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Guide complet sur le SARM : Comprendre et agir face au Staphylococcus aureus résistant

Publié le 
July 20, 2025
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  1. Le SARM est une bactérie très courante, résistante à la méticilline mais traitable avec d'autres antibiotiques adaptés.
  2. Être porteur de SARM (colonisation) ne signifie pas être malade ; l'infection survient si la bactérie pénètre dans l’organisme par une plaie.
  3. La transmission se fait principalement par contact direct ou via des objets personnels, d'où l'importance des mesures d'hygiène.
  4. Les infections cutanées à SARM sont souvent bénignes et se traitent par drainage et/ou antibiotiques ciblés selon un antibiogramme.
  5. L’hygiène rigoureuse des mains, le soin des plaies, le non-partage d’objets personnels et le suivi médical sont essentiels pour guérir et protéger son entourage.

Le SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline) : Le guide complet pour comprendre et agir

Recevoir un diagnostic de "SARM" peut être une source d'inquiétude. Ce terme, qui semble complexe et intimidant, soulève immédiatement de nombreuses questions : "Qu'est-ce que c'est exactement ?", "Est-ce grave ?", "Puis-je contaminer ma famille ?".

Sachez que vous n'êtes pas seul(e) à vous poser ces questions. L'anxiété que vous ressentez est normale, mais elle est souvent alimentée par un manque d'informations claires. L'objectif de cet article est de vous fournir un guide complet, simple et rassurant pour démystifier le SARM. Nous allons, pas à pas, vous expliquer ce que c'est, comment il se transmet, comment il se traite, et surtout, ce que vous pouvez faire concrètement pour vous soigner et protéger votre entourage.

Le message le plus important à retenir dès maintenant est le suivant : un diagnostic de SARM n'est pas une fatalité. Il s'agit d'une situation gérable et, dans la grande majorité des cas, traitable. Vous avez un rôle actif à jouer, et en comprenant bien les enjeux, vous reprendrez le contrôle de la situation.

1. Compréhension de base : "Qu'est-ce que le SARM exactement ?"

Pour ne plus avoir peur du SARM, la première étape est de comprendre ce qu'il est, et surtout, ce qu'il n'est pas. Oublions le jargon médical excessif et allons à l'essentiel.

Définition simple : une bactérie courante qui a appris à se défendre

Le nom complet est Staphylococcus aureus résistant à la méticilline. Décomposons-le :

  • Staphylococcus aureus (ou staphylocoque doré) : C'est une bactérie extrêmement commune. Environ 30 % de la population la porte sur sa peau ou dans son nez sans jamais le savoir et sans que cela ne pose le moindre problème. C'est un habitant naturel de notre corps.
  • Résistant à la méticilline : La méticilline est un antibiotique de la famille de la pénicilline, autrefois très utilisé pour traiter les infections à staphylocoque. Avec le temps, certaines souches de cette bactérie ont évolué et développé des défenses pour survivre à cet antibiotique et à ses dérivés. C'est ce qu'on appelle la "résistance".

Imaginez que la méticilline est une clé conçue pour ouvrir la serrure d'une porte (la bactérie) et la neutraliser. Le SARM est simplement une version du staphylocoque qui a changé sa serrure, rendant cette clé spécifique inefficace. Mais, et c'est fondamental, il existe de nombreuses autres clés (d'autres antibiotiques) qui fonctionnent parfaitement pour ouvrir cette nouvelle serrure.

La différence cruciale : Portage (Colonisation) vs. Infection

C'est sans doute le point le plus important à comprendre pour réduire votre anxiété. Être "positif au SARM" peut signifier deux choses très différentes.

  • Le Portage (ou la Colonisation)
    Le portage signifie que la bactérie SARM est présente sur votre corps (le plus souvent dans les narines, sur la peau, au niveau de l'aine ou des aisselles) mais qu'elle ne cause aucun symptôme ni aucun dommage. Vous êtes ce qu'on appelle un "porteur sain". La bactérie vit simplement là, en équilibre avec les autres micro-organismes de votre corps. Vous ne vous sentez pas malade, vous n'avez pas de boutons, pas de fièvre, rien. Le portage n'est pas une maladie. Pour la grande majorité des gens en bonne santé, être porteur de SARM n'a aucune conséquence sur leur vie quotidienne.
  • L'Infection
    L'infection survient lorsque la bactérie, au lieu de rester tranquillement à la surface, pénètre à l'intérieur du corps et commence à se multiplier, provoquant une réaction et des symptômes. Cela se produit généralement via une porte d'entrée : une coupure, une éraflure, une piqûre, une plaie chirurgicale ou une peau fragilisée par un eczéma. Une fois à l'intérieur, la bactérie peut causer une maladie, le plus souvent une infection de la peau. C'est à ce moment-là que l'on parle de "maladie à SARM".

En résumé : Le portage est la simple présence de la bactérie. L'infection est la maladie causée par la bactérie.

Alors, est-ce grave ? Une réponse honnête et nuancée

La gravité dépend entièrement de la situation (portage ou infection) et du type d'infection.

  • Le portage n'est pas dangereux en soi pour une personne en bonne santé.
  • L'infection cutanée à SARM (la forme la plus courante) est généralement bénigne. Elle se présente sous la forme de furoncles ou d'abcès qui, bien que douloureux, se traitent très bien avec un drainage et/ou les antibiotiques appropriés.
  • Les infections plus profondes (invasives) sont plus rares et peuvent être graves. Elles surviennent lorsque la bactérie atteint la circulation sanguine (septicémie), les poumons (pneumonie), les os ou les articulations. Ces situations concernent principalement les personnes déjà très affaiblies, hospitalisées, ou ayant un système immunitaire très fragile. Même dans ces cas graves, des traitements antibiotiques efficaces par voie intraveineuse existent.

2. Risque et Transmission : "Comment l'ai-je attrapé et puis-je le transmettre ?"

Cette question est une source majeure de préoccupation et parfois de culpabilité. Il est important de savoir que contracter le SARM n'est la faute de personne ; c'est souvent une question de circonstances.

Comment attrape-t-on le SARM ?

Le SARM se propage principalement par contact.

  1. Par contact direct : Le mode de transmission le plus fréquent est le contact peau à peau avec une personne qui est porteuse du SARM ou qui a une infection active.
  2. Par contact indirect : La bactérie peut survivre pendant un certain temps sur des objets et des surfaces. On peut donc l'attraper en touchant un objet contaminé puis en se touchant le visage, ou si l'objet entre en contact avec une plaie. Les objets souvent en cause sont ceux d'usage personnel :
  • Serviettes de toilette, gants de toilette
  • Rasoirs
  • Matériel de sport (tapis de sol, appareils de musculation)
  • Draps et literie

On distingue souvent deux types de SARM selon le lieu où il a été acquis :

  • SARM hospitalier (ou associé aux soins) : Contracté dans un établissement de santé (hôpital, clinique, maison de retraite).
  • SARM communautaire : Contracté en dehors du milieu médical, dans la vie de tous les jours. Les lieux de promiscuité comme les salles de sport, les casernes, les prisons ou les vestiaires d'équipes sportives sont des environnements où la transmission est plus facile.

Qui est le plus à risque ?

Tout le monde peut potentiellement contracter le SARM, mais certains facteurs augmentent le risque :

  • Une hospitalisation récente ou prolongée.
  • Une intervention chirurgicale.
  • La présence d'un dispositif médical invasif (cathéter, sonde, prothèse).
  • Un système immunitaire affaibli (par une maladie chronique, une chimiothérapie, etc.).
  • La vie en communauté (maison de retraite, caserne).
  • La pratique de sports de contact.
  • Des lésions cutanées préexistantes (eczéma, psoriasis, coupures).

La question qui inquiète : "Puis-je contaminer ma famille/mes proches ?"

C'est la préoccupation numéro un pour beaucoup de patients. La réponse doit être à la fois responsable et rassurante : Oui, la transmission est possible, mais le risque pour des proches en bonne santé est très faible si vous suivez de bonnes règles d'hygiène.

Vos proches en bonne santé ont une barrière de protection très efficace : leur peau intacte et leur système immunitaire fonctionnel. Le SARM ne peut pas simplement traverser une peau saine. Le risque de transmission devient réel si vous avez une plaie infectée ouverte et non couverte, et qu'un de vos proches touche cette plaie puis une de ses propres plaies.

C'est pourquoi les gestes barrières, que nous détaillerons plus loin, sont si efficaces : ils coupent la chaîne de transmission et protègent votre entourage de manière quasi-infaillible.

3. Symptômes : "À quoi dois-je faire attention ?"

Les symptômes du SARM dépendent de la localisation de l'infection. Nous nous concentrerons ici sur l'infection de la peau, qui représente la grande majorité des cas en communauté.

Les symptômes les plus courants : l'infection cutanée

Une infection cutanée à SARM ressemble souvent à une infection cutanée "classique" à staphylocoque, mais peut être plus marquée. Cherchez les signes suivants :

  • Apparence : L'infection se présente souvent comme un bouton rouge, gonflé et douloureux. Beaucoup de gens la décrivent au début comme une grosse piqûre d'araignée ou un furoncle. La zone est chaude au toucher.
  • Évolution : La lésion peut rapidement grossir et se remplir de pus ou d'un liquide trouble. Un "point blanc" ou une "tête" peut se former au centre. Plusieurs boutons peuvent apparaître en groupe (on parle de "charbon" ou anthrax staphylococcique).
  • Sensation : La douleur est souvent plus intense que celle d'un simple bouton d'acné.

Comment faire la différence avec un bouton "normal" ?

Un bouton d'acné ou une petite irritation cutanée est rarement très douloureux et a tendance à disparaître de lui-même. Une lésion de SARM, elle, a tendance à :

  • Être plus douloureuse.
  • S'aggraver rapidement en taille et en rougeur.
  • Ne pas guérir spontanément ou même s'étendre.

Les signes d'alerte : Quand consulter un médecin sans tarder ?

Si vous avez une lésion cutanée suspecte, consultez votre médecin. Si vous observez l'un des signes suivants en plus de la lésion, cela indique que l'infection pourrait se propager et nécessite une attention médicale rapide :

  • Fièvre et/ou frissons.
  • Une sensation de malaise général, de fatigue intense.
  • La rougeur autour de la lésion s'étend très rapidement (une bonne astuce est de dessiner le contour de la zone rouge avec un stylo pour suivre son évolution).
  • La douleur devient très intense et disproportionnée.

4. Traitement : "Comment va-t-on me soigner ?"

Le mot "résistant" fait peur. Il donne l'impression que nous sommes démunis, qu'il n'existe aucune solution. C'est une idée fausse qu'il faut absolument corriger.

"Résistant" ne veut PAS dire "intraitable"

Insistons sur ce point : le SARM est résistant à la méticilline et à quelques autres antibiotiques de la même famille. Il n'est PAS résistant à tous les antibiotiques. Il existe tout un arsenal d'autres antibiotiques très efficaces contre le SARM.

Pour savoir lequel utiliser, votre médecin effectuera un prélèvement (un écouvillon sur la plaie ou dans le nez, par exemple). Ce prélèvement est envoyé au laboratoire pour réaliser un antibiogramme. C'est un test qui met en contact la souche de SARM qui vous est propre avec différents antibiotiques. Le laboratoire peut ainsi dire précisément à votre médecin : "Cet antibiotique ne fonctionnera pas, mais celui-ci, celui-là et cet autre seront très efficaces". Le traitement est donc personnalisé et ciblé.

Les traitements possibles

Le traitement dépendra de votre situation (portage ou infection) et de la sévérité de l'infection.

  • Pour une infection cutanée (abcès, furoncle) : le drainage
    Très souvent, le traitement principal et le plus efficace est physique. Le médecin va réaliser une petite incision sur la lésion pour drainer le pus accumulé. Cette procédure, réalisée sous anesthésie locale, soulage immédiatement la douleur et la pression. En évacuant le foyer de l'infection, le corps peut alors guérir beaucoup plus facilement. Pour de nombreux abcès simples, ce drainage est parfois suffisant et aucun antibiotique n'est nécessaire.
  • Pour une infection plus étendue ou en cas de signes généraux : les antibiotiques
    Si l'infection est plus large, si vous avez de la fièvre ou si le drainage seul ne suffit pas, votre médecin vous prescrira des antibiotiques. Ils seront choisis grâce à l'antibiogramme et sont généralement pris par voie orale (comprimés). Pour les infections graves nécessitant une hospitalisation, les antibiotiques seront administrés par voie intraveineuse pour une action plus rapide et puissante.
    Il est crucial de prendre le traitement antibiotique jusqu'au bout, même si vous vous sentez mieux après quelques jours, pour éradiquer complètement l'infection.
  • Pour le portage : la "décolonisation"
    Si vous êtes un porteur sain mais que vous souffrez d'infections à répétition, ou si vous devez subir une intervention chirurgicale, votre médecin peut vous proposer un traitement de "décolonisation". Le but est de réduire la quantité de SARM sur votre corps pour limiter les risques. Ce traitement combine généralement :
  • Une pommade antibiotique (mupirocine) à appliquer à l'intérieur des narines, deux à trois fois par jour.
  • Des lavages du corps et des cheveux avec un savon antiseptique spécial (à base de chlorhexidine).

Ce protocole dure habituellement 5 à 7 jours.

5. Vie quotidienne et Prévention : "Que dois-je faire concrètement à la maison ?"

C'est ici que vous devenez l'acteur principal de votre guérison et de la protection de votre entourage. Ces gestes sont simples, efficaces et relèvent du bon sens.

L'hygiène des mains : Votre meilleure arme

C'est le geste le plus important de tous. Lavez-vous les mains rigoureusement et fréquemment avec de l'eau et du savon pendant au moins 20 secondes, ou utilisez une solution hydro-alcoolique. Faites-le systématiquement :

  • Après avoir touché ou soigné votre plaie/infection.
  • Après être allé(e) aux toilettes.
  • Avant de préparer les repas ou de manger.
  • En rentrant à la maison.

Le soin des plaies : Une barrière essentielle

Toute plaie, coupure, éraflure ou lésion infectée doit être constamment couverte par un pansement propre et sec.

  • Pourquoi ? Un pansement empêche les bactéries de sortir de la plaie (protégeant ainsi les autres) et empêche d'autres germes d'y entrer (vous protégeant ainsi d'une surinfection).
  • Comment ? Lavez-vous les mains avant et après avoir changé votre pansement. Jetez les pansements usagés dans une poubelle fermée.

Ne pas partager d'objets personnels, c'est protéger

C'est un principe d'hygiène de base, mais il est encore plus important en cas de SARM. Ne partagez JAMAIS les objets suivants :

  • Serviettes de toilette et gants de toilette.
  • Rasoirs.
  • Brosses à dents.
  • Vêtements et sous-vêtements.
  • Literie (utilisez vos propres draps et oreillers).

L'entretien du linge et de la maison

  • Linge : Lavez les vêtements, serviettes et draps qui ont été en contact avec votre peau ou votre plaie à l'eau chaude (au moins 60°C si les textiles le permettent). Le plus important est le séchage : utilisez un sèche-linge à haute température, car la chaleur est très efficace pour tuer les bactéries.
  • Surfaces : Inutile d'utiliser des produits désinfectants industriels agressifs. Un nettoyant ménager classique est suffisant pour nettoyer les surfaces fréquemment touchées (poignées de porte, interrupteurs, télécommandes, téléphone, robinets).

Gérer la vie sociale et professionnelle

  • Dois-je m'isoler ? Non. Un isolement strict à la maison n'est absolument pas nécessaire si vous respectez les règles d'hygiène. Vous pouvez vivre normalement avec votre famille.
  • Puis-je aller au travail ou à l'école ? Oui. Tant que vos plaies infectées peuvent être maintenues couvertes par un pansement propre et sec qui contient tout suintement, vous pouvez retourner à vos activités habituelles.
  • Puis-je faire du sport ? Évitez les sports de contact et les piscines publiques tant que votre infection n'est pas guérie. Pour les autres activités sportives, assurez-vous que la plaie est bien couverte. Nettoyez le matériel avant et après utilisation.

En résumé : Les points clés à retenir

1. Le SARM est une bactérie traitable. "Résistant" ne signifie pas "intraitable" ; il existe des antibiotiques efficaces que votre médecin saura choisir.

2. L'hygiène des mains est votre meilleure arme. Lavez-vous les mains souvent et correctement pour vous protéger et protéger les autres.

3. Couvrez toujours vos plaies. Une plaie ou une infection doit être recouverte d'un pansement propre et sec jusqu'à sa guérison complète.

4. Ne partagez pas vos objets de toilette personnels (serviettes, rasoirs, etc.).

5. Suivez attentivement les instructions de votre médecin. Prenez vos médicaments comme prescrits et n'hésitez jamais à poser des questions si quelque chose n'est pas clair.

Vous êtes maintenant mieux informé(e) sur le SARM. Vous comprenez qu'il ne s'agit pas d'une "superbactérie" invincible, mais d'un défi médical que la science sait relever. En adoptant les bons réflexes, vous êtes parfaitement capable de gérer cette situation, de guérir et de continuer à vivre normalement tout en protégeant ceux que vous aimez. Parlez-en à votre médecin, posez-lui toutes vos questions, et soyez l'acteur de votre santé.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
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