Fonctionnalités

Équipe médicale

Téléconsultation

Rejoindre

Blog

Vous êtes une mutuelle ?

Consulter un médecin

Cyclophosphamide : Comprendre votre traitement en toute confiance

Publié le 
July 21, 2025
L'application qui vous met en relation en moins de 10 minutes avec une équipe médicale de toutes spécialités. Échangez par messagerie instantanée sans rendez-vous, et recevez une ordonnance, si nécessaire.
Prendre rendez-vous
En moins de 15min
Fiche pratique Biloba
Télécharger
  1. Le Cyclophosphamide est un médicament utilisé en chimiothérapie pour détruire les cellules cancéreuses et comme immunosuppresseur pour calmer un système immunitaire hyperactif dans certaines maladies auto-immunes.
  2. La forme d'administration peut être orale (comprimés le matin avec hydratation) ou intraveineuse (perfusions en hôpital de jour), avec une dose strictement personnalisée.
  3. Les effets secondaires fréquents incluent nausées, perte de cheveux, fatigue, baisse des globules sanguins, altération du goût et risque d'infertilité; la toxicité de la vessie est un risque spécifique nécessitant une hydratation importante.
  4. Il est indispensable de contacter rapidement l’équipe soignante en cas de fièvre élevée, saignements, présence de sang dans les urines, difficultés respiratoires, vomissements incontrôlables ou diarrhée sévère.
  5. Une attention particulière est nécessaire pour les interactions médicamenteuses, la vaccination, la contraception obligatoire, une bonne hydratation et la protection solaire pendant toute la durée du traitement et au-delà.

Cyclophosphamide (Endoxan®) : Le Guide Complet pour Comprendre Votre Traitement

Recevoir un diagnostic nécessitant un traitement comme le Cyclophosphamide peut être une source de nombreuses questions et d'inquiétude. Vous vous demandez peut-être ce que ce médicament implique pour votre corps et votre quotidien. Cette fiche est conçue pour vous accompagner, en vous fournissant des informations claires et fiables. Elle a pour but de vous aider à mieux dialoguer avec votre équipe soignante, qui reste votre principal interlocuteur.

1. Informations Fondamentales : "C'est quoi et pourquoi moi ?"

Comprendre les bases de votre traitement est la première étape pour vous sentir plus en contrôle de la situation.

Qu'est-ce que le Cyclophosphamide ?

Le Cyclophosphamide (souvent connu sous le nom de marque Endoxan®) est un médicament puissant qui appartient à une classe de traitements appelés "agents alkylants". Pour le dire simplement, il s'agit d'un médicament utilisé :

  1. En chimiothérapie pour détruire les cellules cancéreuses.
  2. Comme immunosuppresseur pour calmer un système immunitaire hyperactif dans le cadre de certaines maladies auto-immunes.

Son double rôle explique pourquoi il peut être prescrit dans des contextes très différents.

Dans quel but me le prescrit-on ?

Le Cyclophosphamide est un traitement bien établi pour un large éventail de maladies. Si votre pathologie est dans cette liste, sachez que son utilisation est une pratique courante et validée.

  • Indications en cancérologie (oncologie) : Le médicament cible les cellules qui se divisent rapidement, une caractéristique des cellules cancéreuses.
    • Cancers du sang et du système lymphatique : Lymphomes (Hodgkinien et non-Hodgkinien), leucémies (aiguës et chroniques), myélome multiple.
    • Tumeurs solides : Cancer du sein, cancer de l'ovaire, cancer du poumon à petites cellules, sarcomes, neuroblastome (chez l'enfant), rétinoblastome.
  • Indications pour les maladies auto-immunes et autres : Ici, le but est de réduire l'activité du système immunitaire qui attaque par erreur les propres tissus du corps.
    • Maladies rhumatologiques : Polyarthrite rhumatoïde sévère et active (lorsque les autres traitements ont échoué), lupus érythémateux systémique avec atteinte grave (notamment rénale ou neurologique).
    • Vascularites systémiques : Granulomatose avec polyangéite (anciennement maladie de Wegener), polyangéite microscopique.
    • Maladies rénales (néphrologie) : Syndrome néphrotique sévère chez l'enfant ou l'adulte, notamment en cas de glomérulonéphrite.

Comment ça marche (expliqué simplement) ?

Imaginez que les cellules de votre corps ont un mode d'emploi, leur ADN, qui leur dit comment fonctionner et se multiplier. Le Cyclophosphamide agit en endommageant cet ADN, plus particulièrement dans les cellules qui se divisent très vite.

  • Dans le cas d'un cancer, les cellules cancéreuses se multiplient de manière anarchique. En endommageant leur ADN, le Cyclophosphamide les empêche de se reproduire et finit par les détruire.
  • Dans le cas d'une maladie auto-immune, ce sont les cellules du système immunitaire (les lymphocytes) qui sont hyperactives. Le médicament freine leur prolifération, ce qui "calme" la réponse immunitaire et réduit l'inflammation et les dommages aux organes.

2. Aspects Pratiques du Traitement : "Comment ça va se passer concrètement ?"

Savoir à quoi vous attendre au jour le jour peut grandement réduire l'anxiété liée au traitement.

Comment vais-je recevoir mon traitement ?

Le Cyclophosphamide peut être administré de deux manières principales, selon votre maladie, le protocole choisi et la dose nécessaire.

  • Par voie orale (comprimés de 50 mg) :
    • Quand ? Il est crucial de prendre les comprimés le matin. Cela permet à votre corps d'éliminer le médicament et ses sous-produits tout au long de la journée grâce à une bonne hydratation, ce qui protège votre vessie.
    • Comment ? Avalez les comprimés entiers avec un grand verre d'eau. Il n'est généralement pas nécessaire de les prendre avec de la nourriture, mais suivez les instructions de votre médecin ou pharmacien. Ne les écrasez pas et ne les mâchez pas.
    • Fréquence : Souvent une prise quotidienne pour les maladies auto-immunes.
  • Par voie intraveineuse (perfusion) :
    • Où ? L'administration se fait généralement en hôpital de jour, dans un service d'oncologie ou de médecine interne.
    • Comment ? Le produit est dilué dans une poche de perfusion et administré lentement dans une veine, via un cathéter ou une chambre implantable (port-à-cath).
    • Combien de temps ? La durée de la perfusion peut varier de 30 minutes à plusieurs heures. Avant et après, vous recevrez souvent une hydratation supplémentaire par perfusion pour protéger vos reins et votre vessie.
    • Fréquence : Les cycles varient énormément : toutes les 2, 3 ou 4 semaines pour les cancers, ou une fois par mois pour certaines maladies auto-immunes (on parle alors de "bolus").

Quelle sera ma dose ?

Il n'y a pas de "dose standard". Votre dose est strictement personnalisée. Votre médecin la calcule en fonction de plusieurs facteurs :

  • Votre poids et votre taille (surface corporelle).
  • Votre type de maladie et le protocole de traitement.
  • Les résultats de vos analyses de sang (fonction de vos reins et de votre foie).
  • Les autres médicaments que vous prenez en association.

Combien de temps durera le traitement ?

La durée est très variable. Votre médecin vous donnera une estimation, mais elle pourra être ajustée en fonction de votre réponse au traitement et de sa tolérance.

  • En cancérologie, un protocole de chimiothérapie peut s'étaler sur plusieurs mois (par exemple, 6 cycles espacés de 3 semaines).
  • Pour les maladies auto-immunes, on parle souvent d'un "traitement d'induction" de 3 à 6 mois pour maîtriser la maladie, suivi d'un "traitement d'entretien" avec un autre médicament, moins fort.

3. Les Effets Secondaires : "Qu'est-ce que je vais ressentir ?"

C'est la section qui suscite le plus d'appréhension. Il est important de savoir que vous ne subirez pas forcément tous ces effets. Beaucoup peuvent être prévenus ou bien gérés. Votre équipe soignante est là pour vous aider à les traverser.

Effets secondaires très fréquents et fréquents

  • Nausées et vomissements :
    • C'est l'un des effets les plus redoutés, mais aujourd'hui très bien contrôlé. Des médicaments anti-nauséeux (antiémétiques) vous seront systématiquement prescrits. Prenez-les comme indiqué, parfois même avant que les nausées n'apparaissent.
  • Perte de cheveux (alopécie) :
    • Elle est fréquente, surtout avec les doses élevées utilisées en cancérologie. Elle commence généralement 2 à 3 semaines après le début du traitement. Cette perte concerne aussi les cils, les sourcils et les poils du corps.
    • Est-ce réversible ? Oui, absolument. Vos cheveux recommenceront à pousser 3 à 6 mois après la fin du traitement. Leur texture ou leur couleur peut être légèrement différente au début.
  • Fatigue intense :
    • Une fatigue profonde, qui ne disparaît pas avec le repos, est très courante. Acceptez-la. Écoutez votre corps, autorisez-vous des siestes, et essayez de maintenir une activité physique douce (comme la marche) qui peut paradoxalement aider à la combattre.
  • Baisse des globules sanguins (toxicité sur la moelle osseuse) :
    • Votre moelle osseuse est l'usine de fabrication de vos cellules sanguines. Le Cyclophosphamide la ralentit. Des prises de sang régulières (numération formule sanguine ou NFS) surveilleront ces taux.
    • Baisse des globules blancs (leucopénie/neutropénie) : Vos défenses immunitaires sont affaiblies, ce qui augmente le risque d'infections. C'est l'effet le plus important à surveiller. Les signes d'infection incluent : fièvre (> 38°C), frissons, mal de gorge, toux, brûlures en urinant.
    • Baisse des globules rouges (anémie) : Peut causer une pâleur, un essoufflement à l'effort, des vertiges et une majoration de la fatigue.
    • Baisse des plaquettes (thrombopénie) : Augmente le risque de saignements. Vous pourriez remarquer des "bleus" (ecchymoses) plus facilement, des saignements de nez ou des gencives qui saignent au brossage.
  • Perte d'appétit et altération du goût :
    • Les aliments peuvent avoir un goût métallique ou différent. Essayez de fractionner vos repas, de manger ce qui vous fait envie et de privilégier les aliments froids.
  • Infertilité (temporaire ou définitive) :
    • C'est une information capitale, en particulier pour les patients jeunes. Le Cyclophosphamide peut endommager les ovules et les spermatozoïdes. Ce risque dépend de votre âge et de la dose totale reçue.
    • Il est impératif de discuter de la préservation de la fertilité AVANT de commencer le traitement. Des options existent : congélation de sperme pour les hommes, congélation d'ovocytes ou d'embryons pour les femmes.

Effets secondaires spécifiques au Cyclophosphamide et importants à connaître

  • Toxicité pour la vessie (cystite hémorragique) :
    • C'est le risque le plus spécifique du Cyclophosphamide. En se dégradant dans le corps, le médicament produit un sous-produit toxique, l'acroléine, qui irrite la paroi de la vessie et peut la faire saigner.
    • Comment la prévenir ? C'est la raison pour laquelle on vous demandera de boire beaucoup d'eau (au moins 1,5 à 2 litres par jour) et d'uriner très fréquemment, y compris juste avant de vous coucher et si vous vous réveillez la nuit. Le but est de "laver" la vessie pour que l'acroléine n'y stagne pas. Lors des perfusions, un médicament protecteur (Mesna ou Uromitexan®) est souvent administré en même temps.
    • Signes d'alerte : Douleurs en urinant, besoin fréquent d'uriner, et surtout, la présence de sang dans les urines.
  • Risque de cancers secondaires :
    • À long terme (plusieurs années après la fin du traitement), la prise de Cyclophosphamide peut légèrement augmenter le risque de développer certains cancers, notamment des cancers du sang ou de la vessie. Ce risque, bien que faible, justifie un suivi médical régulier même après la fin du traitement.

4. Signaux d'Alarme : "Quand dois-je contacter mon équipe soignante ?"

Votre vigilance est essentielle. N'attendez pas. Contactez immédiatement votre médecin, l'hôpital de jour ou le service d'urgence si vous présentez l'un des symptômes suivants :

  • Fièvre de 38°C ou plus, avec ou sans frissons. C'est une urgence médicale potentielle.
  • Sang dans les urines ou douleur intense en urinant.
  • Difficultés à respirer, toux nouvelle ou essoufflement inhabituel.
  • Saignements (nez, gencives) qui ne s'arrêtent pas, ou apparition de nombreux "bleus" sans raison.
  • Vomissements incontrôlables qui vous empêchent de boire ou de prendre vos autres médicaments.
  • Diarrhée sévère (plus de 4 à 6 selles liquides par jour).

5. Interactions et Hygiène de Vie : "À quoi dois-je faire attention au quotidien ?"

  • Interactions médicamenteuses :
    • Informez toujours votre médecin et votre pharmacien de TOUS les médicaments que vous prenez : sur ordonnance, sans ordonnance, compléments alimentaires, vitamines, produits à base de plantes. Certains peuvent interférer avec le Cyclophosphamide.
    • Évitez de consommer du pamplemousse (fruit ou jus), qui peut modifier la concentration du médicament dans votre sang.
  • Vaccins :
    • Les vaccins "vivants" sont formellement interdits pendant le traitement et plusieurs mois après (ex: rougeole-oreillons-rubéole (ROR), fièvre jaune, varicelle).
    • Le vaccin contre la grippe (inactivé) est généralement recommandé. Discutez-en avec votre médecin.
  • Alimentation et hydratation :
    • L'hydratation est votre meilleure alliée pour protéger votre vessie. Ayez toujours une bouteille d'eau avec vous.
  • Grossesse et contraception :
    • Le Cyclophosphamide est très dangereux pour le fœtus (tératogène). La grossesse est donc strictement contre-indiquée.
    • Une contraception efficace est obligatoire pour les femmes en âge de procréer et pour les partenaires des hommes traités. Cette contraception doit être poursuivie pendant le traitement et plusieurs mois après son arrêt (votre médecin vous précisera la durée).
  • Exposition au soleil :
    • Votre peau peut devenir plus sensible au soleil. Utilisez une crème solaire à indice élevé, portez des vêtements couvrants et un chapeau.

Une note importante pour conclure :

Ces informations sont destinées à vous aider à mieux comprendre votre traitement et à vous préparer. Elles ne remplacent en aucun cas les conseils, les prescriptions et le suivi personnalisé de votre équipe soignante (médecin, oncologue, rhumatologue, pharmacien, infirmière). Chaque patient est unique. N'hésitez jamais à leur poser toutes vos questions, même celles qui vous semblent simples. Il n'y a pas de question "bête" quand il s'agit de votre santé.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
Voir le profil complet
Merci, et à très vite !
Oops! Merci de remplir votre adresse email.