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Comprendre la dysphagie et retrouver le plaisir de manger

Publié le 
July 21, 2025
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  1. La dysphagie est une difficulté persistante à avaler, qui peut concerner les solides, les liquides ou la salive, et entraîner des symptômes tels que sensation de blocage, toux, voix mouillée et peur de manger.
  2. Les causes sont variées : neurologiques (AVC, maladies neurodégénératives), structurelles (tumeurs, sténoses), liées à l’âge, musculaires, ou secondaires à des traitements médicaux.
  3. La dysphagie expose à des risques graves comme la fausse-route, pouvant conduire à des pneumonies d’inhalation, ainsi qu’à la dénutrition, la déshydratation et l’isolement social.
  4. Le diagnostic repose sur l’examen clinique, la nasofibroscopie, la vidéofluoroscopie et la manométrie œsophagienne, réalisés par une équipe pluridisciplinaire incluant médecins spécialistes et orthophonistes/logopèdes.
  5. Les solutions comprennent la rééducation orthophonique, l’adaptation des textures alimentaires et des liquides, des traitements médicaux ou chirurgicaux selon la cause, ainsi que des conseils pratiques pour un quotidien plus sûr.

Dysphagie : Comprendre et Gérer les Difficultés à Avaler

Recevoir un diagnostic de dysphagie ou suspecter ce trouble peut être une source d'inquiétude et de nombreuses questions. La sensation de ne plus pouvoir avaler normalement, un acte que l'on accomplit des milliers de fois par jour sans y penser, est déstabilisante. Cet article est conçu pour vous apporter des informations claires, rassurantes et pratiques. Notre objectif est de vous aider à comprendre ce qui vous arrive, à connaître les solutions qui existent et à mieux vivre avec cette condition au quotidien. Vous n'êtes pas seul(e), et des solutions existent.

1. Comprendre le Problème de Base : Qu'est-ce que la Dysphagie ?

En des termes simples, la dysphagie est une difficulté à déglutir, c'est-à-dire à avaler correctement les aliments solides, les liquides ou même sa propre salive. Il ne s'agit pas d'une maladie en soi, mais plutôt d'un symptôme ou de la conséquence d'une autre pathologie.

Il est important de faire la différence entre une simple gêne passagère et un véritable trouble de la déglutition. Nous avons tous déjà eu l'impression d'avoir "avalé de travers" ou qu'un aliment restait coincé quelques secondes. Cela arrive. La dysphagie, elle, est une difficulté récurrente et persistante. Elle transforme un acte naturel et agréable, comme manger, en une source de stress et de peur.

Quels sont les symptômes concrets ?

Si vous souffrez de dysphagie, vous vous reconnaîtrez probablement dans une ou plusieurs des situations suivantes. Ces signaux d'alerte ne doivent pas être ignorés :

  • Une sensation de blocage : Vous avez l'impression que la nourriture reste coincée dans votre gorge, derrière le sternum ou dans la poitrine.
  • Toux, étouffement ou raclements de gorge : Ces réactions se produisent systématiquement pendant ou immédiatement après avoir mangé ou bu. C'est le signe que votre corps tente d'expulser quelque chose qui prend le mauvais chemin.
  • Une voix "mouillée" ou gargouillante : Après avoir avalé, votre voix semble changer, comme si vous parliez avec du liquide dans la gorge.
  • Le besoin constant de boire pour "faire passer" : Chaque bouchée solide doit être accompagnée d'une gorgée d'eau pour descendre.
  • Une douleur en avalant (odynophagie) : La déglutition n'est pas seulement difficile, elle est aussi douloureuse.
  • Des régurgitations : La nourriture non digérée remonte de l'œsophage vers la gorge ou la bouche.
  • Une perte de poids involontaire et inexpliquée : Parce que manger devient difficile, vous mangez moins, et votre corps ne reçoit plus les nutriments nécessaires.
  • La peur de manger et l'évitement social : Vous commencez à redouter les repas, à éviter certains aliments (souvent les plus durs ou les plus friables) et à refuser les invitations à dîner par peur de vous étouffer en public.
  • Des infections pulmonaires à répétition (pneumonies) : C'est un signe d'alerte majeur, qui indique que de la nourriture ou des liquides pénètrent régulièrement dans vos poumons.

2. Les Causes : "Pourquoi moi ?"

Comprendre l'origine de la dysphagie est une étape fondamentale pour dédramatiser et orienter le traitement. Les causes sont multiples et peuvent être regroupées en plusieurs grandes catégories :

  • Causes Neurologiques : La déglutition est un processus complexe commandé par le cerveau. Toute atteinte du système nerveux peut perturber ce mécanisme. C'est la cause la plus fréquente chez les adultes et les personnes âgées.
    • Accident Vasculaire Cérébral (AVC) : C'est l'une des causes les plus courantes de dysphagie d'apparition soudaine.
    • Maladies neurodégénératives : Maladie de Parkinson, sclérose en plaques, sclérose latérale amyotrophique (SLA), maladie d'Alzheimer et autres démences.
    • Traumatisme crânien ou de la moelle épinière.
  • Causes Structurelles ou Mécaniques : Il s'agit d'un obstacle physique qui empêche le passage normal des aliments.
    • Tumeurs : Cancer de la gorge, du larynx, de l'œsophage ou des structures avoisinantes. La tumeur elle-même ou son traitement (chirurgie, radiothérapie) peut causer des difficultés.
    • Sténose de l'œsophage : Un rétrécissement de l'œsophage, souvent dû à des cicatrices causées par un reflux gastro-œsophagien (RGO) chronique, une radiothérapie ou une chirurgie.
    • Diverticules : De petites poches qui se forment dans la paroi de la gorge ou de l'œsophage où la nourriture peut se loger. (Ex: diverticule de Zenker).
  • Causes liées à l'âge (Presbyphagie) : Avec le vieillissement, les muscles impliqués dans la déglutition peuvent perdre de leur force, de leur vitesse et de leur coordination. Le processus devient moins efficace, augmentant le risque de dysphagie. C'est un phénomène naturel, mais qui nécessite une prise en charge lorsqu'il devient problématique.
  • Suites d'un traitement médical :
    • Chirurgie de la tête et du cou : L'intervention peut altérer l'anatomie et la fonction des structures nécessaires à la déglutition.
    • Radiothérapie : Les rayons dirigés vers la région du cou ou du thorax peuvent provoquer une fibrose (raidissement) des tissus et une sécheresse buccale, rendant l'acte d'avaler difficile.
  • Causes Musculaires : Certaines maladies affectent directement les muscles.
    • Myopathies ou dystrophies musculaires.
    • Myasthénie grave : Une maladie qui provoque une faiblesse fluctuante des muscles volontaires.
  • Autres causes :
    • Reflux gastro-œsophagien (RGO) sévère et chronique : L'acidité qui remonte peut irriter et endommager l'œsophage.
    • Effets secondaires de certains médicaments : Certains traitements peuvent provoquer une sécheresse de la bouche ou altérer la vigilance et la coordination musculaire.

3. Les Risques : "Est-ce que c'est grave ?"

Oui, la dysphagie est une condition sérieuse qui doit être prise en charge. Connaître les risques permet de comprendre l'importance du diagnostic et du traitement, sans pour autant céder à la panique.

  • Le risque principal : la fausse-route (ou aspiration)
    Imaginez votre carrefour pharyngé comme un aiguillage : une voie mène à l'œsophage (le "tuyau" pour la nourriture vers l'estomac), l'autre à la trachée (le "tuyau" pour l'air vers les poumons). Normalement, un clapet (l'épiglotte) se ferme pour protéger la voie respiratoire quand vous avalez.
    En cas de dysphagie, cet "aiguillage" fonctionne mal. La nourriture ou le liquide "passe dans le mauvais tuyau" et pénètre dans la trachée et les poumons. C'est ce qu'on appelle une fausse-route.
  • Les conséquences des fausses-routes : la pneumonie d'inhalation
    Lorsque des aliments, des liquides ou de la salive (qui contiennent des bactéries de la bouche) entrent dans les poumons, ils peuvent provoquer une infection grave : la pneumonie d'inhalation. C'est la complication la plus redoutée de la dysphagie, car elle peut être sévère, nécessiter une hospitalisation et parfois mettre la vie en danger, surtout chez les personnes fragiles. Des épisodes de fièvre inexpliquée et de toux après les repas doivent alerter.
  • Les autres risques :
    • Dénutrition et Déshydratation : La peur de s'étouffer mène souvent à manger et boire moins. S'ensuit un cercle vicieux : la perte de poids et le manque d'hydratation affaiblissent le corps, y compris les muscles de la déglutition, ce qui aggrave la dysphagie.
    • Perte de plaisir et isolement social : Les repas, moments de convivialité, deviennent une épreuve. L'impact psychologique est immense. La honte, l'anxiété et l'évitement des repas en famille ou entre amis peuvent conduire à un véritable isolement social et à une dépression.

4. Le Diagnostic : "Comment savoir ce que j'ai exactement ?"

Face à des symptômes persistants, il est crucial de ne pas rester seul(e). Le parcours de diagnostic est une étape clé pour identifier la cause et le mécanisme de votre dysphagie.

Qui consulter ?
Votre premier interlocuteur est votre médecin traitant. Il réalisera un premier examen et vous orientera vers le ou les spécialistes appropriés en fonction de vos symptômes :

  • Un ORL (Oto-Rhino-Laryngologiste) pour les problèmes situés dans la gorge.
  • Un gastro-entérologue pour les problèmes liés à l'œsophage.
  • Un neurologue si une cause neurologique est suspectée.
  • Un logopède (en Belgique) ou orthophoniste (en France), qui est le professionnel de santé spécialiste de la rééducation de la déglutition.

Quels sont les examens possibles ?
Plusieurs examens permettent d'observer précisément ce qui se passe lorsque vous avalez.

  1. L'évaluation clinique de la déglutition : Souvent réalisée par un(e) logopède/orthophoniste, c'est la première étape. Le professionnel vous observe pendant que vous mangez et buvez différentes textures, évalue la force de vos muscles (langue, joues) et recherche les signes de fausses-routes (toux, voix mouillée...).
  2. La Nasofibroscopie (FEES - Flexible Endoscopic Evaluation of Swallowing) : Cet examen est réalisé par un médecin ORL, souvent en présence du logopède. Un fin tube flexible doté d'une caméra (un fibroscope) est introduit par une narine pour observer directement le carrefour pharyngé. Le médecin vous demande d'avaler de l'eau colorée et des aliments de différentes textures pour voir comment ils passent et si une partie pénètre dans les voies respiratoires.
  3. La Vidéofluoroscopie (VFSS - Videofluoroscopic Swallow Study) : Considéré comme l'examen de référence, il s'agit d'une radiographie en vidéo. Vous êtes assis(e) et on vous demande d'avaler de petites quantités de produits de différentes consistances (liquide, pâteux, solide) mélangés à de la baryte, un produit de contraste visible aux rayons X. L'examen permet de visualiser l'ensemble du processus de déglutition, de la bouche à l'œsophage, et d'identifier précisément où et pourquoi le blocage ou la fausse-route se produit.
  4. La Manométrie œsophagienne : Cet examen mesure les pressions et la coordination des contractions musculaires de l'œsophage. Une petite sonde est passée par le nez jusqu'à l'estomac pour enregistrer l'activité musculaire lorsque vous avalez de l'eau. Il est particulièrement utile pour diagnostiquer les troubles moteurs de l'œsophage.

5. Les Solutions : "Qu'est-ce qu'on peut faire ?"

C'est la partie la plus importante, car elle est porteuse d'espoir. La dysphagie n'est pas une fatalité. De nombreuses stratégies et traitements existent pour améliorer la sécurité, l'efficacité de votre déglutition et votre qualité de vie.

  • La Rééducation avec le Logopède/Orthophoniste :
    C'est le pilier central de la prise en charge. Le logopède/orthophoniste est en quelque sorte le "kinésithérapeute de la déglutition". Son travail consiste à :
    • Renforcer les muscles : Vous apprendrez des exercices spécifiques pour la langue, les lèvres, les joues et le larynx afin d'améliorer leur force et leur coordination.
    • Apprendre des stratégies de compensation : Il existe des techniques et des postures qui facilitent une déglutition plus sûre. Par exemple, pencher la tête en avant ("chin-tuck") aide à protéger les voies respiratoires. D'autres manœuvres peuvent vous être enseignées pour "forcer" une déglutition plus efficace.
  • L'Adaptation de l'Alimentation :
    Modifier la consistance des aliments et des boissons est une stratégie essentielle pour réduire les risques.
    • Modification des textures des aliments : L'objectif est de proposer des aliments faciles à mastiquer et à contrôler en bouche. Les textures sont souvent classées par grades :
      • Mixée lisse / Purée : Texture homogène, sans morceaux.
      • Hachée : Aliments tendres, coupés en très petits morceaux.
      • Tendre / Coupé fin : Aliments mous qui s'écrasent facilement à la fourchette.
      On vous conseillera d'éviter les aliments "à risque" : ceux qui sont durs (noix), friables (biscuits secs), collants (caramel) ou à double texture (soupe avec des vermicelles, orange).
    • Épaississement des liquides : Les liquides clairs (eau, thé, café) sont les plus difficiles à contrôler et les plus susceptibles de provoquer des fausses-routes. Pour ralentir leur descente et donner plus de temps au système de déglutition de réagir, on utilise des poudres épaississantes neutres disponibles en pharmacie. Elles permettent d'obtenir différentes consistances :
      • Nectar : Légèrement épaissi, comme un jus d'abricot.
      • Miel : Plus épais, coule lentement de la cuillère.
      • Pudding / Crème : Très épais, se mange à la cuillère.
  • Les Traitements Médicaux ou Chirurgicaux :
    Lorsque la dysphagie est due à une cause spécifique, le traitement de cette cause est prioritaire :
    • Traitement du RGO : Des médicaments anti-reflux peuvent réduire l'irritation de l'œsophage.
    • Dilatation œsophagienne : Si l'œsophage est rétréci (sténose), le médecin peut l'élargir à l'aide d'un ballonnet lors d'une endoscopie.
    • Chirurgie : Une tumeur ou un diverticule peut être retiré chirurgicalement.
    • Injections de toxine botulique (Botox) : Dans certains cas de spasmes musculaires, des injections peuvent aider à relaxer le muscle concerné.

6. Conseils Pratiques pour le Quotidien

Gérer la dysphagie au jour le jour demande quelques ajustements. Ces habitudes simples peuvent faire une grande différence.

Conseils pour des repas plus sûrs :

  • Mangez dans un environnement calme, sans distractions (éteignez la télévision, la radio). La concentration est essentielle.
  • Adoptez une bonne posture : Asseyez-vous bien droit (dos à 90°), les pieds au sol, pendant tout le repas et pendant au moins 30 minutes après avoir fini. Ne mangez jamais allongé(e) ou avachi(e).
  • Prenez votre temps. Mangez lentement, prenez de petites bouchées et mastiquez bien avant d'avaler.
  • Assurez-vous d'avoir bien tout avalé avant de prendre la bouchée suivante. N'hésitez pas à avaler une deuxième fois "à vide" si nécessaire.
  • Soignez votre hygiène bucco-dentaire. Brossez-vous les dents et la langue après chaque repas. Une bouche propre réduit la quantité de bactéries qui pourraient être aspirées dans les poumons en cas de fausse-route.
  • En cas de fatigue, n'hésitez pas à fractionner vos repas (5 à 6 petits repas par jour plutôt que 3 grands).

Questions à poser à votre équipe soignante :

  • Quelle est la texture exacte que je dois manger pour les solides et boire pour les liquides ?
  • Quels sont les aliments que je dois absolument éviter ?
  • Dois-je consulter un(e) diététicien(ne) pour m'assurer de ne pas avoir de carences ?
  • Existe-t-il des groupes de soutien ou des associations de patients ?

Rôle de l'entourage :

Les proches jouent un rôle crucial. Leur aide peut consister à :

  • Préparer les repas avec les textures adaptées.
  • Faire preuve de patience et ne pas presser la personne pendant les repas.
  • Être un soutien moral et l'encourager à suivre la rééducation.
  • Savoir reconnaître les signes de fausse-route pour réagir vite.

7. Signaux d'Alarme : Quand Consulter en Urgence ?

Dans certaines situations, une consultation médicale immédiate est nécessaire. Appelez les services d'urgence (15 en France, 112 en Europe) si :

  • Un aliment est complètement bloqué et vous empêche de respirer ou d'avaler votre salive.
  • Vous éprouvez de graves difficultés à respirer après un épisode d'étouffement.
  • Vous développez une fièvre, une toux grasse et un essoufflement dans les heures ou les jours qui suivent un repas difficile (suspicion de pneumonie d'inhalation).

Conclusion

La dysphagie est un défi, mais c'est un défi qui peut être relevé. La science médicale offre aujourd'hui des outils de diagnostic précis et des solutions de prise en charge efficaces. En travaillant en étroite collaboration avec votre médecin, votre logopède/orthophoniste et éventuellement un(e) diététicien(ne), il est possible de retrouver la sécurité et, progressivement, le plaisir de manger. Le plus important est de ne pas rester isolé(e) avec vos craintes. Parlez-en, consultez, et engagez-vous activement dans votre parcours de soins. Vous avez le droit à une alimentation sûre et à une bonne qualité de vie.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Spécialisée dans le diagnostic et le traitement des troubles cognitifs, le Dr. Laurent accompagne depuis plus de 15 ans les patients atteints de la maladie d'Alzheimer et leurs familles. Elle est particulièrement investie dans la recherche sur les thérapies innovantes et l'amélioration de la qualité de vie des patients.
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