artérielle, gérer son cholestérol, arrêter de fumer, avoir une activité physique régulière et une alimentation équilibrée.
- Pour les causes toxiques : Modérer sa consommation d'alcool, ne jamais prendre de drogues, et toujours respecter les doses de médicaments prescrites.
- Pour les traumatismes : Porter un casque lors des activités à risque (vélo, ski, certains sports), et sécuriser le domicile des personnes âgées pour prévenir les chutes.
- Pour les traitements de fond (épilepsie, etc.) : Ne jamais arrêter ou modifier un traitement sans l'avis de son médecin.
En conclusion, si une altération de la conscience est un événement impressionnant et toujours grave, une action rapide et appropriée maximise les chances de récupération. En comprenant les étapes de la prise en charge et en suivant les conseils de prévention, vous pouvez transformer l'angoisse en action constructive.
