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Comprendre votre traitement antiagrégant plaquettaire

Publié le 
July 21, 2025
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  1. Les antiagrégants plaquettaires servent à fluidifier le sang pour prévenir la formation de caillots, réduisant ainsi le risque d’infarctus, d’AVC ou de blocage de stent.
  2. Il est essentiel de ne JAMAIS arrêter ce traitement sans avis médical, car un arrêt brutal peut entraîner des complications graves.
  3. Les principaux médicaments sont l’acide acétylsalicylique (aspirine à faible dose), le clopidogrel, le prasugrel et le ticagrelor, souvent utilisés en monothérapie ou en double thérapie après un stent.
  4. La prise régulière, à la même heure chaque jour et souvent pendant un repas, optimise l’efficacité et limite les effets secondaires, avec des consignes précises en cas d’oubli de dose.
  5. Les principaux risques sont liés aux saignements ; il faut reconnaître les signes d’alerte (selles noires, vomissements sanglants, saignements importants) et informer tous les professionnels de santé du traitement en cours, notamment avant toute intervention.

Comprendre votre traitement antiagrégant plaquettaire

Recevoir une ordonnance pour un médicament que l'on ne connaît pas peut être source d'interrogations et d'inquiétudes. Si votre médecin vous a prescrit un "antiagrégant plaquettaire", sachez que vous n'êtes pas seul(e). Des millions de personnes dans le monde suivent ce type de traitement, qui est l'un des piliers de la protection cardiovasculaire.

Cette page a été conçue pour vous. L'objectif n'est pas de remplacer le dialogue avec votre médecin ou votre pharmacien, mais de vous donner des informations claires, pratiques et rassurantes pour vous aider à comprendre votre traitement, à bien le gérer au quotidien et à devenir un acteur de votre propre santé. Le langage est volontairement simple et direct, car le plus important est que vous vous sentiez en confiance et en sécurité.

1. L'Essentiel en quelques mots (Résumé pour les plus pressés)

Si vous manquez de temps, voici ce que vous devez absolument retenir :

  • À quoi ça sert ? Ce traitement sert à fluidifier votre sang pour empêcher la formation de caillots sanguins dangereux dans vos artères. L'objectif principal est de réduire votre risque de subir un infarctus du myocarde (crise cardiaque), un Accident Vasculaire Cérébral (AVC ou attaque cérébrale) ou d'éviter qu'un stent (petit ressort posé dans une artère) ne se bouche.
  • Comment ça marche ? Imaginez les plaquettes comme de petites cellules dans votre sang dont le rôle est de s'agglutiner pour former une croûte et arrêter un saignement. C'est un processus vital. Cependant, lorsqu'elles s'activent de façon anormale à l'intérieur d'une artère, elles peuvent créer un caillot (thrombus) qui bloque la circulation. Votre médicament rend simplement ces plaquettes moins "collantes" les unes aux autres, diminuant ainsi ce risque.
  • La règle d'or absolue : N'arrêtez JAMAIS votre traitement de vous-même, même pour un jour, sans en avoir parlé et obtenu l'accord explicite de votre médecin. L'arrêt prématuré, même bref, peut avoir des conséquences graves.

2. Pourquoi ce médicament m'a-t-il été prescrit ? (La raison de mon traitement)

Comprendre la raison de votre traitement est la première étape pour bien l'accepter et le suivre. Les antiagrégants plaquettaires sont prescrits dans des situations précises où le risque de formation d'un caillot est élevé. Voici les cas les plus fréquents :

  • Après un infarctus du myocarde (crise cardiaque) Un infarctus survient lorsqu'une artère du cœur (une artère coronaire) est bouchée par un caillot. Le muscle cardiaque n'est plus irrigué et se nécrose. Une fois l'artère débouchée, la paroi interne reste "abîmée" et constitue une zone à très haut risque de formation d'un nouveau caillot. L'antiagrégant plaquettaire est donc essentiel pour éviter une récidive, qui pourrait être encore plus sévère.
  • Après un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) ischémique L'AVC "ischémique" (le type le plus courant) est l'équivalent d'un infarctus, mais au niveau du cerveau. Un caillot bloque une artère cérébrale, privant une partie du cerveau d'oxygène. Pour éviter qu'un autre caillot ne se forme et ne provoque un nouvel AVC, un traitement antiagrégant est presque toujours prescrit à vie.
  • Après la pose d'un stent coronaire Un stent est un minuscule ressort métallique que le cardiologue déploie à l'intérieur d'une artère coronaire rétrécie pour la maintenir bien ouverte. Pour votre corps, ce stent est un objet étranger. La réaction naturelle de l'organisme est de tenter de "cicatriser" en formant un caillot dessus, ce qui boucherait brutalement le stent et l'artère : c'est la "thrombose de stent", un événement aussi grave qu'un infarctus. Pour empêcher cela, un traitement très puissant est VITAL. On prescrit alors non pas un, mais deux antiagrégants plaquettaires (c'est la "double antiagrégation"). Cette double thérapie est généralement nécessaire pendant plusieurs mois (souvent 6 à 12 mois), puis l'un des deux médicaments est arrêté, l'autre étant poursuivi à vie. Le respect scrupuleux de ce double traitement est la clé du succès de l'intervention.
  • En cas d'artérite des membres inférieurs (AOMI) L'AOMI est une maladie où les artères des jambes se bouchent progressivement à cause de l'athérosclérose. Cela peut provoquer des douleurs dans les mollets à la marche. En fluidifiant le sang, l'antiagrégant aide le sang à mieux circuler dans ces artères rétrécies et réduit le risque que la maladie ne s'aggrave ou ne se complique par la formation d'un caillot.
  • En prévention primaire Dans certains cas, même si vous n'avez jamais eu d'accident cardiovasculaire, votre médecin peut juger que votre risque est très élevé. C'est le cas si vous accumulez plusieurs facteurs de risque importants (diabète, hypertension artérielle, cholestérol élevé, tabagisme...). Le traitement antiagrégant est alors prescrit pour réduire la probabilité qu'un premier accident ne survienne.

3. Quels sont les médicaments concernés ? (Reconnaître mon médicament)

Il existe plusieurs molécules dans cette famille de médicaments. Il est utile de connaître le nom de la molécule (la Dénomination Commune Internationale ou DCI) et les noms commerciaux sous lesquels elle est vendue. Regardez votre boîte de médicament, ces deux noms y figurent.

  • Acide acétylsalicylique (le plus connu et le plus ancien)
    Utilisé à faible dose (généralement entre 75 et 160 mg par jour), il est différent de l'Aspirine utilisée pour la douleur ou la fièvre qui est beaucoup plus dosée.
    • Noms commerciaux courants : Kardegic®, Aspirine Protect®, Aspegic Nourrissons®, Resitune® et de nombreux génériques.
  • Clopidogrel
    Souvent prescrit en association avec l'aspirine après la pose d'un stent ou un infarctus, ou seul si l'aspirine est mal tolérée.
    • Nom commercial principal : Plavix®
    • Existe aussi sous de très nombreux noms de génériques (Clopidogrel + nom du laboratoire : Mylan, Teva, Sandoz, etc.).
  • Prasugrel
    Un antiagrégant plus puissant que le clopidogrel, utilisé dans des situations à très haut risque, notamment après un infarctus traité par la pose de stents. Il est toujours associé à l'aspirine.
    • Nom commercial : Efient®
  • Ticagrelor
    Un autre antiagrégant puissant, également prescrit en association avec l'aspirine après un syndrome coronarien aigu (infarctus, angor instable).
    • Nom commercial : Brilique®

4. Comment prendre mon traitement ? (Les questions pratiques du quotidien)

La régularité est la clé de l'efficacité. Adopter de bonnes habitudes dès le début vous aidera à ne jamais oublier votre traitement.

  • Quand le prendre ?
    Le plus important est de le prendre chaque jour, à peu près à la même heure. Que ce soit le matin ou le soir n'a généralement pas d'impact sur l'efficacité, choisissez le moment qui s'intègre le mieux à votre routine (au petit-déjeuner, au coucher...). Une exception notable : l'acide acétylsalicylique (Kardegic®, etc.) peut irriter l'estomac. Il est fortement recommandé de le prendre au milieu d'un repas pour limiter ce risque. Pour les autres, lisez la notice ou demandez conseil à votre pharmacien, mais la prise pendant un repas est souvent une bonne habitude.
  • Que faire si j'oublie une dose ?
    C'est la question la plus fréquente, et il ne faut pas paniquer. La règle est simple :
    • Si vous vous en rendez compte dans les 12 heures qui suivent l'heure habituelle de la prise, prenez la dose oubliée immédiatement et prenez la suivante à l'heure normale.
    • S'il est presque l'heure de la dose suivante (par exemple, vous vous rendez compte de votre oubli du matin le soir même), ne doublez surtout pas la dose pour compenser. Sautez la dose oubliée et reprenez simplement votre rythme normal le lendemain.
    • Dans le doute, un coup de fil à votre pharmacien vous donnera la réponse la plus sûre.
  • Pendant combien de temps devrai-je le prendre ?
    La durée du traitement est une décision médicale qui dépend entièrement de la raison pour laquelle il vous a été prescrit.
    • Double antiagrégation (aspirine + un autre) : Généralement de 1 à 12 mois après un stent ou un infarctus. Votre cardiologue vous précisera la durée exacte et le moment où arrêter l'un des deux.
    • Antiagrégant seul (monothérapie) : Très souvent, le traitement est prescrit à vie. C'est une protection au long cours contre les maladies cardiovasculaires.

5. Quels sont les effets secondaires et les risques ? (La partie qui inquiète)

Il est normal de s'inquiéter des effets indésirables. Votre traitement a pour but de fluidifier le sang, il est donc logique que le principal risque soit lié aux saignements. Il faut savoir distinguer les petits désagréments sans gravité des signaux d'alerte qui doivent vous faire réagir.

Effets secondaires courants et généralement peu graves :

Ces signes montrent que le médicament agit. Ils sont le plus souvent bénins et ne doivent pas vous pousser à arrêter le traitement.

  • Tendance à avoir des bleus (ecchymoses) : Vous remarquerez peut-être des bleus sur votre corps, même après un choc minime dont vous ne vous souvenez pas. C'est l'effet le plus fréquent et il est sans danger.
  • Saignements légers qui durent plus longtemps :
    • Une petite coupure en cuisinant ou en vous rasant saignera un peu plus longtemps que d'habitude. Comprimez la plaie fermement pendant quelques minutes et cela devrait s'arrêter.
    • Un saignement des gencives en vous brossant les dents est possible. Utilisez une brosse à dents souple.
    • Des saignements de nez (épistaxis) légers et occasionnels.
  • Maux d'estomac ou nausées : Principalement avec l'aspirine. Prenez-la bien au milieu du repas pour protéger votre estomac. Si cela persiste, parlez-en à votre médecin, qui pourra vous prescrire un protecteur gastrique ou changer de molécule.

Signes d'alerte qui nécessitent de contacter un médecin RAPIDEMENT :

Ces signes sont rares, mais vous devez les connaître pour réagir vite. Ils peuvent indiquer un saignement interne sérieux.

  • Saignements anormaux et inhabituels :
    • Selles noires, poisseuses et nauséabondes, comme du goudron : C'est le signe principal d'un saignement dans l'estomac ou l'intestin.
    • Vomissements de sang rouge ou d'aspect "marc de café" (brun/noir).
    • Urine rouge ou marron foncé.
    • Saignement de nez très abondant qui ne s'arrête pas après 10 minutes de compression.
    • Crachats contenant du sang.
    • Tout saignement important qui ne s'arrête pas après une compression prolongée.
  • Autres signes de gravité (contactez le 15 ou le 112 sans attendre) :
    • Un mal de tête soudain, intense, "en coup de tonnerre", inhabituel.
    • L'apparition brutale de troubles de la vision, de la parole, de l'équilibre, ou une faiblesse d'un côté du corps (bras ou jambe). Ce sont des signes potentiels d'AVC, qui peut être hémorragique sous traitement.
    • Une éruption cutanée importante ou un gonflement du visage, qui peuvent signer une réaction allergique.

6. Interactions et précautions : ce qu'il faut savoir

Votre traitement peut interagir avec d'autres substances. Pour votre sécurité, vous devez devenir le gardien de votre traitement et informer tous les professionnels de santé.

  • La phrase à retenir : "Je prends un traitement antiagrégant plaquettaire."
    Dites-la systématiquement à tout professionnel de santé que vous consultez :
    • Votre médecin traitant
    • Tout médecin spécialiste (dentiste, rhumatologue, gastro-entérologue...)
    • Votre pharmacien (avant d'acheter tout médicament, même sans ordonnance)
    • Votre biologiste (lors d'une prise de sang)
    • Votre anesthésiste et votre chirurgien
    • Votre kinésithérapeute, podologue ou infirmier(e).
  • L'ennemi N°1 : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
    C'est l'interaction la plus fréquente et la plus dangereuse. Les AINS (Ibuprofène, Kétoprofène, Diclofénac, etc.) augmentent considérablement le risque de saignement digestif et d'ulcère lorsqu'ils sont associés à un antiagrégant.
    • ÉVITEZ L'AUTOMÉDICATION avec ces produits.
    • Noms à connaître : Ibuprofène (Advil®, Nurofen®, Spedifen®), Kétoprofène (Profénid®, Ketum®), Diclofénac (Voltarène®, Flector®).
    • En cas de douleur ou de fièvre, le paracétamol (Doliprane®, Dafalgan®, Efferalgan®) est le médicament le plus sûr. Respectez les doses maximales.
  • Chirurgie ou soins dentaires
    Si une intervention chirurgicale, même mineure (comme une extraction dentaire), est programmée, il est impératif de prévenir le chirurgien et l'anesthésiste bien à l'avance (plusieurs semaines si possible). Ils évalueront le risque de saignement de l'opération par rapport au risque de caillot si on arrête le traitement. Ils vous donneront des instructions précises sur la conduite à tenir : s'il faut arrêter le traitement, combien de jours avant, et surtout, quand le reprendre après. Ne décidez JAMAIS d'arrêter par vous-même en prévision d'un soin.
  • Plantes et compléments alimentaires
    "Naturel" ne veut pas dire "sans risque". Certaines plantes et compléments peuvent fluidifier le sang et majorer l'effet de votre traitement, augmentant le risque de saignement. Soyez vigilant avec :
    • Le Ginkgo biloba
    • L'ail et le curcuma à fortes doses (en gélules)
    • Les fortes doses d'Oméga-3
    • Le millepertuis (qui peut diminuer l'efficacité de certains antiagrégants)
    Parlez de tout complément que vous prenez ou souhaitez prendre à votre médecin ou pharmacien.
  • Alcool
    Une consommation excessive d'alcool irrite la paroi de l'estomac et augmente le risque de saignement. Associé à un antiagrégant, ce risque est démultiplié. Une consommation modérée et occasionnelle (un verre de vin au cours d'un repas, par exemple) est généralement considérée comme possible, mais il est préférable d'en discuter franchement avec votre médecin.

Foire Aux Questions (FAQ)

Puis-je faire du sport ?

Oui, et c'est même fortement recommandé ! L'activité physique est excellente pour le cœur et les artères. Cependant, soyez plus prudent. Privilégiez les sports d'endurance (marche rapide, vélo, natation) et soyez vigilant avec les sports de contact (boxe, rugby) ou à haut risque de chute (ski, VTT en terrain accidenté) où un traumatisme pourrait causer un saignement plus important. Le port de protections peut être judicieux.

Pourquoi me prescrit-on deux antiagrégants en même temps ?

C'est ce qu'on appelle la "double antiagrégation plaquettaire" (ou DAPT). On l'utilise dans les situations les plus à risque, comme les mois suivant un infarctus ou la pose d'un stent. L'aspirine et l'autre antiagrégant (clopidogrel, prasugrel ou ticagrelor) agissent sur les plaquettes par deux mécanismes différents. Leur association a un effet bien plus puissant et protecteur que chaque médicament pris seul. C'est une stratégie très efficace pour éviter une complication grave au début.

Que faire en cas de petite coupure ?

Ne paniquez pas. Le saignement sera probablement un peu plus long que d'habitude, c'est normal.

  1. Nettoyez la plaie à l'eau et au savon.
  2. Comprimez fermement et de manière continue la plaie avec une compresse propre ou un tissu pendant au moins 5 à 10 minutes. N'enlevez pas la compresse pour vérifier toutes les 30 secondes.
  3. Si possible, surélevez le membre atteint (bras ou jambe).
  4. Si après 15 minutes de compression continue, le saignement est toujours actif, il est plus prudent de consulter un médecin ou de se rendre aux urgences.

Est-ce que ce traitement va me fatiguer ?

Les antiagrégants plaquettaires en eux-mêmes ne sont généralement pas une cause directe de fatigue. Cependant, la maladie pour laquelle ils vous ont été prescrits (un infarctus, un AVC) peut, elle, entraîner une fatigue importante. Si vous ressentez une fatigue anormale et persistante, parlez-en à votre médecin. Il pourra vérifier que vous ne souffrez pas d'une anémie (manque de globules rouges), qui pourrait être due à de petits saignements passés inaperçus.

Prendre un traitement au long cours est un engagement. En comprenant son utilité, en connaissant les gestes du quotidien et en sachant identifier les rares signaux d'alerte, vous mettez toutes les chances de votre côté pour vivre bien et longtemps, en toute sécurité. Votre traitement est votre allié, votre bouclier. Prenez-en soin, comme il prend soin de vous.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
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