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Streptococcus pneumoniae : Comprendre et Prévenir les Infections

Publié le 
July 20, 2025
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  1. Le pneumocoque est une bactérie courante, souvent présente sans symptômes chez beaucoup, notamment les enfants.
  2. Elle peut devenir dangereuse en cas de faiblesse immunitaire, causant des infections bénignes ou graves comme la pneumonie, la méningite ou la septicémie.
  3. La transmission se fait facilement par les gouttelettes respiratoires et le contact rapproché, le portage sain jouant un rôle important dans la propagation.
  4. La vaccination est le moyen le plus efficace pour se protéger, notamment chez les nourrissons, les personnes âgées et les populations à risque.
  5. Les traitements reposent sur les antibiotiques, mais la résistance accrue renforce l'importance de la prévention et du suivi rigoureux des prescriptions.

Lorsqu'on entend le mot "pneumocoque", l'inquiétude peut rapidement s'installer. Pourtant, cette bactérie est un habitant très commun de notre corps. Comprendre qui elle est, ce qu'elle peut provoquer et, surtout, comment s'en protéger, est la première étape pour se rassurer et agir efficacement. Cette page est conçue pour vous donner des informations claires, pratiques et fiables.

L'essentiel à retenir

C'est quoi ? Le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae) est une bactérie très répandue. Une grande partie de la population, notamment les enfants, la porte dans le nez ou la gorge sans développer de maladie. On parle alors de "portage sain".

Est-ce dangereux ? Oui, cette bactérie peut devenir dangereuse. Normalement inoffensive, elle peut profiter d'une faiblesse du système immunitaire (causée par un rhume, la grippe, une maladie chronique ou l'âge) pour envahir l'organisme et provoquer des infections, dont certaines sont très graves.

Comment l'éviter ? La vaccination est, de loin, le moyen de protection le plus sûr et le plus efficace contre les formes graves d'infections à pneumocoque.

Comment ça se soigne ? Les infections bactériennes à pneumocoque se traitent avec des antibiotiques. Pour les formes sévères, une hospitalisation est souvent nécessaire.

Qu'est-ce que le pneumocoque exactement ?

Pour bien comprendre, il faut voir le Streptococcus pneumoniae comme un colocataire généralement discret. Son nom scientifique peut sembler impressionnant, mais il décrit simplement sa forme : "strepto" signifie qu'elle se présente en chaînettes, et "coccus" qu'elle a une forme de coque sphérique.

Cette bactérie vit naturellement sur les muqueuses des voies respiratoires supérieures (nez, pharynx). Chez la plupart des porteurs sains, le système immunitaire la maintient sous contrôle, l'empêchant de causer des problèmes. C'est lorsque les défenses de l'organisme sont affaiblies que l'équilibre est rompu. La bactérie peut alors se multiplier et migrer vers d'autres sites du corps où elle n'a rien à faire : les oreilles, les sinus, les poumons, et dans les cas les plus graves, le sang ou les méninges (les enveloppes du cerveau).

Il est important de savoir qu'il n'existe pas un seul pneumocoque, mais plus de 90 "familles" différentes, appelées sérotypes. Ces sérotypes se distinguent par la composition de leur capsule, une sorte de coque protectrice qui aide la bactérie à échapper au système immunitaire. C'est pourquoi les vaccins sont conçus pour cibler les sérotypes les plus courants et les plus dangereux.

Comment l'attrape-t-on et qui sont les personnes les plus à risque ?

Un mode de transmission très courant

Le pneumocoque se transmet très facilement d'une personne à une autre. La contamination se fait principalement par le biais des gouttelettes de salive et des sécrétions nasales projetées dans l'air lorsqu'une personne infectée ou un porteur sain tousse, éternue, parle ou postillonne.

Le contact direct (un baiser) ou indirect (partage de verres, de jouets portés à la bouche par des enfants) peut également contribuer à la transmission. La bactérie étant très présente dans la population, surtout en période hivernale, l'exposition est quasi inévitable. C'est notre capacité à nous défendre qui fait toute la différence.

Un point crucial à comprendre est le rôle du porteur sain. Une personne peut abriter la bactérie dans son nez sans jamais tomber malade, mais reste capable de la transmettre à quelqu'un de plus fragile. C'est pourquoi les mesures de prévention, comme la vaccination, ne protègent pas seulement l'individu, mais aussi son entourage.

Les personnes les plus vulnérables

Si tout le monde peut être infecté, certaines personnes ont un risque beaucoup plus élevé de développer une forme grave de la maladie.

  • Les tout-petits (nourrissons et enfants de moins de 2 ans) : Leur système immunitaire est encore immature et n'a pas appris à reconnaître et combattre efficacement cette bactérie. Ils sont particulièrement sujets aux otites, mais aussi aux formes invasives graves comme les méningites.
  • Les personnes âgées (65 ans et plus) : Avec l'âge, le système immunitaire perd en performance. Ce phénomène, appelé "immunosénescence", les rend plus susceptibles aux infections, notamment aux pneumonies, qui peuvent être particulièrement redoutables à cet âge.
  • Les personnes atteintes de maladies chroniques :
    • Maladies respiratoires (BPCO, asthme sévère, mucoviscidose) : Les poumons sont déjà fragilisés et constituent une porte d'entrée plus facile pour la bactérie.
    • Maladies cardiaques (insuffisance cardiaque).
    • Maladies du foie (cirrhose) ou des reins (insuffisance rénale).
    • Diabète : Un diabète mal équilibré affaiblit les défenses immunitaires.
  • Les personnes immunodéprimées : Leur système immunitaire est activement affaibli, ce qui les met en très grand danger. Cela inclut :
    • Les personnes vivant avec le VIH.
    • Les patients sous traitement immunosuppresseur (après une greffe d'organe, pour une maladie auto-immune).
    • Les patients en chimiothérapie pour un cancer.
    • Les personnes n'ayant plus de rate (asplénie) ou dont la rate ne fonctionne pas correctement. La rate joue un rôle majeur dans la filtration du sang et l'élimination des bactéries comme le pneumocoque.
  • Les fumeurs : Le tabagisme paralyse les cils vibratiles qui tapissent les voies respiratoires et qui servent à évacuer les microbes. Fumer augmente donc considérablement le risque de développer une pneumonie.
  • Les personnes souffrant d'alcoolisme chronique.

Quelles maladies le pneumocoque peut-il provoquer et quels sont les symptômes ?

On distingue deux grandes catégories d'infections à pneumocoque : les infections non invasives, localisées et généralement bénignes, et les infections invasives, où la bactérie a pénétré dans des zones normalement stériles du corps (sang, cerveau), qui sont beaucoup plus graves.

Les infections non invasives (les plus fréquentes)

  • L'otite moyenne aiguë : C'est l'infection à pneumocoque la plus fréquente, surtout chez les enfants de 6 mois à 2 ans. La bactérie migre du pharynx vers l'oreille moyenne via la trompe d'Eustache.
    • Symptômes à surveiller : Douleur vive à l'oreille (l'enfant pleure, se touche l'oreille), fièvre, irritabilité, perte d'appétit, parfois un écoulement de l'oreille.
  • La sinusite : Inflammation des sinus, ces cavités osseuses du visage. Elle survient souvent après un rhume.
    • Symptômes à surveiller : Douleur au-dessus des sourcils ou sous les yeux, sensation de pression dans le visage, nez bouché ou qui coule (écoulement purulent), maux de tête, fièvre.
  • La bronchite aiguë : Bien que souvent virale, elle peut être causée ou surinfectée par un pneumocoque.
    • Symptômes à surveiller : Toux, d'abord sèche puis grasse avec des expectorations (crachats) jaunâtres ou verdâtres.

Les infections invasives (les plus graves et urgentes)

  • La pneumonie : C'est l'infection grave la plus courante causée par cette bactérie (d'où son nom de "pneumo-coque"). La bactérie infecte les poumons, provoquant une inflammation et l'accumulation de pus et de liquide dans les alvéoles, ce qui gêne la respiration.
    • Symptômes à surveiller : Apparition brutale d'une forte fièvre (supérieure à 38,5°C) avec des frissons, une toux grasse avec des crachats colorés (parfois rouillés), une douleur dans la poitrine qui augmente à la toux ou à la respiration profonde, et un essoufflement (dyspnée).
  • La méningite : C'est l'infection des méninges, les fines membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière. C'est une urgence médicale absolue qui peut laisser des séquelles neurologiques graves (surdité, troubles de l'apprentissage) ou être mortelle.
    • Symptômes d'alerte maximale : Forte fièvre, maux de tête intenses et inhabituels, raideur de la nuque (difficulté ou douleur à pencher la tête en avant), vomissements en jets, grande sensibilité à la lumière (photophobie) et au bruit, confusion ou somnolence anormale. Chez le nourrisson, les signes peuvent être moins clairs : fièvre, pleurs inconsolables, refus de s'alimenter, teint gris, fontanelle bombée.
  • La septicémie (ou bactériémie) : Il s'agit de la présence et de la multiplication de la bactérie dans la circulation sanguine. Le corps réagit par une inflammation généralisée qui peut conduire au "choc septique", une défaillance de plusieurs organes (cœur, reins, poumons) potentiellement fatale.
    • Symptômes à surveiller : Fièvre très élevée avec frissons intenses, rythme cardiaque et respiratoire très rapides, confusion, anxiété, marbrures sur la peau. C'est également une urgence vitale.

Comment le médecin pose-t-il le diagnostic et comment se soignent ces infections ?

Le diagnostic médical

Le diagnostic repose d'abord sur un examen clinique. Votre médecin vous interrogera sur vos symptômes et procédera à un examen physique (auscultation des poumons, examen des tympans, etc.).

Selon la suspicion, des examens complémentaires peuvent être nécessaires pour confirmer le diagnostic et identifier la bactérie :

  • Pour une pneumonie : Une radiographie des poumons est souvent réalisée pour visualiser l'infection.
  • Pour une septicémie : Une prise de sang (hémoculture) permet de rechercher la bactérie dans le sang.
  • Pour une méningite : Une ponction lombaire est indispensable. Cet examen, souvent redouté, est pourtant essentiel et réalisé dans des conditions de sécurité maximales. Il consiste à prélever une petite quantité de liquide céphalo-rachidien (LCR) dans le bas du dos pour l'analyser. Sa clarté et sa composition permettent de confirmer ou d'infirmer la méningite et d'en identifier la cause.

Le traitement : les antibiotiques

Le traitement des infections à pneumocoque repose sur l'administration d'antibiotiques. Le choix de l'antibiotique et la durée du traitement dépendent du type d'infection, de sa gravité et de l'âge du patient.

  • Pour les infections non invasives comme l'otite ou la sinusite, un traitement antibiotique par voie orale à domicile est généralement suffisant.
  • Pour les infections invasives (pneumonie sévère, méningite, septicémie), une hospitalisation est indispensable. Les antibiotiques sont alors administrés par voie intraveineuse pour agir plus vite et plus fort. D'autres soins peuvent être nécessaires : oxygène pour aider à respirer, solutés pour maintenir l'hydratation, etc.

Il est absolument crucial de respecter la prescription médicale : prendre l'antibiotique jusqu'au bout de la durée prescrite, même si les symptômes s'améliorent avant, afin d'éliminer complètement la bactérie et d'éviter les rechutes.

Le problème de la résistance aux antibiotiques

Au fil des années, à cause d'une utilisation parfois excessive ou inappropriée des antibiotiques, certaines souches de pneumocoques sont devenues résistantes à certains traitements. Cela signifie que des antibiotiques qui fonctionnaient très bien auparavant peuvent devenir inefficaces, compliquant le traitement des infections. Ce phénomène mondial rend la prévention par la vaccination encore plus fondamentale, car elle permet d'éviter de tomber malade et donc de réduire le besoin d'utiliser des antibiotiques.

La Prévention : Comment se protéger efficacement ?

La prévention est sans conteste l'arme la plus puissante contre les infections à pneumocoque. Elle repose sur deux piliers : la vaccination et l'hygiène.

La Vaccination : Votre meilleur bouclier

La vaccination est le moyen le plus efficace de se protéger contre les formes les plus graves des infections à pneumocoque. Les vaccins actuels ciblent les sérotypes responsables de la grande majorité des infections invasives.

  • Pour tous les nourrissons : La vaccination contre le pneumocoque est obligatoire et fait partie du calendrier vaccinal. Le vaccin conjugué (Prevenar 13®) protège contre 13 sérotypes. Le schéma vaccinal en France comprend une injection à 2 mois, une à 4 mois, et un rappel à 11 mois. Cette vaccination a permis de réduire drastiquement le nombre de méningites et de pneumonies graves chez les jeunes enfants.
  • Pour les adultes de 65 ans et plus : La vaccination est fortement recommandée pour toutes les personnes de cette tranche d'âge, car leur risque de pneumonie grave est élevé.
  • Pour les personnes à risque (de 2 à 64 ans) : Toutes les personnes listées précédemment (maladies chroniques, immunodépression, fumeurs, etc.) doivent se faire vacciner. Le schéma peut être plus complexe, associant deux types de vaccins (un vaccin conjugué comme le Prevenar 13® et un vaccin non-conjugué comme le Pneumovax®) pour une protection plus large et plus durable.

N'hésitez pas à faire le point avec votre médecin traitant ou votre pharmacien. Ils pourront vérifier si votre statut vaccinal est à jour et vous recommander le vaccin adapté à votre situation personnelle.

Les gestes barrières au quotidien

En complément de la vaccination, les gestes d'hygiène de base sont essentiels pour limiter la transmission de la bactérie :

  • Se laver les mains régulièrement à l'eau et au savon, ou avec une solution hydro-alcoolique, surtout après avoir toussé, éternué ou s'être mouché.
  • Tousser et éternuer dans son coude plutôt que dans ses mains pour éviter de contaminer les surfaces et les personnes.
  • Utiliser des mouchoirs en papier à usage unique et les jeter immédiatement après usage.
  • Aérer son logement et les espaces clos au moins 10 minutes chaque jour.
  • Arrêter le tabac : c'est l'un des meilleurs gestes que vous puissiez faire pour la santé de vos poumons et pour réduire votre risque d'infection.

Quand consulter un médecin en urgence ?

Certains symptômes doivent vous alerter immédiatement et vous conduire à consulter un service d'urgence ou à appeler le 15 (SAMU).

  • Difficultés à respirer ou essoufflement important.
  • Raideur de la nuque (impossibilité de toucher sa poitrine avec son menton).
  • Confusion, désorientation, somnolence extrême ou difficulté à se réveiller.
  • Maux de tête très intenses et inhabituels, surtout s'ils sont accompagnés de vomissements.
  • Forte fièvre qui ne baisse pas malgré le traitement.
  • Apparition de taches violacées sur la peau (purpura).

Le Streptococcus pneumoniae est une bactérie à prendre au sérieux, mais pas une fatalité. Grâce à des traitements antibiotiques efficaces et, surtout, à une vaccination performante, il est aujourd'hui possible de se protéger et de protéger ses proches des complications les plus graves. N'hésitez jamais à discuter de vos inquiétudes avec votre médecin ; il est votre meilleur allié pour votre santé.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
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