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Rectorragies : Comprendre et Réagir Sans Panique

Publié le 
July 21, 2025
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  1. Tout saignement rectal, même minime, doit inciter à consulter un médecin sans délai pour en déterminer l'origine.
  2. La plupart des rectorragies sont dues à des causes bénignes comme les hémorroïdes ou la fissure anale, surtout avant 50 ans.
  3. Il existe des signes d’alerte (saignement abondant, signes de choc, douleurs abdominales intenses, fièvre élevée) nécessitant une prise en charge en urgence.
  4. La description précise du saignement (couleur, quantité, moment, fréquence) et des symptômes associés est essentielle pour orienter le diagnostic.
  5. Les examens médicaux, notamment la coloscopie, permettent d’identifier la cause du saignement et de proposer un traitement adapté, allant de mesures hygiéno-diététiques à la chirurgie en cas de cancer.

Rectorragies (Saignement Rectal) : Comprendre, Réagir et Ne Pas Paniquer

Découvrir du sang dans ses selles, sur le papier toilette ou dans la cuvette est une expérience qui génère presque toujours une inquiétude immédiate et légitime. C'est un signal que votre corps vous envoie, et il est naturel de se poser de nombreuses questions : est-ce grave ? Est-ce un signe de cancer ? Que dois-je faire ? La peur et l'anxiété peuvent rapidement prendre le dessus.

L'objectif de cette page est de vous fournir une information claire, complète et rassurante sur les rectorragies (le terme médical pour désigner un saignement provenant du rectum ou de l'anus). Nous allons décortiquer ensemble ce que cela signifie, explorer les causes possibles, de la plus bénigne à la plus sérieuse, et vous guider sur la démarche à suivre.

Retenez dès maintenant ce message essentiel : bien que la grande majorité des saignements rectaux soit due à des causes bénignes comme les hémorroïdes, un saignement n'est jamais anodin. Il doit toujours être considéré comme un signal d'alarme qui justifie un avis médical pour en déterminer l'origine avec certitude.

1. Les Questions Immédiates : La Réponse aux Peurs Principales

Face à un saignement, l'esprit s'emballe. Cette section répond directement aux questions les plus urgentes qui vous viennent à l'esprit pour vous aider à y voir plus clair et à gérer votre anxiété.

Est-ce grave ? Est-ce forcément un cancer ?

Réponse directe : Non, ce n'est pas forcément grave. Dans l'immense majorité des cas, surtout avant 50 ans, les rectorragies sont liées à des pathologies proctologiques bénignes et locales. Les deux causes les plus fréquentes sont de loin les hémorroïdes et la fissure anale. Ces affections, bien que parfois douloureuses ou gênantes, ne mettent pas la vie en danger et se traitent efficacement.

Le cancer colorectal est effectivement une cause possible de saignement, et c'est la raison pour laquelle aucun saignement ne doit être ignoré. Cependant, il est statistiquement beaucoup moins fréquent que les causes bénignes. Penser immédiatement au cancer est une réaction de peur compréhensible, mais il est crucial de ne pas laisser cette anxiété vous paralyser. La seule attitude raisonnable et sécuritaire est de consulter un médecin. Lui seul pourra, à l'aide d'un interrogatoire précis et d'examens, poser un diagnostic fiable, écarter les hypothèses graves et vous proposer le traitement adapté.

Quand dois-je consulter en URGENCE ?

Certaines situations constituent une véritable urgence médicale et ne doivent souffrir d'aucun délai. Contactez immédiatement le SAMU (15 ou 112) ou rendez-vous aux services d'urgences les plus proches si votre saignement s'accompagne d'un ou plusieurs des signes suivants ("drapeaux rouges") :

  • Saignement abondant : Si le saignement est continu, en grande quantité (plus qu'un verre), s'il remplit la cuvette de sang rouge vif ou si vous émettez des caillots de sang importants.
  • Signes de choc ou d'anémie aiguë : Ces symptômes indiquent que la perte de sang est significative et affecte votre état général.
    • Vertiges, étourdissements, sensation de "tête qui tourne", surtout en passant de la position assise à debout.
    • Pâleur extrême de la peau et des lèvres.
    • Sueurs froides et peau moite.
    • Faiblesse intense, incapacité à rester debout.
    • Accélération du rythme cardiaque (palpitations).
    • Difficultés à respirer, essoufflement.
    • Confusion ou perte de connaissance, même brève.
  • Symptômes associés sévères :
    • Fortes douleurs abdominales soudaines et intenses.
    • Un ventre qui devient dur, gonflé et très sensible au toucher.
    • Une fièvre élevée (supérieure à 38,5°C).

Ces signes peuvent indiquer une hémorragie digestive active et importante qui nécessite une prise en charge hospitalière immédiate.

Quand et qui consulter si ce n'est pas une urgence ?

La règle d'or est simple : tout saignement rectal, même minime, même unique, même s'il a cessé, justifie une consultation médicale. Ne tombez pas dans le piège de la banalisation ("ce ne sont que des hémorroïdes") ou de la procrastination.

Qui aller voir ? Votre parcours de soin commence chez votre médecin traitant. Il est votre premier et meilleur interlocuteur. Il connaît vos antécédents, pourra mener un premier examen et évaluer la situation. En fonction de son diagnostic initial, de votre âge et des caractéristiques du saignement, il pourra :

  1. Vous rassurer et vous prescrire un traitement local s'il s'agit d'une cause évidente et bénigne (ex: fissure anale typique).
  2. Vous orienter vers le spécialiste de l'appareil digestif : le gastro-entérologue. C'est lui qui réalisera les examens plus poussés, comme la coloscopie, pour explorer l'intérieur du côlon et trouver la source précise du saignement.

2. Comprendre le Saignement : Aider le Patient à Décrire ce qu'il Voit

Pour que votre médecin puisse vous aider au mieux, il aura besoin d'une description la plus précise possible de ce que vous avez observé. Être capable de décrire le saignement vous aidera non seulement à être plus serein et préparé pour la consultation, mais fournira également des indices diagnostiques précieux. Voici les questions que vous pouvez vous poser pour préparer votre rendez-vous :

La couleur du sang : un indice sur son origine

  • Rouge vif (rutilant) : C'est la couleur du sang "frais", qui n'a pas été digéré. Cela suggère fortement une origine basse, proche de la sortie : l'anus, le canal anal ou le bas rectum. Typiquement, ce sang apparaît sur le papier toilette après l'essuyage, en gouttes tombant dans la cuvette après la selle, ou en stries sur le pourtour des selles. C'est la présentation la plus courante des hémorroïdes et des fissures anales.
  • Rouge foncé / lie de vin / mêlé aux selles : Un sang plus sombre, de couleur bordeaux, et surtout intimement mélangé à la matière fécale, suggère une origine plus haute dans le tube digestif. Le saignement s'est produit dans le côlon (droit ou transverse), et le sang a eu le temps de se mélanger aux selles pendant leur transit. Cette présentation doit inciter à une exploration plus complète.
  • Noir, goudronneux et nauséabond (Méléna) : Des selles noires comme du charbon, collantes et malodorantes ne sont techniquement pas des rectorragies. On parle de méléna. C'est le signe d'un saignement qui provient de la partie très haute du tube digestif (estomac, duodénum, intestin grêle). Le sang a été digéré par les sucs gastriques, ce qui lui donne cette couleur et cet aspect caractéristiques. Un méléna est une urgence médicale qui impose une consultation immédiate.

La quantité de sang

Essayez d'évaluer, même approximativement, la quantité :

  • S'agit-il de simples traces sur le papier toilette ?
  • De quelques gouttes qui tombent dans la cuvette ?
  • D'un saignement qui colore l'eau de la cuvette en rouge ?
  • D'un saignement plus abondant, avec émission de caillots ?

Le moment du saignement

  • Le sang apparaît-il uniquement à l'essuyage ?
  • Survient-il pendant l'effort de poussée, avant même l'arrivée des selles ?
  • Est-il visible après la selle, tombant en gouttes ?
  • Est-il mélangé à la selle ?
  • Le saignement est-il spontané, en dehors de tout passage à la selle (taches dans les sous-vêtements) ?

La fréquence

  • Est-ce la toute première fois que cela vous arrive ?
  • Est-ce un phénomène récurrent, qui survient par épisodes depuis plusieurs semaines ou mois ?
  • Le saignement a-t-il lieu à chaque selle ?

Les symptômes associés

Le saignement est rarement un symptôme isolé. Notez tout autre signe qui l'accompagne, car leur association est très évocatrice pour le médecin :

  • Douleur anale : Est-elle présente ? Si oui, est-elle vive comme une coupure ou une brûlure pendant et après la selle (typique de la fissure) ? Ou s'agit-il plutôt d'une gêne, d'une pesanteur (plus évocateur d'hémorroïdes) ?
  • Démangeaisons (prurit anal) ou suintements ?
  • Modification récente du transit intestinal : Une constipation nouvelle ou qui s'aggrave, une diarrhée persistante, ou une alternance des deux.
  • Faux besoins : Sensation d'avoir besoin d'aller à la selle de manière urgente, mais sans évacuation (ténesme).
  • Douleurs abdominales : Crampes, élancements, leur localisation...
  • Perte de poids involontaire et inexpliquée.
  • Fatigue inhabituelle, pâleur, essoufflement à l'effort (signes possibles d'une anémie chronique due à des saignements répétés).

3. Les Causes Possibles : Du Plus Fréquent au Plus Rare

Pour vous rassurer, il est utile de connaître l'éventail des causes, en les classant de la plus courante à la plus rare.

Causes très fréquentes et souvent bénignes (Pathologies proctologiques)

  • Hémorroïdes : C'est la cause la plus fréquente. Les hémorroïdes sont des structures veineuses normales du canal anal qui peuvent se dilater et devenir symptomatiques. Le saignement est typiquement fait de sang rouge vif, survenant en fin de selle, sur le papier ou en gouttes dans la cuvette. Il est souvent associé à une gêne, des démangeaisons, ou la sensation d'une "boule" au niveau de l'anus (thrombose hémorroïdaire).
  • Fissure anale : Il s'agit d'une petite déchirure ou ulcération de la peau de l'anus. Elle est extrêmement douloureuse. Le symptôme roi est une douleur très vive, semblable à une coupure ou une brûlure, qui survient pendant la défécation et peut persister plusieurs heures après. Le saignement est généralement minime, rouge vif, visible surtout sur le papier toilette.

Causes coliques à surveiller

  • Diverticulose colique : Les diverticules sont de petites poches ou hernies qui se forment sur la paroi du côlon, le plus souvent chez les personnes de plus de 60 ans. La plupart du temps, ils ne donnent aucun symptôme. Cependant, un petit vaisseau sanguin à la base d'un diverticule peut se rompre et provoquer un saignement. Celui-ci est souvent soudain, indolore et parfois abondant, avec du sang rouge foncé ou vif.
  • Polypes du côlon ou du rectum : Ce sont des excroissances de la muqueuse (la paroi interne de l'intestin). La plupart sont bénins (adénomes), mais certains peuvent, avec le temps, évoluer vers un cancer. Ils sont souvent asymptomatiques, mais peuvent parfois saigner. Le saignement est en général léger, intermittent, parfois invisible à l'œil nu (occulte). C'est pour les détecter et les retirer préventivement que la coloscopie est si importante.
  • Maladies Inflammatoires Chroniques de l'Intestin (MICI) : La Rectocolite Hémorragique (RCH) et la Maladie de Crohn sont des maladies inflammatoires chroniques. La RCH touche le rectum et le côlon et provoque quasi systématiquement des rectorragies, associées à des émissions de glaires (mucus) et de pus, des diarrhées et de faux besoins. La maladie de Crohn peut toucher tout le tube digestif et les saignements sont moins constants.
  • Angiodysplasies : Ce sont de petites malformations des vaisseaux sanguins de la paroi du côlon. Elles sont plus fréquentes chez les sujets âgés et peuvent être responsables de saignements chroniques ou aigus, souvent difficiles à diagnostiquer sans endoscopie.
  • Autres causes : Colites infectieuses (bactériennes ou virales), colite ischémique (manque d'apport sanguin à une partie du côlon), ou colite radique (séquelle d'une radiothérapie pelvienne).

Cause grave à ne pas manquer

  • Cancer colorectal : C'est la cause que tout le monde redoute et celle que le bilan médical vise à éliminer formellement. Le saignement est l'un des symptômes possibles, mais il n'est ni constant ni spécifique. Il peut être minime et intermittent, rouge ou plus foncé, mêlé aux selles. Il est souvent associé à d'autres signes d'alarme comme une modification du transit, une anémie, une fatigue ou une perte de poids. Le risque augmente avec l'âge (surtout après 50 ans) et en cas d'antécédents familiaux. C'est pourquoi le dépistage et l'exploration de tout saignement sont cruciaux.

4. La Consultation et les Examens : Démystifier le Parcours de Soins

L'appréhension de la consultation et des examens est normale. Savoir à quoi s'attendre peut grandement réduire cette anxiété.

L'interrogatoire médical

La première étape est un dialogue approfondi. Le médecin vous posera toutes les questions listées dans la section 2 : couleur, quantité, fréquence, symptômes associés, vos antécédents personnels et familiaux. Vos réponses précises sont essentielles pour l'orienter.

L'examen clinique proctologique

C'est une étape clé, rapide et très informative.

  • Inspection de la marge anale : Le médecin observe simplement l'extérieur de l'anus, ce qui peut suffire à voir une fissure anale ou des hémorroïdes externes.
  • Toucher rectal : Le médecin, après avoir mis un gant lubrifié, insère doucement un doigt dans le canal anal et le bas rectum. Cet examen, qui ne dure que quelques secondes, n'est généralement pas douloureux mais peut être inconfortable. Il est indispensable car il permet de sentir la tonicité du sphincter, de déceler une masse anormale, un polype bas situé, un induration suspecte ou de simplement confirmer une sensibilité liée à une fissure. Il permet aussi de vérifier la couleur du sang sur le doigtier.

Les examens complémentaires (si nécessaires)

Si l'examen clinique ne suffit pas ou si une origine plus haute est suspectée, des examens complémentaires seront proposés.

  • Anuscopie / Rectoscopie : Réalisé au cabinet du gastro-entérologue, cet examen utilise un tube court et rigide (anuscope ou rectoscope) muni d'une lumière pour visualiser directement le canal anal et le rectum (les 15-20 derniers centimètres). C'est un examen très rapide qui permet de confirmer un diagnostic d'hémorroïdes internes ou d'inflammation du rectum (rectite).
  • Coloscopie : C'est l'examen de référence pour explorer l'intégralité du côlon et du rectum. Il est réalisé par un gastro-entérologue, le plus souvent sous une courte anesthésie générale ou une sédation profonde, ce qui le rend totalement indolore. Un tube souple muni d'une caméra (le coloscope) est introduit par l'anus et avancé progressivement. La coloscopie a un double avantage :
    • Diagnostique : Elle permet de voir la cause du saignement (polype, diverticule, tumeur, inflammation...).
    • Thérapeutique : Si des polypes sont découverts, ils peuvent être retirés pendant le même examen. Des prélèvements (biopsies) peuvent aussi être réalisés pour analyse.

5. Les Traitements Possibles

Il existe une solution pour la quasi-totalité des causes de rectorragies. Le traitement dépendra évidemment du diagnostic.

  • Hémorroïdes et Fissure anale : Le traitement est d'abord médical. Il repose sur des règles hygiéno-diététiques (lutte contre la constipation avec une alimentation riche en fibres, une bonne hydratation, une activité physique), des traitements locaux (crèmes, suppositoires anti-inflammatoires et anesthésiants) et des antalgiques. En cas d'échec, des traitements instrumentaux (ligature, photocoagulation) ou une chirurgie peuvent être proposés.
  • Polypes : Le traitement est leur ablation (polypectomie), qui est réalisée au cours de la coloscopie.
  • MICI (Maladie de Crohn, RCH) : Le traitement est médicamenteux et vise à contrôler l'inflammation (anti-inflammatoires spécifiques, immunosuppresseurs, biothérapies).
  • Diverticulose hémorragique : Le saignement s'arrête le plus souvent spontanément. Si ce n'est pas le cas, une intervention en endoscopie ou en radiologie interventionnelle (embolisation) peut être nécessaire pour stopper l'hémorragie.
  • Cancer colorectal : Le traitement dépend du stade de la maladie et repose principalement sur la chirurgie, souvent complétée par de la chimiothérapie et/ou de la radiothérapie.

Conclusion : Les Points Clés à Retenir

Face à un saignement rectal, il est essentiel de garder son calme et d'agir de manière rationnelle. Voici les messages à emporter :

  • Une rectorragie est un signal d'alarme important, mais ce n'est pas systématiquement le signe d'une catastrophe.
  • Ne l'ignorez et ne la banalisez jamais. Même si le saignement est minime et s'arrête de lui-même, la cause, elle, est toujours présente.
  • Une consultation chez votre médecin traitant est une étape indispensable et non négociable pour poser le bon diagnostic et vous rassurer.
  • Gardez à l'esprit que la grande majorité des causes sont bénignes (hémorroïdes, fissure) et se traitent très bien.
  • Les examens comme la coloscopie, bien qu'impressionnants, sont des procédures sûres et efficaces qui permettent de protéger votre santé en prévenant ou en diagnostiquant tôt des maladies plus graves.

En consultant, vous faites le choix de la sécurité et de la sérénité. Vous vous donnez les moyens de comprendre ce qui se passe et de recevoir le traitement adéquat pour retrouver votre tranquillité d'esprit.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Spécialisée dans le diagnostic et le traitement des troubles cognitifs, le Dr. Laurent accompagne depuis plus de 15 ans les patients atteints de la maladie d'Alzheimer et leurs familles. Elle est particulièrement investie dans la recherche sur les thérapies innovantes et l'amélioration de la qualité de vie des patients.
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