Fonctionnalités

Équipe médicale

Téléconsultation

Rejoindre

Blog

Vous êtes une mutuelle ?

Consulter un médecin

Prédisposition Génétique : Comprendre, Prévenir et Agir

Publié le 
July 20, 2025
L'application qui vous met en relation en moins de 10 minutes avec une équipe médicale de toutes spécialités. Échangez par messagerie instantanée sans rendez-vous, et recevez une ordonnance, si nécessaire.
Prendre rendez-vous
En moins de 15min
Fiche pratique Biloba
Télécharger
  1. Une prédisposition génétique est un risque accru de maladie, pas un diagnostic certain, influencé par des facteurs génétiques, environnementaux et le mode de vie.
  2. Votre histoire familiale est le premier indicateur pour évaluer un risque ; la présence de cancers multiples, précoces ou rares dans la famille justifie une consultation médicale.
  3. Le dépistage génétique se fait via une consultation spécialisée suivie d’un test simple (prise de sang ou salive), avec trois résultats possibles : positif, négatif ou variant de signification inconnue.
  4. Un résultat positif conduit à un plan d’action personnalisé incluant surveillance renforcée, hygiène de vie adaptée, options médicamenteuses ou chirurgicales selon le cas.
  5. La prédisposition génétique a des implications familiales et psychologiques ; communiquer avec ses proches et bénéficier d’un accompagnement psychologique est essentiel, et la loi protège vos données génétiques contre la discrimination.

Prédisposition Génétique : Comprendre, Agir et Reprendre le Contrôle de votre Santé

Recevoir une information sur une possible "prédisposition génétique" peut être une source d'interrogations et d'anxiété. Des mots comme "gène", "mutation" ou "risque" peuvent sembler complexes et intimidants. Vous êtes peut-être ici parce qu'un cas de maladie dans votre famille vous inquiète, ou parce que votre médecin a évoqué ce sujet.

Cet article est conçu pour vous. Son objectif est de vous guider, pas à pas, à travers ce concept. Nous allons démystifier le jargon, vous aider à comprendre si vous êtes concerné, vous expliquer les démarches possibles et, surtout, vous montrer que la connaissance est un formidable outil pour agir et prendre en main votre santé. Car la prédisposition génétique n'est pas une fatalité, mais une information qui vous donne le pouvoir.

Section 1 : Comprendre les bases - Qu'est-ce qu'une prédisposition génétique ? (Le "Quoi ?")

Avant toute chose, il est essentiel de bien définir les termes. Comprendre de quoi l'on parle est la première étape pour dissiper la peur de l'inconnu.

1.1 Une prédisposition n'est pas une condamnation

Le point le plus important à retenir est le suivant : une prédisposition génétique n'est pas une maladie. Ce n'est pas un diagnostic qui affirme que vous développerez une pathologie.

Il faut plutôt la voir comme un risque accru par rapport à la population générale. L'analogie la plus parlante est celle du "terrain favorable". Imaginez que votre corps est un jardin. Une prédisposition génétique, c'est comme avoir une terre qui est particulièrement propice à la croissance d'une certaine "mauvaise herbe" (la maladie). Cela ne signifie pas que la mauvaise herbe poussera à coup sûr, mais la probabilité est plus élevée. Votre mode de vie, votre environnement et d'autres facteurs (le "jardinage") joueront un rôle crucial pour empêcher ou retarder son apparition.

En termes statistiques, si le risque de développer une certaine maladie est de 5% pour la population générale, une personne prédisposée pourrait avoir un risque de 40%, 60% ou même 80%. Le risque est significativement plus haut, mais il n'est que très rarement de 100%.

1.2 La différence fondamentale : Prédisposition vs. Maladie Génétique

Il est facile de confondre ces deux notions, pourtant leur différence est capitale.

  • Une maladie génétique (ou monogénique) est directement et inévitablement causée par la mutation d'un seul gène. Si vous portez le gène défectueux, vous aurez la maladie.    
    • Exemple : La mucoviscidose. La présence de deux copies mutées du gène CFTR cause la maladie. Il n'y a pas d'échappatoire.
  • Une prédisposition génétique est bien plus complexe. La présence d'une ou plusieurs variations génétiques augmente fortement le risque, mais ne cause pas systématiquement la maladie. D'autres facteurs (génétiques, environnementaux, mode de vie) entrent en jeu.    
    • Exemple : Les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2. Une femme porteuse d'une mutation du gène BRCA1 a un risque de développer un cancer du sein au cours de sa vie estimé entre 60% et 80% (contre environ 12% en population générale). Le risque est très élevé, mais certaines femmes porteuses de la mutation ne développeront jamais de cancer.

Cette distinction est la clé : dans un cas, le gène est la cause directe ; dans l'autre, il est un facteur de risque majeur.

1.3 Quelques exemples concrets pour mieux comprendre

Pour rendre le concept moins abstrait, voici quelques-unes des prédispositions génétiques les plus connues et étudiées :

  • Cancers du sein et des ovaires héréditaires : Liés principalement aux mutations des gènes BRCA1 et BRCA2. Elles augmentent aussi le risque de cancer du pancréas et de la prostate, ainsi que de cancer du sein chez l'homme.
  • Cancer colorectal héréditaire (Syndrome de Lynch) : Causé par des mutations sur les gènes MLH1, MSH2, MSH6 ou PMS2. Les personnes atteintes ont un risque très élevé de développer un cancer colorectal, mais aussi un risque accru de cancer de l'endomètre, de l'estomac ou des ovaires.
  • Risques cardiovasculaires : L'hypercholestérolémie familiale est une prédisposition génétique qui entraîne un taux de "mauvais" cholestérol (LDL) très élevé dès le plus jeune âge, augmentant fortement le risque d'infarctus précoce.
  • Autres maladies : Des prédispositions génétiques sont également identifiées pour le diabète de type 2, la maladie d'Alzheimer, ou certaines maladies auto-immunes comme la maladie de Crohn. Dans ces cas, l'influence des gènes est souvent plus modeste et multifactorielle.

Section 2 : Se sentir concerné - Suis-je à risque ? (Le "Pourquoi moi ?")

Maintenant que le concept est plus clair, la question naturelle est : "Est-ce que cela me concerne ?". La réponse se trouve très souvent dans votre histoire familiale.

2.1 L'histoire familiale : le signal d'alerte n°1

Votre arbre généalogique est votre premier indice. Si vous vous reconnaissez dans une ou plusieurs des situations suivantes, cela mérite une attention particulière :

  • Plusieurs cas du même type de cancer dans votre famille (du même côté, maternel ou paternel). Par exemple, votre mère, votre tante et votre grand-mère ont toutes eu un cancer du sein.
  • Un diagnostic de cancer à un âge jeune. Un cancer diagnostiqué avant 50 ans (parfois 45 ans selon le type de cancer) est considéré comme précoce et peut être un signe de prédisposition.
  • Une même personne ayant développé plusieurs types de cancers différents. Par exemple, une femme ayant eu un cancer du sein puis un cancer de l'ovaire.
  • La présence de cancers rares dans la famille. Le cancer du sein chez l'homme est un signal d'alerte important pour une possible mutation BRCA.
  • Une succession de cancers sur plusieurs générations (grand-parent, parent, enfant).

Prenez le temps de discuter avec vos proches pour rassembler ces informations. C'est une démarche précieuse.

2.2 L'origine ethnique : un facteur à considérer

Pour certaines prédispositions, l'origine géographique ou ethnique peut jouer un rôle. Cela s'explique par le fait que des mutations génétiques spécifiques peuvent être plus fréquentes dans des populations qui sont restées historiquement plus isolées.

L'exemple le plus connu est celui des mutations des gènes BRCA1 et BRCA2, qui sont environ 10 fois plus fréquentes dans la population juive ashkénaze que dans la population générale. Si vous avez cette origine, le risque d'être porteur est statistiquement plus élevé.

2.3 L'appel à l'action : quand consulter ?

C'est très simple : si vous avez coché une ou plusieurs des cases ci-dessus, il est recommandé d'en parler à votre médecin traitant.

Ne paniquez pas. Il s'agit simplement d'ouvrir la discussion. Votre médecin pourra évaluer avec vous la pertinence de votre histoire familiale et, si nécessaire, vous orienter vers une consultation spécialisée d'oncogénétique pour une évaluation plus approfondie. C'est la première étape concrète du parcours.

Section 3 : Le processus de dépistage - Comment savoir ? (Le "Comment ?")

Si une consultation spécialisée est jugée utile, vous entrez dans le processus de conseil et de test génétique. Ce parcours est très encadré pour vous accompagner au mieux.

3.1 L'étape clé : la consultation de conseil génétique

Vous ne ferez jamais un test génétique sans un accompagnement humain. Le processus commence toujours par une ou plusieurs consultations avec un spécialiste (un généticien ou un conseiller en génétique). Cette étape est cruciale et a plusieurs objectifs :

  • Analyser en détail votre arbre généalogique pour évaluer le risque de prédisposition.
  • Vous informer sur la prédisposition suspectée, le test génétique, ses limites et ses implications.
  • Répondre à toutes vos questions dans un cadre confidentiel et bienveillant.
  • Discuter des conséquences possibles d'un résultat positif ou négatif, pour vous et pour votre famille.

C'est à l'issue de cette consultation, et avec votre consentement éclairé, que la décision de réaliser ou non le test sera prise. Vous avez le droit de refuser le test.

3.2 Le test en lui-même : simple et rapide

Contrairement aux idées reçues, le test est techniquement très simple. Il s'agit d'une prise de sang ou, plus rarement, d'un prélèvement de salive. L'échantillon est ensuite envoyé à un laboratoire spécialisé pour analyse de l'ADN.

Les délais pour obtenir les résultats sont variables, allant de quelques semaines à plusieurs mois, en fonction de la complexité de l'analyse. L'équipe médicale vous informera de ce délai.

3.3 Décrypter les résultats : les trois scénarios possibles

Les résultats vous seront toujours communiqués lors d'une nouvelle consultation, jamais par téléphone ou par courrier. Cela permet au médecin de vous expliquer en détail ce qu'ils signifient. Il y a trois issues possibles :

  1. Résultat Positif : Une mutation génétique connue pour augmenter significativement le risque a été identifiée. Cela confirme la prédisposition. Ce n'est pas un diagnostic de cancer, mais le début d'un plan de suivi et de prévention personnalisé (voir Section 4).
  2. Résultat Négatif : La ou les mutations spécifiquement recherchées n'ont pas été trouvées.    
    • Si une mutation était déjà connue dans votre famille (ex: votre sœur est porteuse d'une mutation BRCA1) et qu'on ne la retrouve pas chez vous, c'est une excellente nouvelle. Votre risque de cancer redevient celui de la population générale.
    • Si aucune mutation n'était connue dans la famille, un résultat négatif est plus complexe. Il signifie qu'on n'a pas trouvé de cause génétique connue pour expliquer les cas de cancers dans votre famille. Votre suivi sera alors basé sur votre histoire familiale, car un risque plus élevé que la moyenne subsiste.
  3. Variant de Signification Inconnue (VUS) : C'est un résultat qui peut générer beaucoup d'anxiété, et il est important de l'expliquer honnêtement. Le laboratoire a trouvé une variation sur un gène, mais la science actuelle ne permet pas de dire si cette variation augmente le risque de maladie ou si elle est simplement une variation neutre, une différence "normale" entre individus.    
    • Conduite à tenir : En cas de VUS, on ne prend aucune décision médicale radicale. On considère le résultat comme "non informatif" pour le moment. Votre suivi et votre prise en charge seront basés uniquement sur votre histoire familiale, comme si le test était négatif. La recherche progresse vite, et ce variant pourra être reclassifié (en "positif" ou "négatif") dans le futur.

Section 4 : Reprendre le contrôle - Que faire après le résultat ? (Le "Et maintenant ?")

C'est la section la plus importante, car elle est tournée vers l'action. Un résultat ne doit pas vous laisser démuni, mais vous donner des clés pour agir.

4.1 Si le résultat est positif : un plan d'action personnalisé

Recevoir un résultat positif peut être un choc, mais c'est aussi le point de départ d'une stratégie proactive pour gérer votre risque. Vous ne serez pas seul(e) ; une équipe pluridisciplinaire (généticien, oncologue, gynécologue, radiologue, psychologue...) vous accompagnera. Voici les options qui vous seront proposées, à discuter et à adapter à votre situation personnelle :

  • La surveillance personnalisée et renforcée : C'est la pierre angulaire de la prise en charge. L'objectif est de détecter une éventuelle maladie le plus tôt possible, car un diagnostic précoce augmente considérablement les chances de guérison.    
    • Exemple pour une mutation BRCA : Au lieu d'une mammographie tous les deux ans à partir de 50 ans, on vous proposera une surveillance annuelle dès 30 ans, associant souvent mammographie et IRM mammaire. Un suivi gynécologique avec échographie pelvienne sera aussi mis en place.
  • L'hygiène de vie : votre pouvoir au quotidien : C'est un domaine où vous êtes l'acteur principal. Même si les gènes créent un "terrain favorable", votre mode de vie peut le rendre moins fertile. Il est prouvé que :    
    • Une alimentation équilibrée (riche en fruits, légumes, fibres).
    • Une activité physique régulière.
    • Le maintien d'un poids de forme.
    • L'arrêt du tabac et la limitation de la consommation d'alcool...
       ...ont un impact réel sur la réduction du risque de nombreux cancers et maladies cardiovasculaires.
  • La chimioprévention : une option médicamenteuse : Dans certains cas, la prise de médicaments peut être proposée pour réduire le risque. Par exemple, des traitements hormonaux peuvent diminuer le risque de cancer du sein.
  • La chirurgie de réduction de risque : une décision personnelle : Pour les risques très élevés (comme avec BRCA), des chirurgies préventives peuvent être envisagées. Il peut s'agir d'une mastectomie préventive (ablation des seins) ou d'une annexectomie préventive (ablation des ovaires et des trompes).    
    • C'est une décision hautement personnelle, jamais une obligation. Elle est prise après une longue réflexion, accompagnée par l'équipe médicale et psychologique, en pesant le bénéfice (réduction drastique du risque) et les conséquences (impact sur le corps, la fertilité, la féminité...).

4.2 Si le résultat est négatif, suis-je tiré d'affaire ?

Un résultat négatif est souvent un immense soulagement. Cependant, il ne signifie pas "risque zéro". Cela signifie que votre risque n'est pas (ou plus) considéré comme très élevé en raison d'une cause génétique identifiée. Les recommandations de dépistage pour la population générale (mammographie, test colorectal, etc.) restent bien sûr valables pour vous. La prévention par une bonne hygiène de vie est bénéfique pour tout le monde, indépendamment des gènes.

Section 5 : Au-delà du résultat - Gérer l'impact sur votre vie et vos proches (L'impact global)

Une prédisposition génétique ne vous concerne pas seulement vous. Elle a des implications pour votre famille et votre bien-être psychologique.

5.1 Communiquer avec sa famille : une étape délicate mais essentielle

Si vous êtes porteur d'une mutation, cela signifie que vos parents, frères, sœurs et enfants ont 50% de chances d'être porteurs eux aussi. Partager cette information est un acte de bienveillance qui leur donne la possibilité, à leur tour, de se faire dépister et de prendre en main leur santé.

Cette conversation peut être difficile. N'hésitez pas à demander de l'aide :

  • Le conseiller en génétique peut vous fournir des supports, comme des lettres types, pour expliquer la situation à vos proches.
  • Il peut aussi proposer de recevoir les membres de votre famille en consultation pour leur expliquer directement les enjeux.

5.2 L'impact psychologique : reconnaître et gérer ses émotions

Il est parfaitement normal de ressentir un tourbillon d'émotions :

  • Anxiété face à l'avenir et aux décisions à prendre.
  • Culpabilité : celle de pouvoir transmettre le gène à ses enfants, ou la "culpabilité du survivant" si vous êtes testé(e) négatif(ve) alors qu'un proche est porteur.
  • Colère ou sentiment d'injustice.
  • Stress lié à la surveillance médicale intensive.

Validez ces émotions. Ne restez pas seul(e). Des ressources existent :

  • Les psychologues ou psycho-oncologues des services de génétique sont formés pour vous accompagner.
  • Les associations de patients (ex: BRCA France, Europa Donna, Geneticancer...) sont des lieux d'écoute, de partage d'expériences et de soutien inestimable.

5.3 Questions légales et assurances : vos droits en France

Une peur fréquente est celle de la discrimination, notamment par les assureurs ou les employeurs. En France, la loi vous protège très clairement.

La Loi de Bioéthique est formelle : il est illégal pour un assureur de vous demander le résultat d'un test génétique ou même de vous poser une question à ce sujet lors de la souscription d'un contrat (assurance vie, prêt immobilier...). Vous n'avez aucune obligation de le déclarer. Votre information génétique est protégée par le secret médical. C'est une information rassurante et fondamentale à connaître.

Conclusion : La Connaissance est votre Meilleur Atout

Le parcours de la prédisposition génétique peut sembler semé d'embûches, mais il est avant tout un chemin vers la connaissance de soi et le pouvoir d'agir. Retenez ces messages essentiels : une prédisposition est un risque, pas une certitude. Votre histoire familiale est le premier guide. Le processus de test est toujours accompagné. Et surtout, un résultat positif ouvre la porte à un plan d'action concret pour protéger votre santé.

Vous avez désormais des clés pour comprendre, des pistes pour évaluer votre situation et une vision claire des étapes à venir. Parlez-en à votre médecin. Informez-vous. Vous n'êtes pas défini(e) par vos gènes, mais par les décisions que vous prenez pour votre bien-être.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
Voir le profil complet
Merci, et à très vite !
Oops! Merci de remplir votre adresse email.