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Interleukine 6 : Votre Guide Pratique pour Mieux Comprendre Votre Corps

Publié le 
July 20, 2025
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  1. L'interleukine 6 (IL-6) est une cytokine, messager d'alerte du système immunitaire, qui joue un rôle clé dans la réponse inflammatoire normale mais peut devenir problématique en cas de production excessive ou prolongée.
  2. Le dosage de l'IL-6 est un marqueur important pour évaluer l'inflammation, aider au diagnostic et au suivi de maladies comme les maladies auto-immunes, certains cancers, la COVID-19 grave ou les maladies inflammatoires chroniques.
  3. Des traitements ciblés appelés inhibiteurs de l'IL-6 (ex. tocilizumab, sarilumab) peuvent bloquer cette cytokine pour calmer une inflammation excessive, sous surveillance médicale rigoureuse à cause de risques d'infections et autres effets secondaires.
  4. Les symptômes liés à un taux élevé d'IL-6 incluent fatigue intense, fièvre, douleurs musculaires, perte d'appétit, sueurs nocturnes, anémie et troubles cognitifs ("brouillard cérébral").
  5. Un mode de vie sain (alimentation anti-inflammatoire, activité physique modérée, gestion du stress, sommeil réparateur) peut soutenir la prise en charge médicale en aidant à réguler l'inflammation.

L'Interleukine 6 (IL-6) expliquée : Le guide complet pour comprendre ce que votre corps vous dit

Votre médecin a mentionné le terme "Interleukine 6" ou vous a prescrit un test sanguin pour la mesurer. Ce nom, qui peut paraître complexe et intimidant, a probablement soulevé une vague de questions et peut-être d'inquiétude. C'est parfaitement normal.

Cet article est conçu pour vous. Son but n'est pas de vous transformer en scientifique, mais de vous donner des réponses claires, simples et pratiques aux questions que vous vous posez en ce moment. Nous allons traduire le jargon médical en informations concrètes pour vous aider à mieux comprendre votre situation et à dialoguer plus sereinement avec votre équipe soignante.

Avertissement important : Les informations contenues dans cette page sont destinées à des fins éducatives et informatives uniquement. Elles ne remplacent en aucun cas un diagnostic, un conseil ou un traitement médical professionnel. Discutez toujours de toute question concernant votre santé avec votre médecin ou un autre professionnel de santé qualifié.

Niveau 1 : Les Informations Fondamentales et Directes

Commençons par les bases. Pourquoi ce terme est-il soudainement devenu important pour vous ?

1. C'est quoi, en termes simples, l'Interleukine 6 ?

Imaginez votre corps comme une forteresse très bien organisée. Votre système immunitaire en est l'armée, toujours prête à défendre la forteresse contre les envahisseurs (comme les virus ou les bactéries) ou à réparer les murs endommagés (une blessure).

Dans cette armée, l'Interleukine 6 (IL-6) est un messager d'alerte ultra-rapide. C'est une protéine, une "cytokine" pour être précis, qui joue le rôle de sirène d'alarme.

  • Quand tout va bien : Le niveau d'IL-6 dans votre sang est très bas, presque indétectable. L'alarme est silencieuse.
  • En cas d'attaque ou de blessure : Dès qu'une infection survient ou que vous vous coupez, certaines cellules immunitaires sonnent l'alarme en libérant massivement de l'IL-6. Ce signal se propage dans tout le corps et a plusieurs missions cruciales :
    • Il dit au foie de produire d'autres protéines de combat (comme la Protéine C-Réactive, ou CRP, un autre marqueur que votre médecin a peut-être testé).
    • Il active et mobilise d'autres "soldats" immunitaires pour qu'ils se rendent sur le site de l'infection ou de la blessure.
    • Il peut provoquer de la fièvre, ce qui aide le corps à combattre certains microbes.

En résumé, l'IL-6 est une réponse normale, saine et essentielle de votre corps pour se défendre et guérir. Le problème ne vient pas de l'IL-6 elle-même, mais de situations où l'alarme se déclenche trop fort, trop longtemps, ou sans raison valable. C'est comme une alarme incendie qui reste bloquée, créant panique et désordre alors qu'il n'y a plus de feu.

2. Pourquoi mon médecin m'en parle ou l'a testée ?

Si votre médecin s'intéresse à votre taux d'IL-6, c'est parce qu'il la considère comme un marqueur clé de l'inflammation dans votre corps. Ce n'est pas un test de routine ; il est généralement prescrit lorsque l'on suspecte un état inflammatoire important ou pour suivre l'évolution d'une maladie déjà connue.

Le fait de tester l'IL-6 n'est pas en soi un signe de gravité. C'est un outil d'investigation. Votre médecin cherche à obtenir une image plus précise de ce qui se passe à l'intérieur de votre corps. Un taux élevé et persistant d'IL-6 peut être un indice précieux, une pièce du puzzle qui aide à comprendre :

  • La présence et l'intensité d'une inflammation chronique.
  • La cause de certains de vos symptômes (comme une fatigue intense ou une fièvre inexpliquée).
  • La manière dont votre corps réagit à une maladie spécifique.
  • L'efficacité d'un traitement destiné à réduire l'inflammation.

Votre médecin ne s'appuiera jamais uniquement sur ce chiffre. Il l'interprétera en le croisant avec vos symptômes, l'examen clinique et d'autres résultats de tests (prise de sang, imagerie, etc.).

3. Quel est le lien avec MA maladie ?

C'est la question la plus importante. L'IL-6 est impliquée dans de nombreuses pathologies, mais son rôle peut varier. Voici comment elle intervient dans les situations les plus courantes.

  • Pour la polyarthrite rhumatoïde et autres maladies auto-immunes (lupus, spondylarthrite, etc.)
    Dans ces maladies, le système immunitaire est déréglé. Il se trompe de cible et attaque les propres tissus sains du corps. Dans la polyarthrite rhumatoïde, il s'en prend principalement aux articulations. L'IL-6 est l'un des principaux "officiers" qui ordonne cette attaque. Produite en excès dans les articulations, elle est directement responsable de l'inflammation qui cause la douleur, le gonflement et, à terme, les lésions articulaires. C'est pour cette raison que bloquer l'IL-6 est une stratégie de traitement très efficace pour de nombreux patients.
  • Pour le cancer
    La relation entre l'IL-6 et le cancer est complexe et bidirectionnelle.
    1. Le cancer peut produire de l'IL-6 : Certaines cellules tumorales sécrètent elles-mêmes de l'IL-6. Ce "messager" peut alors aider la tumeur à grandir, à créer de nouveaux vaisseaux sanguins pour se nourrir et à se propager à d'autres parties du corps.
    2. Le corps produit de l'IL-6 en réponse au cancer : Le système immunitaire reconnaît la tumeur comme une anomalie et déclenche une réponse inflammatoire. Cette inflammation chronique, portée par l'IL-6, peut paradoxalement épuiser le corps et causer des symptômes très courants chez les patients atteints de cancer, comme la fatigue écrasante, la perte d'appétit et la perte de poids et de muscle (un syndrome appelé cachexie).
  • Pour la COVID-19 et les infections sévères
    Vous avez peut-être entendu parler de l'"orage cytokinique" durant la pandémie. L'IL-6 est un acteur central de ce phénomène. Dans les formes graves de COVID-19 (ou d'autres infections sévères comme un sepsis), le système immunitaire peut paniquer. Il libère une quantité si massive et incontrôlée de cytokines, dont l'IL-6, que la réponse inflammatoire devient plus dangereuse que le virus lui-même. Cette "tempête" d'IL-6 provoque une inflammation extrême, notamment dans les poumons, menant à une détresse respiratoire aiguë et à des défaillances d'autres organes.
  • Pour les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI)
    Dans des maladies comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique, l'IL-6 contribue à l'inflammation persistante de la paroi intestinale, causant douleurs, diarrhées et autres symptômes digestifs.

Niveau 2 : Les Implications Pratiques

Maintenant que vous comprenez le "pourquoi", passons au "et maintenant ?".

4. Quels sont les symptômes d'un taux d'IL-6 trop élevé ?

Un taux élevé d'IL-6 ne provoque pas un symptôme unique et identifiable que l'on pourrait pointer du doigt. Il est plutôt le chef d'orchestre d'un ensemble de sensations liées à l'inflammation systémique (c'est-à-dire qui affecte tout le corps). Si vous ressentez certains des symptômes suivants, ils sont très probablement liés, en partie, à l'activité de l'IL-6 :

  • Fatigue intense et persistante : Ce n'est pas une simple fatigue de fin de journée. C'est un épuisement profond qui ne s'améliore pas, même avec du repos.
  • Fièvre et frissons : Votre corps augmente sa température pour combattre une menace perçue.
  • Douleurs musculaires et articulaires diffuses : Une sensation de "courbatures" générales, même sans effort physique.
  • Perte d'appétit et perte de poids involontaire.
  • Sueurs nocturnes.
  • Anémie : L'inflammation chronique peut perturber la production de globules rouges par la moelle osseuse, conduisant à une "anémie inflammatoire".
  • "Brouillard cérébral" (brain fog) : Difficultés de concentration, sensation d'avoir l'esprit confus.

Ces symptômes sont le signe que votre corps est en état d'alerte permanent, ce qui est extrêmement coûteux en énergie.

5. Comment mesure-t-on l'Interleukine 6 ?

La mesure est très simple pour le patient : elle se fait par une prise de sang classique.

L'analyse en laboratoire est plus complexe et coûteuse que pour d'autres marqueurs comme la CRP, c'est pourquoi ce test n'est pas fait en routine.

Comment interpréter les résultats ? C'est le point le plus important : ne tentez pas d'interpréter le chiffre seul. Un taux d'IL-6 peut varier énormément d'une personne à l'autre et même chez la même personne au cours de la journée. Un rhume passager ou un effort physique intense peut le faire monter temporairement.

Seul votre médecin peut donner un sens à ce résultat en le plaçant dans le contexte global de :

  • Votre état de santé général et vos symptômes.
  • Votre maladie (si elle est déjà diagnostiquée).
  • Les résultats de vos autres examens.

Ne vous inquiétez pas si le chiffre vous paraît abstrait ou élevé. Considérez-le comme une information destinée à votre médecin pour l'aider à prendre les meilleures décisions pour vous.

6. Existe-t-il des traitements pour la bloquer ?

Oui, et c'est une excellente nouvelle. Le fait que l'on comprenne si bien le rôle de l'IL-6 dans certaines maladies a permis de développer des médicaments très ciblés pour la neutraliser.

Ces traitements sont appelés "inhibiteurs de l'IL-6" ou "anti-IL-6".

Comment fonctionnent-ils ? Ils agissent comme des gardes du corps très spécifiques. Ils interceptent le messager IL-6 avant qu'il ne puisse se fixer sur les autres cellules et leur délivrer son ordre d'inflammation. En bloquant le signal, ils calment la réponse immunitaire excessive.

Ces médicaments sont principalement utilisés dans le traitement de maladies comme la polyarthrite rhumatoïde, l'arthrite juvénile idiopathique, la maladie de Castleman et ont aussi été utilisés dans les cas graves de COVID-19 pour contrer l'orage cytokinique.

Quelques noms que vous avez peut-être entendus incluent :

  • Tocilizumab (Actemra®)
  • Sarilumab (Kevzara®)
  • Siltuximab (Sylvant®)

Ces traitements sont généralement administrés par injection sous-cutanée (que le patient peut apprendre à faire lui-même) ou par perfusion à l'hôpital.

7. Quels sont les risques et les effets secondaires de ces traitements ?

Tout traitement efficace comporte des risques potentiels. Une discussion honnête sur le rapport bénéfice/risque avec votre médecin est essentielle.

Le principal risque des inhibiteurs de l'IL-6 est directement lié à leur mode d'action. En calmant la "sirène d'alarme" du système immunitaire, ils peuvent vous rendre plus vulnérable aux infections. L'alarme étant moins bruyante, votre corps pourrait réagir plus lentement à une nouvelle infection (bactérienne ou virale).

Pour cette raison, votre médecin prendra des précautions très strictes :

  • Un bilan pré-thérapeutique : Avant de commencer, il vérifiera que vous n'avez pas d'infection "dormante", comme la tuberculose.
  • Une surveillance régulière : Des prises de sang régulières seront effectuées pour surveiller vos globules blancs, vos enzymes du foie et votre taux de cholestérol, qui peuvent être affectés.
  • Des consignes claires : Vous devrez signaler immédiatement à votre médecin tout signe d'infection (fièvre, toux, mal de gorge, brûlures en urinant...).

D'autres effets secondaires possibles incluent des réactions au site d'injection, des maux de tête ou une augmentation du cholestérol. La liste complète doit être discutée avec votre médecin ou pharmacien. Pour la grande majorité des patients, les bénéfices (réduction drastique de la douleur, de l'inflammation et de la progression de la maladie) l'emportent largement sur les risques, qui sont bien gérés par un suivi médical attentif.

Niveau 3 : L'Action Personnelle et le Mode de Vie

Apprendre que l'on a un taux élevé d'IL-6 peut être déstabilisant. Mais il est important de savoir que vous n'êtes pas un spectateur passif. En plus des traitements médicaux, qui sont la pierre angulaire de la prise en charge, vous pouvez jouer un rôle actif pour aider votre corps à mieux gérer l'inflammation.

8. Est-ce que je peux faire quelque chose moi-même pour baisser mon taux d'IL-6 ?

Oui. Adopter un mode de vie sain ne remplacera pas vos médicaments, mais peut créer un environnement corporel moins propice à l'inflammation. C'est un soutien fondamental à votre traitement. Voici quelques pistes à explorer et à discuter avec votre équipe soignante.

  • L'alimentation anti-inflammatoire : votre première alliée
    Certains aliments peuvent "attiser le feu" de l'inflammation, tandis que d'autres peuvent aider à "l'éteindre".
    • À privilégier :
      • Les fruits et légumes colorés : Riches en antioxydants (baies, épinards, brocolis...).
      • Les graisses saines et oméga-3 : Poissons gras (saumon, maquereau, sardines), avocat, noix, graines de lin, huile d'olive extra vierge.
      • Les céréales complètes : Avoine, quinoa, riz brun.
      • Les épices et herbes : Le curcuma et le gingembre sont particulièrement réputés pour leurs propriétés anti-inflammatoires.
    • À limiter :
      • Les sucres ajoutés et les aliments ultra-transformés : Sodas, gâteaux industriels, plats préparés.
      • Les graisses saturées et trans : Fritures, viennoiseries, viandes grasses et transformées (charcuterie).
  • L'activité physique : bouger pour apaiser
    Cela peut sembler contre-intuitif quand on a mal partout, mais une activité physique régulière et modérée est un puissant anti-inflammatoire naturel. Elle aide à réguler le système immunitaire. L'important est de trouver le bon équilibre et d'écouter son corps.
    • Optez pour des activités douces : Marche, natation, vélo, yoga, tai-chi.
    • Soyez régulier : Mieux vaut 20-30 minutes chaque jour qu'une séance intense une fois par semaine.
    • Adaptez l'effort : Pendant les poussées inflammatoires, privilégiez des étirements doux ou le repos.
  • La gestion du stress : calmer l'esprit pour calmer le corps
    Le stress chronique est un grand pourvoyeur d'inflammation. Lorsque vous êtes stressé, votre corps libère des hormones comme le cortisol qui, sur le long terme, dérèglent la réponse immunitaire et peuvent augmenter l'IL-6.
    • Explorez des techniques de relaxation : Méditation de pleine conscience, exercices de respiration profonde, yoga.
    • Prenez du temps pour vous : Accordez-vous des moments de plaisir et de détente, que ce soit en lisant, en écoutant de la musique ou en passant du temps dans la nature.
  • Le sommeil : une réparation essentielle
    C'est pendant le sommeil que votre corps se répare et que votre système immunitaire se régule. Un sommeil de mauvaise qualité ou insuffisant perturbe cet équilibre et favorise l'inflammation.
    • Visez 7 à 9 heures de sommeil par nuit.
    • Créez un rituel de coucher : Couchez-vous et levez-vous à des heures régulières.
    • Optimisez votre chambre : Assurez-vous qu'elle soit sombre, calme et fraîche. Évitez les écrans (téléphone, tablette) au moins une heure avant de dormir.

Conclusion : Un message d'espoir et de collaboration

L'Interleukine 6 peut sembler n'être qu'un terme technique, mais elle est en réalité une fenêtre ouverte sur ce que votre corps essaie de vous dire. Comprendre son rôle est la première étape pour dédramatiser la situation.

Retenez ces points clés :

  1. L'IL-6 est un messager d'alarme, normalement utile, mais problématique lorsqu'il est surproduit.
  2. Votre médecin la teste pour mieux comprendre l'inflammation liée à votre état, pas pour poser un diagnostic à elle seule.
  3. Des traitements efficaces et ciblés existent pour la bloquer lorsque c'est nécessaire.
  4. Vous avez un rôle actif à jouer à travers votre alimentation, votre activité physique, la gestion de votre stress et votre sommeil.

Vous n'êtes pas seul face à ce chiffre ou à ce diagnostic. Vous faites partie d'une équipe avec vos soignants. N'hésitez jamais à poser des questions, à exprimer vos craintes et à participer activement aux décisions concernant votre santé. La connaissance est un pouvoir, et en comprenant mieux l'Interleukine 6, vous venez de faire un grand pas pour reprendre le contrôle.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
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