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Guide complet sur la pH-impédancemétrie œsophagienne

Publié le 
July 22, 2025
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  1. La pH-impédancemétrie est un examen de 24h qui mesure tous les types de reflux œsophagiens (acide, peu acide, non acide, gazeux) à l’aide d’une sonde fine insérée par le nez.
  2. Elle est prescrite notamment pour explorer des symptômes typiques ou atypiques de reflux résistants aux traitements, ou avant une chirurgie anti-reflux.
  3. Cet examen complète la pH-métrie simple et l’endoscopie, car il mesure fonctionnellement le reflux sur une longue période, et pas seulement son impact ou la présence d’acidité.
  4. Le déroulement comprend une préparation stricte (arrêt des anti-acides, jeûne), une pose de sonde courte mais inconfortable, 24h de vie quasi normale avec enregistrement des symptômes, puis un retrait simple et rapide.
  5. Les résultats analysés par le médecin permettent de lier précisément épisodes de reflux et symptômes, guidant ainsi un diagnostic précis et un traitement adapté, malgré quelques désagréments temporaires et un très faible risque de complications.

Votre médecin vous a prescrit une pH-impédancemétrie œsophagienne et, comme beaucoup de patients, vous avez probablement de nombreuses questions. C'est tout à fait normal. L'idée de garder une sonde dans le nez et la gorge pendant 24 heures peut sembler intimidante.

Rassurez-vous. Cet article est conçu pour vous accompagner, répondre à toutes vos interrogations de manière claire et honnête, et vous montrer pourquoi cet examen, bien que contraignant, est un outil de diagnostic extraordinairement puissant. Il est souvent la clé pour enfin mettre un nom sur vos symptômes et trouver le traitement qui vous soulagera durablement.

Partie 1 : Les Fondamentaux – Le "Quoi" et le "Pourquoi"

Avant de nous plonger dans les détails pratiques, il est essentiel de comprendre en quoi consiste cet examen et pourquoi il est si important pour votre prise en charge.

1. Qu'est-ce que la pH-impédancemétrie ? (Expliqué simplement)

Imaginez que votre médecin veuille comprendre un problème cardiaque. Il vous prescrirait probablement un Holter, cet appareil qui enregistre l'activité de votre cœur pendant 24 heures. La pH-impédancemétrie, c'est exactement le même principe, mais pour votre œsophage.

L'analogie à retenir : C'est un "Holter de 24h pour l'œsophage".

Concrètement, l'examen consiste à mesurer et à enregistrer, sur une journée et une nuit complètes, tout ce qui se passe à l'intérieur de votre œsophage. Il ne se contente pas de détecter l'acide ; il détecte tout :

  • Le reflux liquide : Qu'il soit acide ou non.
  • Le reflux gazeux : Comme les rots ou les éructations.
  • La nature du reflux : Acide, peu acide ou non acide (alcalin).

Le matériel utilisé :
L'équipement se compose de deux éléments principaux :

  1. Une sonde très fine et flexible : D'un diamètre d'à peine 2 millimètres (plus fine qu'un spaghetti), cette sonde est introduite en douceur par une narine, descend dans l'arrière-gorge et se positionne dans votre œsophage. Elle est dotée de capteurs miniatures qui effectuent les mesures.
  2. Un petit boîtier d'enregistrement : La sonde est connectée à ce boîtier, de la taille d'un smartphone, que vous porterez en bandoulière ou à la ceinture. C'est le "cerveau" de l'opération : il collecte et stocke toutes les données pendant 24 heures.

Le but ultime est de créer une chronologie précise de l'activité de votre œsophage et, surtout, de la corréler avec les symptômes que vous ressentez au quotidien.

2. Pourquoi mon médecin me demande-t-il de passer cet examen ?

Si votre médecin vous oriente vers une pH-impédancemétrie, ce n'est jamais par hasard. C'est qu'il a besoin d'informations très précises que seul cet examen peut fournir. Voici les situations les plus courantes :

  • Pour comprendre des symptômes de reflux "typiques" qui résistent au traitement :
    Vous souffrez de brûlures d'estomac (pyrosis) ou de régurgitations acides (RGO - Reflux Gastro-Œsophagien) depuis des mois, voire des années. Vous avez essayé des médicaments anti-acides (comme l'Omeprazole, le Pantoprazole, l'Esoméprazole...), mais ils ne vous soulagent que partiellement, voire pas du tout. La pH-impédancemétrie permettra de savoir si vos symptômes sont causés par un reflux qui n'est pas acide, et que les médicaments actuels ne peuvent donc pas traiter.
  • Pour investiguer des symptômes "atypiques" et trouver le coupable :
    Le reflux ne se manifeste pas toujours par des brûlures d'estomac. Il peut être le responsable caché de nombreux autres maux. Cet examen est crucial pour confirmer ou infirmer le lien entre le reflux et :
    • Une toux chronique qui ne s'explique pas par une cause pulmonaire ou allergique.
    • Un mal de gorge persistant, une sensation de "gorge serrée" ou de corps étranger.
    • Un enrouement fréquent ou une voix qui se fatigue vite (dysphonie).
    • Des douleurs thoraciques qui ont été évaluées par un cardiologue et ne sont pas d'origine cardiaque.
    • Des problèmes ORL à répétition (laryngites, pharyngites).
    • De l'asthme qui est difficile à contrôler.
    • Des problèmes dentaires (érosion de l'émail).
  • Avant une décision thérapeutique majeure, comme une chirurgie anti-reflux :
    Si vos symptômes sont sévères et que l'option chirurgicale est envisagée, il est impératif de prouver de manière objective que le reflux est bien la cause de vos souffrances. La pH-impédancemétrie est l'examen de référence pour confirmer le diagnostic et s'assurer que l'opération sera bénéfique pour vous. C'est une étape de sécurité indispensable.

3. Quelle est la différence avec une simple pH-métrie ou une endoscopie ?

Vous avez peut-être déjà passé d'autres examens. Il est important de comprendre en quoi celui-ci est différent et complémentaire.

  • pH-impédancemétrie vs. pH-métrie simple :
    Pensez-y de cette façon : la pH-métrie simple est comme une photographie en noir et blanc. Elle ne voit qu'une seule chose : l'acide. Elle peut vous dire si vous avez du reflux acide, mais elle est aveugle à tout le reste.
    La pH-impédancemétrie, elle, est une photographie en couleur et en haute définition. Elle détecte tous les types de reflux : acide, peu acide et non acide (gazeux ou liquide). C'est fondamental, car un reflux non acide peut être tout aussi symptomatique et dommageable qu'un reflux acide, surtout si vous êtes déjà sous traitement anti-acide.
  • pH-impédancemétrie vs. Endoscopie (ou gastroscopie) :
    Ces deux examens ne répondent pas à la même question. Ils sont les deux faces d'une même pièce.
    • L'endoscopie permet de VOIR. Le gastro-entérologue utilise une caméra pour visualiser l'état de la paroi de votre œsophage, de votre estomac et de votre duodénum. Il peut voir s'il y a une inflammation (œsophagite), des ulcères ou d'autres anomalies structurelles. C'est une photographie de l'anatomie à un instant T.
    • La pH-impédancemétrie permet de MESURER. Elle n'a pas de caméra, mais des capteurs. Elle enregistre ce qui se passe fonctionnellement sur une longue période (24h). Elle répond à la question : "Que remonte dans l'œsophage, à quelle fréquence, et est-ce que cela cause mes symptômes ?". C'est un film de l'activité de votre œsophage.

En résumé, l'endoscopie regarde les conséquences du reflux sur les tissus, tandis que la pH-impédancemétrie mesure le reflux lui-même. Les deux sont souvent nécessaires pour avoir une vision complète du problème.

Partie 2 : Le Déroulement Pratique – Le "Comment"

C'est souvent cette partie qui génère le plus d'appréhension. Soyons clairs et détaillés pour que vous sachiez exactement à quoi vous attendre, étape par étape.

1. La Préparation : Que dois-je faire AVANT l'examen ?

Une bonne préparation est la clé d'un examen réussi. Deux points sont cruciaux.

  • L'arrêt des médicaments (L'INFORMATION CAPITALE) :
    Pour que l'examen mesure l'activité naturelle de votre œsophage, il est généralement nécessaire d'arrêter certains médicaments.
    • Inhibiteurs de la Pompe à Protons (IPP) : C'est la classe de médicaments la plus concernée (Omeprazole, Pantoprazole/Pantomed, Esoméprazole/Inexium, Lansoprazole, Rabeprazole). Il est presque toujours demandé de les arrêter 7 jours complets avant l'examen.
    • Anti-H2 : (Ranitidine, Cimetidine, etc.). L'arrêt est souvent demandé 48h à 72h avant.
    • Antiacides simples : (Gaviscon, Maalox, etc.). L'arrêt est généralement demandé 24h avant.
    ATTENTION : Cette information est une indication générale. L'instruction la plus importante est celle donnée par votre médecin ou le centre où vous passez l'examen. Suivez scrupuleusement leurs consignes. Parfois, le médecin peut justement demander de faire le test sous traitement pour vérifier son efficacité. En cas de doute, appelez-les !
  • Le Jeûne :
    Oui, il est nécessaire d'être à jeun avant la pose de la sonde. Cela signifie :
    • Ne pas manger ni boire pendant les 4 à 6 heures précédant votre rendez-vous.
    • Une petite gorgée d'eau pour prendre un médicament essentiel (non lié à l'estomac) est souvent autorisée, mais vérifiez.
    Le jeûne permet d'éviter les nausées lors de la pose et garantit que l'estomac est vide pour un positionnement correct de la sonde.

2. La Pose de la Sonde : Est-ce que ça fait mal ?

C'est la question que tout le monde se pose. Soyons honnêtes : la pose est désagréable et inconfortable, mais généralement pas douloureuse. La sensation est étrange, mais brève.

Voici comment se déroule la procédure, qui ne dure que 5 à 10 minutes en tout :

  1. L'anesthésie locale : L'infirmière ou le médecin commencera par pulvériser un spray anesthésiant dans l'une de vos narines (celle qui semble la plus dégagée) et parfois dans votre gorge. Le produit a un goût un peu amer et peut donner l'impression que votre gorge "gonfle", c'est une sensation normale due à l'anesthésie.
  2. L'introduction : Vous serez assis. On vous demandera de pencher légèrement la tête en avant. La sonde, lubrifiée, sera introduite doucement dans votre narine. Vous sentirez une pression, un chatouillement. C'est normal d'avoir envie d'éternuer.
  3. La descente : Une fois la sonde au fond de la gorge, on vous donnera un verre d'eau avec une paille. C'est le moment clé. On vous demandera de boire des petites gorgées. Chaque fois que vous avalez, la sonde descend naturellement et sans douleur dans l'œsophage. Concentrez-vous sur la déglutition, cela inhibe le réflexe nauséeux.
  4. Le positionnement : La sonde est positionnée à la bonne hauteur, juste au-dessus du sphincter qui sépare l'œsophage de l'estomac.
  5. La fixation : Une fois en place, la sonde est délicatement fixée à votre nez et à votre joue avec un fin ruban adhésif hypoallergénique. Elle est ensuite connectée au boîtier d'enregistrement.

La sensation de gêne dans la gorge et le nez est la plus présente juste après la pose. Elle a tendance à beaucoup s'atténuer au fil des heures, à mesure que vous vous y habituez.

3. Pendant les 24 heures : Comment vais-je vivre avec la sonde ?

Votre mission, si vous l'acceptez : vivre une journée aussi normale que possible !

  • Manger et boire : Oui, vous devez manger et boire normalement. C'est même essentiel. L'examen doit être représentatif de votre vie quotidienne, y compris des moments où vos symptômes apparaissent, comme après les repas. Évitez juste les aliments très durs ou collants qui pourraient être difficiles à avaler au début.
  • Travailler et activités : Oui, vous pouvez aller travailler, sauf si votre métier implique une activité physique très intense ou vous expose à des risques (par exemple, un chantier). Vous pouvez conduire, lire, regarder la télévision. Vivez votre vie.
  • Le boîtier et le journal de bord : C'est votre contribution la plus importante à l'examen. Le boîtier possède plusieurs boutons. On vous demandera d'appuyer dessus pour signaler des événements précis :
    • Le début et la fin de chaque repas.
    • Le moment où vous vous couchez.
    • Le moment où vous vous levez.
    • Et le plus important : chaque fois que vous ressentez un de vos symptômes. Que ce soit une brûlure, une toux, une douleur, une régurgitation, une gêne... Appuyez sur le bouton "symptôme". C'est ce qui permettra au médecin de faire le lien direct entre ce que vous ressentez et ce que la machine enregistre.
  • Dormir : C'est probablement le plus grand défi. Dormir avec la sonde n'est pas des plus confortables, mais c'est tout à fait possible. Le fil sur la joue peut être gênant. Beaucoup de patients trouvent plus confortable de dormir sur le dos, éventuellement avec un oreiller supplémentaire pour surélever légèrement le buste.

4. Le Retrait de la Sonde

Après 24 heures, le plus dur est fait. Le retrait est l'étape la plus simple, la plus rapide et la moins anxiogène. Il se fait le lendemain au centre médical. L'infirmière décolle simplement le ruban adhésif et vous demande de prendre une profonde inspiration pendant qu'elle retire la sonde d'un geste doux et rapide. C'est fini en 2 secondes et ce n'est pas du tout douloureux. Dans certains protocoles, on peut même vous demander de la retirer vous-même à la maison : c'est dire à quel point le geste est simple et sans risque.

Partie 3 : Les Résultats et la Suite – Le "Et après ?"

Vous avez survécu aux 24 heures ! Maintenant, que va-t-il se passer ?

1. Qu'est-ce que l'examen va réellement révéler ?

Le boîtier contient une mine d'or d'informations. Une fois les données téléchargées et analysées par le logiciel et le médecin, le rapport pourra dire :

  • Le nombre total d'épisodes de reflux sur 24 heures.
  • Le type de reflux : Combien étaient acides ? Combien étaient peu ou non acides ? Combien étaient gazeux ?
  • Le moment des reflux : Se produisent-ils surtout le jour en position debout ? La nuit en position couchée ? Juste après les repas ?
  • Le temps d'exposition acide : Le pourcentage de temps pendant lequel la paroi de votre œsophage a été en contact avec de l'acide. C'est un indicateur clé de la sévérité du RGO.
  • L'information la plus précieuse pour VOUS : Le lien de cause à effet. C'est la magie de cet examen. En superposant le journal de vos symptômes (vos pressions sur le bouton) et les données de reflux, le médecin peut calculer un "score de probabilité d'association des symptômes". Il pourra vous dire avec un haut degré de certitude : "Oui, 95% de vos épisodes de toux sont directement précédés par un reflux non acide" ou "Non, vos douleurs thoraciques ne correspondent à aucun événement de reflux".

C'est cette information qui mettra fin à des mois d'incertitude et guidera précisément votre futur traitement.

2. Quand aurai-je les résultats ?

Soyez patient. L'analyse des données de 24h est un travail minutieux pour le gastro-entérologue. Il ne s'agit pas d'un résultat instantané. En général, les résultats complets et interprétés sont communiqués lors d'un rendez-vous de suivi, quelques jours ou semaines après l'examen. Ce rendez-vous est essentiel pour que le médecin puisse vous expliquer ce que les résultats signifient pour vous et discuter des prochaines étapes.

3. Quels sont les risques et les inconvénients ?

Il est important de distinguer les deux.

  • Les inconvénients (fréquents mais sans danger) :
    • La gêne dans le nez et la gorge, surtout les premières heures.
    • L'aspect peu discret de la sonde fixée sur la joue.
    • Une salivation un peu plus importante.
    • Une nuit de sommeil potentiellement perturbée.
    Ce sont des désagréments temporaires pour un bénéfice durable.
  • Les risques (extrêmement rares) :
    La pH-impédancemétrie est un examen très sûr. Les complications sont exceptionnelles. La plus "fréquente" est un léger saignement de nez lors de la pose ou du retrait, qui s'arrête très vite. Les complications plus sérieuses comme une perforation sont théoriques et quasiment inexistantes avec le matériel moderne.

Conclusion : Un petit effort pour un grand pas en avant

La pH-impédancemétrie œsophagienne de 24 heures peut sembler être une épreuve, mais il faut la voir pour ce qu'elle est : l'outil d'investigation le plus performant à notre disposition pour comprendre les troubles liés au reflux.

En acceptant cet inconfort passager, vous donnez à votre médecin les moyens de poser un diagnostic d'une précision inégalée. Vous saurez enfin si cette toux, ces brûlures ou ce mal de gorge sont bien causés par un reflux, et de quel type de reflux il s'agit. Cette certitude est la première étape vers un soulagement efficace et une meilleure qualité de vie. C'est un investissement de 24 heures pour potentiellement résoudre des années de souffrance et d'incertitude.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
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