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Bévacizumab : Une approche ciblée pour combattre le cancer

Publié le 
July 21, 2025
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  1. Le Bévacizumab est une thérapie ciblée par anticorps monoclonal qui bloque le VEGF, privant la tumeur de son apport sanguin pour ralentir sa croissance et renforcer l'efficacité de la chimiothérapie.
  2. Il est utilisé principalement dans plusieurs cancers avancés ou métastatiques, souvent en association avec une chimiothérapie, une immunothérapie ou une autre thérapie ciblée.
  3. Les effets secondaires fréquents incluent hypertension, fatigue, protéinurie, saignements mineurs et douleurs, généralement gérables, tandis que les complications graves exigent une vigilance immédiate (perforation gastro-intestinale, caillots, hémorragies, problèmes de cicatrisation).
  4. Le Bévacizumab est administré par perfusion intraveineuse en hospitalisation de jour, avec une fréquence toutes les 2 à 3 semaines, et la durée du traitement dépend de son efficacité et de sa tolérance.
  5. Des précautions capitales incluent l’interruption du traitement avant et après toute chirurgie ou soins dentaires, la surveillance régulière de la tension artérielle, la vigilance sur les interactions médicamenteuses, et une contraception stricte pendant et 6 mois après le traitement.

Bévacizumab (Avastin®, Mvasi®, Zirabev®) : Guide complet pour les patients et leurs proches

Recevoir un diagnostic de cancer et débuter un nouveau traitement est une épreuve remplie de questions et d'incertitudes. Si votre oncologue vous a parlé du Bévacizumab, vous vous demandez probablement ce que c'est, comment cela fonctionne et ce que cela implique pour vous au quotidien.

Cette fiche a été conçue pour vous apporter des réponses claires, pratiques et rassurantes. Elle a pour but de vous aider à mieux comprendre ce médicament, à vous préparer aux différentes étapes du traitement et à devenir un partenaire actif de vos soins. N'oubliez jamais que votre équipe soignante est votre meilleure alliée pour répondre à toutes vos interrogations personnelles.

1. C'est quoi, simplement ? (Le "Pitch" du Médicament)

Lorsqu'on entend le mot "traitement contre le cancer", on pense souvent à la chimiothérapie. Il est important de comprendre que le Bévacizumab est différent.

Ce que c'est : Une thérapie ciblée
Le Bévacizumab n'est pas une chimiothérapie classique. La chimiothérapie attaque toutes les cellules qui se divisent rapidement dans le corps, qu'elles soient cancéreuses ou saines (comme les cheveux, les cellules de la bouche ou de l'intestin), ce qui explique bon nombre de ses effets secondaires.
Le Bévacizumab, lui, est une thérapie ciblée. Cela signifie qu'il est conçu pour attaquer une cible précise liée au développement du cancer, un peu comme une clé conçue pour une seule serrure. C'est un anticorps monoclonal, une protéine de synthèse qui imite les anticorps de notre système immunitaire pour reconnaître et bloquer une molécule spécifique.

Comment ça marche : "Affamer" la tumeur
Pour grandir et se propager dans le corps (créer des métastases), une tumeur a besoin de nutriments et d'oxygène. Pour se les procurer, elle se comporte comme une petite usine en pleine croissance : elle a besoin de construire ses propres "routes d'approvisionnement". Ces routes sont de nouveaux vaisseaux sanguins. Ce processus s'appelle l'angiogenèse.
La tumeur envoie un signal chimique, une protéine appelée VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor), pour ordonner au corps de construire ces vaisseaux.
Le Bévacizumab agit en interceptant et en bloquant ce signal VEGF. En empêchant la construction de ces nouvelles routes, il "affame" littéralement la tumeur. Privée de son approvisionnement en sang, la tumeur ne peut plus grandir aussi vite, et sa capacité à se propager est freinée.

Le but : Ralentir la maladie et renforcer la chimiothérapie
Le principal objectif du Bévacizumab est de ralentir ou de stopper la progression du cancer. En affaiblissant la tumeur et en la rendant plus vulnérable, il permet souvent à la chimiothérapie ou à d'autres traitements associés d'être plus efficaces. Il agit en synergie, comme un travail d'équipe : le Bévacizumab coupe les vivres, et la chimiothérapie attaque les cellules affaiblies.

2. Pourquoi moi ? Dans quel cas est-il utilisé ? (Les Indications)

Le Bévacizumab n'est pas utilisé pour tous les cancers. Son efficacité a été démontrée dans des situations bien précises, généralement lorsque la maladie est à un stade avancé ou métastatique. Si ce traitement vous est proposé, c'est que votre type de cancer et son stade correspondent aux indications pour lesquelles il a prouvé son bénéfice.

Il est approuvé pour le traitement de plusieurs types de cancers, notamment :

  • Cancer colorectal métastatique
  • Cancer du poumon non à petites cellules (un type spécifique de cancer du poumon)
  • Cancer du rein métastatique
  • Cancer de l'ovaire (en situation de première ligne ou de récidive)
  • Cancer du col de l'utérus (persistant, récurrent ou métastatique)
  • Glioblastome (une forme agressive de tumeur cérébrale, en cas de récidive)

Précision importante : un traitement d'équipe

Un point essentiel à comprendre est que le Bévacizumab est presque toujours utilisé en association avec d'autres traitements. Vous ne le recevrez probablement pas seul. Il est le plus souvent combiné :

  • À une chimiothérapie (par exemple, des protocoles comme FOLFIRI, FOLFOX pour le cancer colorectal, ou des associations à base de platine pour le cancer du poumon).
  • Plus rarement, à une immunothérapie ou à une autre thérapie ciblée.

Cette stratégie d'association est logique : le Bévacizumab affaiblit la tumeur en bloquant son irrigation sanguine, tandis que la chimiothérapie s'attaque directement aux cellules cancéreuses. C'est une attaque sur deux fronts qui maximise les chances de contrôler la maladie.

3. Quels sont les effets secondaires ? (La préoccupation N°1)

C'est la question que se posent tous les patients, et c'est bien normal. Il est crucial d'être bien informé pour savoir quoi surveiller et quand alerter votre équipe soignante. La bonne nouvelle est que beaucoup d'effets secondaires sont bien connus, prévisibles et peuvent être gérés efficacement.

Il est utile de les classer en deux catégories : les plus fréquents et souvent gérables, et ceux, plus rares, qui nécessitent une attention immédiate.

A. Les effets secondaires fréquents mais souvent gérables

Ces effets ne sont pas systématiques, mais ils sont les plus couramment observés. Votre équipe médicale les anticipera et les surveillera de très près.

  • Hypertension artérielle : C'est l'effet secondaire le plus fréquent. Le blocage du VEGF peut affecter les vaisseaux sanguins dans tout le corps, ce qui peut faire monter la tension.
    • Ce qui sera fait : Votre tension sera systématiquement mesurée avant chaque perfusion. Votre médecin pourra vous prescrire des médicaments anti-hypertenseurs pour la contrôler. Il pourra aussi vous demander de la surveiller vous-même à la maison.
  • Fatigue (asthénie) : Une sensation de lassitude, d'épuisement, qui peut être plus intense que la fatigue habituelle. Elle est liée à la fois au cancer lui-même et au traitement.
    • Ce que vous pouvez faire : Écoutez votre corps. Accordez-vous des temps de repos, pratiquez une activité physique douce (comme la marche) si possible, et n'hésitez pas à demander de l'aide à vos proches pour les tâches quotidiennes.
  • Protéines dans les urines (protéinurie) : Le traitement peut affecter les petits filtres des reins, laissant passer des protéines dans les urines.
    • Ce qui sera fait : Cet effet est généralement sans symptôme pour vous. Il est détecté très simplement grâce à une analyse d'urine (souvent une bandelette) avant chaque séance. Si le taux de protéines devient trop élevé, votre médecin pourra décider de suspendre temporairement le traitement.
  • Saignements mineurs : Comme le Bévacizumab affecte les vaisseaux sanguins, de petits saignements sont courants.
    • Exemples : Saignements de nez (épistaxis), saignements des gencives en vous brossant les dents, apparition de petits bleus plus facilement.
    • Ce que vous pouvez faire : Utilisez une brosse à dents souple. En cas de saignement de nez, penchez la tête en avant et pincez le nez pendant quelques minutes. Informez-en votre équipe soignante si cela devient fréquent ou abondant.
  • Douleurs : Des douleurs articulaires, musculaires ou des maux de tête peuvent survenir. Votre médecin peut vous prescrire des antalgiques adaptés (comme le paracétamol) pour vous soulager.

B. Les effets secondaires plus rares mais graves (À SURVEILLER !)

Ces complications sont beaucoup moins fréquentes, mais il est capital de connaître leurs signaux d'alerte. Si vous ressentez l'un des symptômes suivants, vous ne devez pas attendre : contactez IMMÉDIATEMENT votre équipe soignante, le service d'oncologie ou, en cas d'urgence, le 15 (SAMU).

  • Perforation gastro-intestinale : C'est la complication la plus redoutée. Il s'agit d'un trou qui se forme dans la paroi de l'estomac ou de l'intestin.
    • Signaux d'alerte : Douleur abdominale soudaine, intense et sévère, qui ne passe pas ; vomissements ; fièvre ; ventre qui devient dur au toucher.
  • Caillots sanguins (thrombose veineuse ou embolie pulmonaire) : Le traitement peut augmenter le risque de formation de caillots dans les veines.
    • Signaux d'alerte :
    • Pour une thrombose dans la jambe (phlébite) : douleur, gonflement, rougeur et chaleur dans un mollet.
    • Pour une embolie pulmonaire (le caillot migre vers les poumons) : essoufflement brutal, douleur vive dans la poitrine (surtout à l'inspiration), toux (parfois avec du sang), sensation de malaise intense.
  • Hémorragies graves : Bien que les saignements mineurs soient courants, des saignements plus sérieux peuvent survenir.
    • Signaux d'alerte : Cracher du sang (hémoptysie), vomir du sang, avoir des selles noires et goudronneuses (signe de sang digéré), ou du sang rouge vif dans les selles.
  • Problèmes de cicatrisation : C'est une information capitale. En empêchant la formation de nouveaux vaisseaux, le Bévacizumab ralentit aussi le processus normal de cicatrisation.
    • Conséquence : Toute plaie, qu'elle soit chirurgicale ou accidentelle, mettra plus de temps à guérir et présentera un risque plus élevé d'infection ou de complications. C'est pourquoi le traitement doit être impérativement arrêté avant et après une intervention chirurgicale.

4. Comment ça se passe en pratique ? (Le Déroulement)

Savoir à quoi s'attendre le jour J peut grandement réduire l'anxiété. Le parcours de soin avec le Bévacizumab est très standardisé.

  • Mode d'administration : Le Bévacizumab est administré par perfusion intraveineuse (IV). Une infirmière placera un petit cathéter fin dans une veine de votre bras. Le produit s'écoulera ensuite lentement, goutte à goutte, depuis une poche de perfusion.
  • Le lieu : Le traitement se déroule à l'hôpital de jour, dans un service spécialisé où vous serez entouré d'autres patients et d'une équipe soignante expérimentée (infirmières, aides-soignantes, médecins). C'est un cadre conçu pour être le plus confortable possible.
  • Durée de la perfusion :
    • La toute première perfusion est souvent plus longue, durant environ 90 minutes. C'est une mesure de précaution pour surveiller l'apparition de toute réaction allergique (ce qui est rare).
    • Si tout se passe bien, les perfusions suivantes seront plus rapides, durant généralement entre 30 et 60 minutes.
  • Fréquence : Le rythme des perfusions dépend du protocole de chimiothérapie auquel le Bévacizumab est associé. Le plus souvent, il est administré toutes les 2 ou 3 semaines. Votre oncologue vous précisera le calendrier exact.
  • Durée du traitement : C'est une question fréquente. Il n'y a pas de durée fixe. Le Bévacizumab est généralement poursuivi "tant qu'il est efficace et bien toléré". Cela peut donc signifier un traitement sur une longue période (plusieurs mois, voire années), agissant comme un traitement d'entretien pour maintenir la maladie sous contrôle.

5. Quelles précautions dois-je prendre ? (La Vie au Quotidien)

Vivre avec le Bévacizumab demande quelques adaptations pour garantir votre sécurité. En étant bien informé, vous pouvez jouer un rôle clé dans la réussite de votre traitement.

  • Avant une opération chirurgicale ou des soins dentaires : L'INFORMATION CAPITALE
    C'est le point de vigilance le plus important. En raison du risque sur la cicatrisation, vous devez impérativement informer tout chirurgien, anesthésiste ou dentiste que vous êtes traité par Bévacizumab.
    • Le traitement doit être interrompu au moins 4 semaines AVANT une intervention chirurgicale programmée.
    • Il ne doit être repris qu'au moins 4 semaines APRÈS l'intervention, et seulement si la cicatrisation est jugée satisfaisante par le chirurgien. Cela s'applique aussi à des extractions dentaires ou des soins invasifs.
  • Surveillance à la maison : Votre participation est précieuse.
    • Tension artérielle : Votre médecin vous demandera peut-être de vous équiper d'un tensiomètre électronique pour surveiller votre tension chez vous. Notez les résultats dans un carnet et apportez-le à chaque consultation. Cela aide à ajuster parfaitement votre traitement anti-hypertenseur.
  • Interactions médicamenteuses :
    • Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : Soyez très prudent avec les médicaments comme l'Ibuprofène (Advil®, Nurofen®), le Kétoprofène (Profenid®) ou le Naproxène (Apranax®). Ils peuvent augmenter le risque de saignements et de complications gastro-intestinales (comme les perforations). Ne prenez jamais d'AINS sans l'avis formel de votre oncologue. Privilégiez le paracétamol pour la douleur, en respectant les doses.
    • Anticoagulants : Si vous prenez des médicaments pour fluidifier le sang, votre médecin sera particulièrement vigilant.
    • Règle d'or : Avant de prendre TOUT nouveau médicament, même vendu sans ordonnance, ou tout produit de phytothérapie, demandez l'avis de votre oncologue ou de votre pharmacien.
  • Grossesse et contraception : UNE PRÉCAUTION ABSOLUE
    Le Bévacizumab est extrêmement dangereux pour le fœtus, car il bloque la formation des vaisseaux sanguins essentiels à son développement.
    • Pour les femmes : Une contraception hautement efficace est obligatoire pendant toute la durée du traitement et doit être poursuivie pendant au moins 6 mois après la dernière dose.
    • Pour les hommes : Il est également conseillé d'utiliser une méthode de contraception efficace (préservatif) pendant le traitement et les 6 mois qui suivent, car le passage du produit dans le sperme n'est pas totalement exclu.

6. Comment saura-t-on si ça marche ? (L'Évaluation de l'Efficacité)

C'est la question porteuse d'espoir. Comment savoir si cette "faim" imposée à la tumeur porte ses fruits ? L'efficacité du traitement est évaluée de manière régulière et objective par votre équipe médicale.

  • Le suivi par imagerie médicale :
    C'est l'outil principal. À intervalles réguliers (souvent tous les 2 ou 3 mois), vous passerez un scanner (TDM) ou une IRM. Ces examens permettent de mesurer précisément la taille des tumeurs.
    • Le succès n'est pas seulement la réduction : Voir les tumeurs diminuer est bien sûr un excellent signe. Mais un autre objectif tout aussi important est la stabilisation de la maladie. Si les scanners montrent que les tumeurs ont arrêté de grossir, c'est une grande victoire. Cela signifie que le traitement remplit son rôle : il contrôle le cancer.
  • Les analyses de sang :
    • Marqueurs tumoraux : Pour certains cancers (comme le cancer colorectal avec le marqueur ACE), des analyses de sang permettent de suivre l'évolution d'un marqueur qui reflète l'activité de la maladie. Une baisse ou une stabilisation du marqueur est un bon indicateur.
    • Bilan général : Les prises de sang régulières servent aussi à vérifier que votre corps tolère bien le traitement (fonction des reins, du foie, etc.).
  • Votre état de santé général :
    Enfin, votre ressenti est un critère important. Une amélioration des symptômes liés au cancer (moins de douleurs, plus d'énergie, meilleur appétit) est aussi un signe que le traitement fonctionne.

En conclusion : un partenaire dans votre parcours

Le Bévacizumab est une arme thérapeutique intelligente et puissante dans l'arsenal contre le cancer. En ciblant spécifiquement le mécanisme d'approvisionnement des tumeurs, il offre une stratégie efficace pour freiner la maladie, souvent avec des effets secondaires différents et parfois mieux tolérés que ceux d'une chimiothérapie seule.

Vous et votre équipe soignante formez une équipe. Votre rôle est crucial : en connaissant votre traitement, en surveillant les signaux d'alerte et en communiquant ouvertement sur ce que vous ressentez, vous contribuez activement à votre sécurité et au succès de la thérapie.

Cette fiche a pour but de vous informer et de vous guider, mais elle ne remplace en aucun cas le dialogue essentiel et personnalisé avec votre oncologue et l'équipe soignante. Ils sont vos interlocuteurs privilégiés pour répondre à toutes vos questions et adapter le traitement à votre situation unique.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
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