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Tout savoir sur le toucher rectal pour mieux se préparer

Publié le 
July 22, 2025
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  1. Le toucher rectal est un examen rapide, simple et informatif, permettant d'explorer la prostate chez l'homme, le plancher pelvien chez la femme, ainsi que le canal anal et le bas rectum chez tous.
  2. L'examen ne nécessite aucune préparation particulière, dure généralement moins d'une minute, et est plutôt source de gêne que de douleur si effectué correctement.
  3. Le doigt médical palpe les parois internes à la recherche d'anomalies telles que nodules prostatiques, masses tumorales, hémorroïdes ou fissures, orientant ainsi vers des examens complémentaires si besoin.
  4. Le consentement éclairé est indispensable : le patient doit être informé du déroulement et des objectifs, et peut refuser l'examen ou discuter des alternatives avec son médecin.
  5. Le toucher rectal est un geste médical courant, pratiqué avec souci d'hygiène et respect de la pudeur, essentiel pour le diagnostic et le suivi de plusieurs pathologies.

Le mot seul suffit souvent à provoquer une réaction : appréhension, pudeur, anxiété. Le toucher rectal est l'un de ces examens médicaux entourés de tabous et de questions. Pourtant, il s'agit d'un geste clinique simple, extrêmement rapide et riche d'informations précieuses pour votre santé. Si votre médecin vous l'a proposé, il est naturel que vous vous posiez des questions.

Cet article est conçu pour y répondre, sans détour et avec bienveillance. Notre objectif est de lever le voile sur cet examen, de démystifier son déroulement et de vous donner toutes les clés pour l'aborder de manière sereine et informée. Car comprendre, c'est déjà se rassurer.

1. La Question Fondamentale : "Pourquoi dois-je faire cet examen ?"

C'est la première et la plus légitime des interrogations. Le toucher rectal n'est jamais un examen de "routine" effectué au hasard. Il est prescrit dans un but précis, lorsque votre médecin cherche à obtenir des informations qu'aucun autre examen simple ne peut fournir aussi directement. C'est un outil de diagnostic de première ligne, un peu comme un stéthoscope pour le cœur ou un otoscope pour les oreilles. Il permet au médecin de "voir avec ses doigts" une zone anatomique autrement inaccessible à l'examen externe.

Les objectifs varient selon le sexe et les symptômes présentés.

Pour les hommes : L'évaluation de la prostate

C'est l'indication la plus connue. La prostate est une petite glande de la taille d'une châtaigne, située juste sous la vessie et en avant du rectum. Sa position la rend parfaitement palpable lors d'un toucher rectal. Le médecin cherche à évaluer plusieurs paramètres clés :

  • La taille : Avec l'âge, la prostate a tendance à grossir. Une augmentation de volume peut signaler une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), une affection très fréquente et non cancéreuse qui peut causer des troubles urinaires (difficultés à uriner, envies fréquentes, etc.).
  • La consistance : Une prostate saine est souple et élastique. Si le médecin sent une consistance dure, pierreuse, ou irrégulière, cela peut l'alerter.
  • La présence de nodules : Le but principal est de rechercher un ou plusieurs nodules (petites masses dures) à la surface de la glande. La présence d'un nodule suspect est le principal signe pouvant évoquer un cancer de la prostate. Le toucher rectal est alors un examen de dépistage fondamental, souvent associé à une prise de sang (dosage du PSA).

En résumé, pour la prostate, le toucher rectal est un geste irremplaçable qui donne des informations directes sur la texture et la morphologie de la glande.

Pour les femmes : Un complément à l'examen gynécologique

Chez la femme, le toucher rectal est moins systématique mais peut s'avérer très utile en complément de l'examen gynécologique (toucher vaginal). Il permet d'explorer des zones difficiles d'accès.

  • Palpation de la paroi arrière du vagin et du col de l'utérus : Il permet d'évaluer la cloison recto-vaginale à la recherche d'anomalies, comme des nodules liés à l'endométriose.
  • Évaluation de l'utérus et des ovaires : En particulier si l'utérus est "rétroversé" (basculé vers l'arrière), le toucher rectal peut aider à mieux le palper. Il peut aussi aider à identifier une masse ou une douleur anormale au niveau des ovaires ou des ligaments utérins.
  • Évaluation du plancher pelvien : Il permet de tester la tonicité des muscles du périnée, ce qui est pertinent en cas de troubles de la statique pelvienne (descentes d'organes) ou de douleurs pelviennes chroniques.

Pour tous : L'examen du canal anal et du bas rectum

Cette indication concerne aussi bien les hommes que les femmes. Le toucher rectal est l'examen de référence pour explorer les derniers centimètres du tube digestif.

  • Recherche de la cause de saignements (rectorragies) : C'est une indication très fréquente. Le médecin peut identifier des hémorroïdes internes, une fissure anale (petite déchirure très douloureuse) ou un polype.
  • Recherche de tumeurs : Il permet de détecter une éventuelle tumeur du bas rectum ou du canal anal. Une masse dure et bourgeonnante peut être palpée directement.
  • Évaluation de la douleur anale : En cas de douleur, l'examen permet de localiser précisément l'origine (fissure, abcès, etc.).
  • Vérification du tonus du sphincter anal : C'est une information cruciale en cas d'incontinence fécale (le médecin évalue la force de contraction du sphincter) ou de constipation terminale (difficulté à évacuer les selles).
  • En cas de constipation : L'examen peut révéler la présence d'un "fécalome" (bouchon de selles dures bloquées dans le rectum) qui explique l'obstruction.

2. Le Déroulement Concret : "Comment ça va se passer, étape par étape ?"

La peur de l'inconnu est un facteur majeur de stress. Savoir exactement ce qui va se passer, du début à la fin, est extrêmement rassurant. Le processus est standardisé, rapide et pensé pour minimiser votre inconfort.

Avant l'examen : Une préparation minimale

Soyons clairs : aucune préparation compliquée n'est nécessaire.

  • Pas besoin d'être à jeun. Vous pouvez manger et boire normalement avant votre rendez-vous.
  • Pas besoin de lavement. Le médecin n'a pas besoin que votre rectum soit parfaitement vide. La présence de selles n'est absolument pas un problème et n'entrave pas l'examen.
  • Le seul conseil pratique : Il est souvent plus confortable de vider sa vessie juste avant l'examen, car la pression sur la prostate (chez l'homme) ou l'utérus (chez la femme) peut donner une fausse envie d'uriner.

L'installation : Trouver la position la plus confortable

Le médecin vous expliquera la procédure et vous demandera de vous déshabiller (uniquement le bas). Il vous proposera ensuite de vous installer dans l'une des positions suivantes, en vous expliquant laquelle est la plus adaptée à votre situation :

  1. Allongé sur le côté, en "chien de fusil" : C'est la position la plus courante et souvent perçue comme la plus respectueuse de l'intimité. Vous êtes allongé sur le côté (gauche le plus souvent), les genoux repliés vers la poitrine.
  2. Debout, penché en avant : Vous êtes debout et vous vous penchez pour vous appuyer avec les coudes sur la table d'examen. Cette position est souvent utilisée par les urologues car elle facilite l'accès à la prostate.
  3. En position gynécologique : Pour les femmes, l'examen peut être réalisé sur la même table et dans la même position que pour un frottis, les pieds dans les étriers. Cela permet souvent de coupler le toucher rectal au toucher vaginal.

Votre médecin vous guidera et s'assurera que vous êtes le plus détendu possible.

L'acte en lui-même : Un geste précis et rapide

Une fois que vous êtes installé, les étapes sont très simples et rapides :

  1. Le médecin met un gant à usage unique.
  2. Il dépose une quantité généreuse de gel lubrifiant sur son index. Ce point est essentiel : le lubrifiant est là pour que l'introduction soit douce et pour éliminer toute sensation de frottement ou de brûlure.
  3. Il écarte délicatement les fesses et pose son doigt à l'entrée de l'anus pour signaler sa présence et laisser le temps au sphincter de se relâcher.
  4. Il introduit alors doucement et progressivement son doigt dans le canal anal.
  5. Il peut vous demander de respirer profondément, de vous détendre, ou de "pousser comme pour aller à la selle". Cet effort permet de relaxer le sphincter anal et facilite grandement l'examen.
  6. Le médecin effectue alors une rotation douce de son doigt pour palper à 360 degrés les parois du rectum et, le cas échéant, la prostate ou la paroi vaginale.
  7. Le retrait du doigt est tout aussi doux. Le médecin essuie ensuite la région avec un papier absorbant et vous laisse vous rhabiller en toute tranquillité.

La durée : Un point crucial pour votre sérénité

C'est peut-être l'information la plus importante pour apaiser vos craintes : l'examen en lui-même est extrêmement rapide. Une fois le doigt introduit, la palpation dure en général moins de 30 secondes. Parfois jusqu'à une minute si une zone spécifique nécessite plus d'attention. C'est plus court que le temps qu'il faut pour prendre votre tension. Garder cette très courte durée en tête aide à relativiser l'appréhension.

3. La Sensation et la Douleur : "Est-ce que ça fait mal ?"

C'est la crainte numéro un. La réponse honnête et précise est la suivante : un toucher rectal, lorsqu'il est réalisé correctement sur une zone non pathologique, n'est pas censé être douloureux.

Gêne ou douleur ? Décrire la sensation

Il est plus juste de parler de gêne ou d'inconfort que de douleur. La plupart des patients décrivent :

  • Une sensation de pression dans le rectum.
  • Une sensation d'avoir envie d'aller à la selle, ce qui est tout à fait normal puisque le doigt stimule les mêmes récepteurs.

Cette sensation est passagère et disparaît dès la fin de l'examen. Elle peut être surprenante la première fois, mais elle n'est pas douloureuse.

Un examen normalement indolore

Si une douleur vive apparaît, ce n'est pas "normal" au sens où ce ne devrait pas être le cas, mais c'est une information diagnostique capitale pour le médecin. Si vous ressentez une douleur aiguë, vous devez le signaler immédiatement. Cela peut orienter le diagnostic vers une fissure anale (douleur très vive au passage du doigt), un abcès, ou une inflammation importante (prostatite aiguë). Votre ressenti est un élément clé de l'examen.

Le rôle clé de la relaxation

Votre état de contraction musculaire joue un rôle immense dans la sensation perçue. Plus vous serez tendu et crispé, plus le sphincter anal sera contracté, et plus l'introduction du doigt pourra être inconfortable. À l'inverse, plus vous parvenez à vous détendre, plus l'examen sera facile et indolore.

Conseil pratique : Pendant que le médecin se prépare, concentrez-vous sur votre respiration. Inspirez profondément par le nez et soufflez lentement par la bouche. Lorsque le médecin introduit son doigt, continuez de souffler doucement. Cette technique simple aide à relaxer les muscles du périnée et rend l'examen beaucoup plus aisé.

4. Les Résultats : "Qu'est-ce qui se passe après ?"

L'examen est terminé. La suite est tout aussi importante : que va-t-on apprendre et quelles sont les prochaines étapes ?

Des premières indications immédiates

L'un des grands avantages du toucher rectal est que le médecin obtient des informations en temps réel. Dans la majorité des cas, il pourra vous donner ses premières conclusions juste après que vous vous soyez rhabillé.

  • Si tout est normal, il pourra vous rassurer immédiatement : "La prostate est souple et de taille normale", "Je n'ai senti aucune masse anormale", "Les hémorroïdes ne sont pas proéminentes". C'est un soulagement immédiat.
  • S'il a perçu une anomalie, il vous l'expliquera simplement : "Je sens que la prostate est augmentée de volume, ce qui correspond à une hypertrophie bénigne", ou "J'ai perçu un petit nodule dur, nous allons devoir faire des examens complémentaires pour savoir de quoi il s'agit".

Une pièce du puzzle diagnostique

Il est crucial de comprendre que le toucher rectal est souvent une étape et non une finalité. Il est rare qu'un diagnostic définitif soit posé uniquement sur cet examen. Il sert surtout à orienter la suite de la prise en charge. En fonction de ce que le médecin a senti (ou non), il pourra vous proposer :

  • Une prise de sang (dosage du PSA) : Si un nodule prostatique est suspecté, le dosage du PSA (Antigène Spécifique de la Prostate) est indispensable.
  • Une échographie : Une échographie de la prostate (par voie endorectale) ou une échographie pelvienne (pour les femmes) permet de visualiser les organes, de mesurer précisément leur taille et d'analyser leur structure.
  • Une coloscopie ou une rectoscopie : Si une anomalie du rectum a été sentie ou si des saignements sont inexpliqués, un examen avec une caméra (endoscopie) sera nécessaire pour visualiser la paroi interne du côlon et du rectum.
  • Une biopsie : Si un nodule suspect de cancer (prostate, rectum) est identifié, seul le prélèvement d'un petit morceau de tissu (biopsie) permettra de confirmer ou d'infirmer le diagnostic.

Le toucher rectal agit donc comme un "aiguilleur" : il évite des examens inutiles si tout est normal, et il guide vers les examens les plus pertinents si une anomalie est détectée.

5. Les Questions Pratiques et de Pudeur : Aborder les derniers tabous

Au-delà de l'aspect purement médical, des préoccupations légitimes liées à l'intimité et au cadre de l'examen peuvent subsister.

Qui réalise le toucher rectal ?

Cet examen peut être pratiqué par différents professionnels de santé, en fonction du contexte :

  • Le médecin généraliste : Il est souvent le premier à le réaliser, dans le cadre d'un dépistage ou face à des symptômes évocateurs.
  • L'urologue : C'est le spécialiste de l'appareil urinaire et génital masculin. L'examen de la prostate fait partie intégrante de sa pratique.
  • Le gastro-entérologue / proctologue : C'est le spécialiste des maladies de l'appareil digestif et de la région ano-rectale. C'est son examen de prédilection.
  • Le gynécologue : Il peut le pratiquer en complément de l'examen gynécologique.
  • Le médecin urgentiste : En cas de douleurs abdominales ou anales aiguës.

Votre corps, votre accord : le consentement éclairé

C'est un principe non négociable en médecine : aucun acte ne peut être pratiqué sans votre consentement libre et éclairé. Votre médecin a l'obligation de vous expliquer pourquoi il juge cet examen nécessaire, comment il va se dérouler et ce qu'il en attend. Il doit vous demander votre accord avant de commencer. Vous avez le droit de poser toutes les questions que vous souhaitez et de prendre un temps de réflexion.

Le droit de refuser et les alternatives

Vous avez le droit de refuser un examen médical. Si vous n'êtes vraiment pas à l'aise, parlez-en ouvertement à votre médecin. Il pourra discuter avec vous des alternatives possibles. Cependant, il est important d'être conscient de leurs limites :

  • Pour la prostate, par exemple, une échographie ou une IRM peuvent donner des informations sur la taille et la forme, mais ne remplacent pas la sensation de la palpation qui est unique pour évaluer la consistance (souple, dure) de la glande. Un cancer débutant peut être invisible à l'imagerie mais palpable.
  • Le dialogue avec votre médecin est la meilleure approche pour trouver un compromis entre votre confort et la nécessité diagnostique.

La question de l'hygiène : une préoccupation légitime, mais infondée

Beaucoup de patients s'inquiètent de ne pas être "assez propres" pour l'examen. Soyez totalement rassuré sur ce point. Les médecins réalisent cet acte des dizaines de fois par semaine. Pour eux, c'est un geste médical comme un autre, qui se concentre sur l'anatomie et la palpation. La présence de selles est normale et attendue, et ne pose absolument aucun problème. Votre médecin porte des gants, utilise du papier pour nettoyer, et son unique préoccupation est votre santé. Ne laissez jamais cette inquiétude être un frein à un examen qui pourrait être vital.

Conclusion : Un petit geste pour une grande information

Le toucher rectal, malgré sa réputation, est un examen médical d'une grande valeur. Il est :

  • Informatif : Il fournit des renseignements uniques et directs sur la santé de votre prostate, de votre rectum ou de votre sphère pelvienne.
  • Rapide : Il dure moins d'une minute.
  • Simple : Il ne nécessite aucune préparation.
  • Généralement indolore : Il provoque une gêne passagère, mais pas de douleur.

L'anxiété qui l'entoure est compréhensible, mais elle est principalement nourrie par l'inconnu et les tabous. En comprenant pourquoi il est fait, comment il se déroule et ce que l'on peut en attendre, il est possible de l'aborder avec beaucoup plus de calme.

N'oubliez jamais que cet examen est réalisé dans un seul et unique but : prendre soin de vous. La communication est votre meilleur allié. Discutez avec votre médecin, exprimez vos craintes. Un patient informé est un patient acteur de sa santé, capable de prendre des décisions éclairées pour son bien-être. Ce petit geste, qui ne dure qu'un instant, peut faire toute la différence.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
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