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Tout savoir sur l'interleukine-1 beta et ses traitements

Publié le 
July 20, 2025
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  1. L'interleukine-1 bêta (IL-1β) est un messager chimique clé de l'inflammation, agissant comme une alarme qui mobilise le système immunitaire face aux infections.
  2. Une production excessive et chronique d'IL-1β est à l'origine de nombreuses maladies inflammatoires telles que les maladies auto-inflammatoires rares, la goutte, la maladie de Still et certaines formes de polyarthrite rhumatoïde.
  3. Le diagnostic repose surtout sur l'évaluation des symptômes et des marqueurs sanguins d'inflammation, car le dosage direct de l'IL-1β n'est pas un test de routine.
  4. Des traitements appelés anti-IL-1 (Anakinra, Canakinumab, Rilonacept) permettent de bloquer l'action de l'IL-1β et de réduire efficacement l'inflammation, avec des effets souvent spectaculaires chez les patients concernés.
  5. Un mode de vie sain (alimentation anti-inflammatoire, gestion du stress, sommeil réparateur, activité physique modérée) complète le traitement et améliore le bien-être général.

L'Interleukine-1 bêta (IL-1β) : Comprendre le messager de l'inflammation et les traitements qui le ciblent

Votre médecin a prononcé ce terme un peu complexe : "Interleukine-1 bêta" ou "IL-1β". Peut-être l'avez-vous lu sur un compte-rendu ou entendu lors d'une consultation. Loin d'être un jargon réservé aux scientifiques, comprendre ce qu'est l'IL-1β peut vous donner des clés essentielles pour mieux appréhender votre état de santé, vos symptômes et les traitements qui vous sont proposés.

Cet article est conçu pour vous. Oublions les schémas de biochimie compliqués et les thèses universitaires. Nous allons, ensemble, démystifier ce terme pour répondre aux questions qui vous concernent directement : Qu'est-ce que c'est, simplement ? Quel est le lien avec ma maladie ? Et surtout, que peut-on faire ?

1. Comprendre les bases : "C'est quoi, simplement ?"

L'IL-1β : L'alarme de votre corps

Imaginez votre système immunitaire comme le système de sécurité d'une maison ultra-moderne. Il est là pour vous protéger des intrus (bactéries, virus, etc.). Dans ce système, l'interleukine-1 bêta (IL-1β) joue un rôle très précis : c'est le détecteur de mouvement et l'alarme sonore.

Quand un microbe pénètre dans votre corps, certaines cellules de surveillance le détectent et déclenchent la production d'IL-1β. Cette molécule est un "messager" chimique, une sorte de signal d'alerte ultra-rapide qui voyage dans tout votre corps pour crier : "Attention, un intrus est là ! Mobilisez les défenses !".

Ce message a plusieurs effets, tous utiles pour combattre l'infection :

  • Il demande au cerveau de monter la température du corps (c'est la fièvre), ce qui aide à ralentir la multiplication des microbes.
  • Il appelle les "troupes d'élite" du système immunitaire (les globules blancs) sur le site de l'infection pour neutraliser l'ennemi.
  • Il crée une inflammation locale (rougeur, chaleur, gonflement) pour contenir le problème.

En temps normal, une fois l'intrus éliminé, le système de sécurité se calme, l'alarme s'arrête, et tout revient à la normale. L'IL-1β est donc, à l'origine, un allié précieux et indispensable.

Un allié qui peut devenir un problème : le double visage de l'IL-1β

Le problème survient lorsque cette alarme se dérègle. Imaginez que le détecteur de mouvement de votre maison devienne hypersensible : il se déclenche au moindre courant d'air, au passage d'une feuille morte, ou même sans aucune raison apparente. L'alarme sonnerait en permanence. Ce serait épuisant, stressant et cela finirait par causer des dégâts.

C'est exactement ce qui se passe dans certaines maladies. Pour des raisons diverses (parfois génétiques, parfois liées à d'autres pathologies), le corps produit de l'IL-1β en excès et de manière continue. L'alarme de l'inflammation ne s'arrête plus.

Ce n'est plus une défense ponctuelle et ciblée, mais un état d'alerte permanent et généralisé. Cette surproduction chronique d'IL-1β est au cœur de nombreuses maladies inflammatoires. Elle n'est donc ni "bonne" ni "mauvaise" en soi ; c'est une question de dosage et de régulation. Utile et protectrice à petite dose, elle devient problématique et destructrice lorsqu'elle est hors de contrôle.

2. Le lien avec ma maladie : "Pourquoi mon médecin m'en parle ?"

Si votre médecin vous parle de l'IL-1β, c'est très probablement parce qu'il suspecte que cette "alarme déréglée" est l'un des principaux moteurs de vos symptômes et de votre maladie. Votre corps est en état d'inflammation chronique, et l'IL-1β en est l'un des chefs d'orchestre.

Quelles sont les maladies les plus concernées par un excès d'IL-1β ?

Le patient qui entend parler de l'IL-1β souffre généralement d'une maladie où cette molécule joue un rôle central. Voici les plus connues :

  • Les maladies auto-inflammatoires rares : C'est le domaine où le rôle de l'IL-1β est le mieux compris. Dans ces maladies, le système immunitaire s'attaque au corps sans raison apparente, provoquant des "fièvres récurrentes". Les plus connues sont :
    • Les syndromes périodiques associés à la cryopyrine (CAPS) : Il s'agit d'un groupe de maladies génétiques (comme le syndrome de Muckle-Wells) où une mutation provoque une production explosive et incontrôlée d'IL-1β.
    • La fièvre méditerranéenne familiale (FMF) : Une autre maladie génétique fréquente dans le bassin méditerranéen, caractérisée par des poussées de fièvre et des douleurs abdominales ou articulaires intenses.
    • Le syndrome TRAPS et le déficit en mévalonate kinase (HIDS) sont d'autres exemples.
  • Les rhumatismes inflammatoires :
    • La goutte : Lors d'une crise de goutte, des cristaux d'acide urique se forment dans une articulation. Le système immunitaire perçoit ces cristaux comme un corps étranger et réagit en libérant massivement de l'IL-1β. C'est ce qui provoque la douleur atroce, le gonflement et la rougeur caractéristiques de la crise.
    • La maladie de Still de l'adulte : Cette maladie rare se manifeste par de fortes poussées de fièvre, des éruptions cutanées couleur saumon et d'intenses douleurs articulaires. L'IL-1β est l'un des principaux coupables de cette inflammation systémique.
    • La polyarthrite rhumatoïde : Bien que d'autres messagers (comme le TNF-alpha) soient également impliqués, l'IL-1β participe à l'inflammation et à la destruction des articulations chez certains patients.
  • Autres domaines de recherche : Le rôle de l'IL-1β est également étudié dans des maladies plus communes comme le diabète de type 2 (où l'inflammation de bas grade joue un rôle) et certaines maladies cardiovasculaires (comme l'athérosclérose), mais son implication directe pour le traitement du patient est moins établie que dans les maladies citées plus haut.

Comment savoir si mes symptômes sont liés à l'IL-1β ?

Le grand intérêt de comprendre l'IL-1β, c'est que cela permet de mettre des mots sur ce que vous ressentez. Les symptômes causés par un excès de ce messager sont très concrets et souvent invalidants. Ils sont le reflet direct de "l'alarme qui sonne en permanence" :

  • Fièvre inexpliquée : Des pics de fièvre qui apparaissent et disparaissent sans infection identifiable. C'est l'IL-1β qui "dérègle le thermostat" de votre cerveau.
  • Fatigue intense et écrasante : Vivre avec une alarme constante est épuisant. Votre corps dépense une énergie considérable pour maintenir cet état d'inflammation, vous laissant vidé.
  • Douleurs articulaires et musculaires : L'inflammation s'attaque à vos articulations, provoquant douleur, raideur et gonflement.
  • Éruptions cutanées : La peau est souvent l'un des premiers organes à réagir à l'inflammation systémique, avec des rougeurs ou des plaques qui apparaissent lors des poussées.
  • Un sentiment général d'être malade : C'est ce que les médecins appellent un "syndrome inflammatoire", cette sensation diffuse mais bien réelle que quelque chose ne va pas dans tout votre corps.

Si vous vous reconnaissez dans cette description, il est très probable que l'IL-1β soit une pièce maîtresse du puzzle de votre maladie.

3. Les solutions et traitements : "Que peut-on faire ?"

Savoir que le problème vient d'une "alarme déréglée" est une chose. La question la plus importante est : peut-on l'éteindre ? La réponse, et c'est une excellente nouvelle pour de nombreux patients, est OUI.

Comment savoir si mon taux est élevé ?

C'est une question légitime. Cependant, il faut savoir que le dosage de l'IL-1β dans le sang n'est pas un test de routine. Cette molécule a une durée de vie très courte et son taux peut varier rapidement. Il est donc difficile de s'y fier.

Pour évaluer l'activité de votre inflammation, votre médecin se base plutôt sur :

  1. Vos symptômes cliniques : La fièvre, les douleurs, les éruptions sont les meilleurs indicateurs.
  2. Des marqueurs d'inflammation dans le sang : Des tests courants comme la protéine C-réactive (CRP) ou la vitesse de sédimentation (VS) montrent si votre corps est en état d'inflammation généralisée. Si ces marqueurs sont très élevés, c'est un signe indirect que des messagers comme l'IL-1β sont suractifs.

Le diagnostic est donc un faisceau d'indices, où vos symptômes sont l'élément central.

La bonne nouvelle : des médicaments existent pour "éteindre l'alarme"

Depuis une vingtaine d'années, une véritable révolution thérapeutique a eu lieu. Les chercheurs ont développé une classe de médicaments spécifiquement conçus pour neutraliser l'IL-1β. On les appelle les "anti-IL-1" ou les "inhibiteurs de l'interleukine-1".

Leur mode d'action est très élégant et facile à comprendre. Si l'IL-1β est le messager qui transporte l'ordre "Déclenchez l'inflammation !", ces médicaments agissent comme un intercepteur. Ils bloquent le messager avant qu'il n'atteigne sa cible (les récepteurs sur les autres cellules). L'ordre n'est jamais délivré. L'alarme est coupée à la source.

Imaginez que vous mettiez un "brouilleur" sur la fréquence de l'alarme. Le détecteur peut bien s'affoler, la sirène, elle, ne retentira pas.

Quels sont les noms de ces médicaments ?

Vous avez peut-être déjà entendu l'un de ces noms. Il est utile de les connaître pour mieux suivre votre traitement. Les trois principaux médicaments de cette famille sont :

  • Anakinra (Kineret®) : C'est le plus ancien. Il s'administre par une injection sous-cutanée (comme pour l'insuline) que le patient se fait chaque jour. Sa courte durée d'action permet un contrôle très fin de l'inflammation.
  • Canakinumab (Ilaris®) : C'est un anticorps conçu pour cibler l'IL-1β avec une très grande précision. Son avantage est sa longue durée d'action. L'injection sous-cutanée n'est nécessaire que toutes les 4 à 8 semaines, ce qui est beaucoup plus confortable pour les patients.
  • Rilonacept (Arcalyst®) : Moins courant en Europe, il s'agit également d'un traitement injectable, administré de façon hebdomadaire.

Le choix entre ces médicaments dépend de votre maladie, de la sévérité de vos symptômes, des autorisations de mise sur le marché dans votre pays, et de vos préférences personnelles discutées avec votre rhumatologue ou votre interniste.

Quelle est leur efficacité ?

Pour les patients souffrant de maladies où l'IL-1β est le principal coupable (comme les syndromes CAPS), l'efficacité de ces traitements est souvent spectaculaire. De nombreuses personnes décrivent une transformation de leur vie en quelques jours ou semaines : les fièvres disparaissent, les douleurs s'estompent, la fatigue s'envole et ils peuvent reprendre une vie quasi normale. Pour des maladies comme la goutte sévère ou la maladie de Still, ils représentent une option thérapeutique puissante lorsque les autres traitements ont échoué.

Quels sont les risques et effets secondaires ? La transparence avant tout

Aucun médicament n'est dénué de risques, et il est crucial d'en être conscient pour une prise en charge en toute confiance. En bloquant une partie de votre système immunitaire, même de façon très ciblée, on l'affaiblit logiquement un peu.

Le principal risque des anti-IL-1 est une sensibilité accrue aux infections. En éteignant "l'alarme", on prend le risque de moins bien réagir si un véritable intrus (une bactérie, un virus) se présente. Votre médecin prendra donc de nombreuses précautions avant de commencer le traitement (recherche d'infections latentes comme la tuberculose, mise à jour des vaccins). Vous serez également invité à consulter rapidement en cas de fièvre ou de signes d'infection.

Les autres effets secondaires sont généralement plus légers :

  • Réactions au site d'injection : C'est l'effet le plus fréquent. Une rougeur, une petite douleur ou un gonflement peut apparaître à l'endroit de la piqûre. Ces réactions sont normales et s'atténuent souvent avec le temps.
  • Maux de tête, nausées ou symptômes grippaux peuvent survenir, surtout au début du traitement.

La balance bénéfice/risque est cependant très largement en faveur du traitement pour les patients qui en ont besoin. Le soulagement apporté par le contrôle de la maladie dépasse de loin les inconvénients, qui sont bien gérés par le suivi médical.

4. Questions pratiques et vie quotidienne : "Et moi, dans tout ça ?"

Au-delà des médicaments, les patients se posent souvent des questions sur ce qu'ils peuvent faire eux-mêmes pour aller mieux.

Est-ce que mon alimentation ou mon mode de vie peuvent aider ?

C'est une question très pertinente. Soyons honnêtes : aucun régime ne peut remplacer un traitement anti-IL-1 si celui-ci est nécessaire. L'origine du problème est souvent un dérèglement interne que seule une action ciblée peut corriger.

Cependant, votre hygiène de vie peut jouer un rôle de soutien considérable. En adoptant un mode de vie qui favorise un environnement moins inflammatoire dans votre corps, vous aidez votre traitement à être plus efficace et vous améliorez votre bien-être général.

Voici quelques pistes reconnues :

  • Une alimentation de type méditerranéen : Riche en fruits et légumes colorés (pleins d'antioxydants), en poissons gras (riches en oméga-3 anti-inflammatoires), en huile d'olive et en céréales complètes. Limitez les sucres raffinés, les graisses saturées et les aliments ultra-transformés qui, eux, peuvent favoriser l'inflammation.
  • La gestion du stress : Le stress chronique est un puissant déclencheur d'inflammation. Des pratiques comme la méditation, le yoga, la cohérence cardiaque ou simplement des activités relaxantes peuvent aider à calmer le système.
  • Un sommeil de qualité : C'est pendant le sommeil que le corps se répare. Viser 7 à 8 heures de sommeil réparateur par nuit est fondamental.
  • Une activité physique douce et régulière : Loin d'aggraver l'inflammation, une activité adaptée (marche, natation, vélo) aide à la réguler et à maintenir la souplesse des articulations.

Est-ce que c'est génétique ? Dois-je m'inquiéter pour ma famille ?

Pour certaines des maladies citées, la réponse est oui. Les syndromes CAPS et la FMF sont des maladies génétiques qui peuvent être transmises à la descendance. Si vous êtes atteint de l'une de ces pathologies, un conseil génétique peut vous être proposé pour discuter des risques pour vos enfants et votre famille.

Pour d'autres maladies comme la polyarthrite rhumatoïde ou la goutte, il existe une prédisposition génétique, mais ce n'est pas le seul facteur. L'environnement, le mode de vie et d'autres éléments entrent en jeu.

C'est une question importante et personnelle à aborder sans tabou avec votre médecin.

Conclusion : Vers un dialogue éclairé avec votre médecin

L'interleukine-1 bêta n'est plus, pour vous, un terme abstrait. Vous savez maintenant qu'il s'agit du messager de l'inflammation, une alarme essentielle mais qui peut se dérégler et devenir la cause de vos symptômes.

Plus important encore, vous savez qu'il ne s'agit pas d'une fatalité. Des traitements très efficaces, les anti-IL-1, existent pour "couper le son de cette alarme" et permettre à de nombreux patients de retrouver une qualité de vie qu'ils pensaient perdue.

Vous avez désormais en main des informations claires pour mieux comprendre votre corps, votre maladie et vos options thérapeutiques. Utilisez ces connaissances non pas pour vous auto-diagnostiquer, mais pour préparer votre prochaine consultation. Notez vos questions. Discutez de vos craintes. Soyez un partenaire actif dans votre parcours de soins.

Cet article a pour but de vous éclairer, mais il ne remplacera jamais l'expertise et les conseils personnalisés de l'équipe médicale qui vous accompagne. C'est avec elle que vous construirez la meilleure stratégie pour reprendre le contrôle de votre santé.

Dr. Dominique HOLCMAN
Médecin généraliste
Médecin généraliste depuis plus de 30 ans, le Dr. Holcman est partenaire et rédacteur chez Biloba. Engagé dans des actions humanitaires, il met son expertise au service de tous, avec une attention particulière portée à l'écoute, à la prévention et à l'accès aux soins.
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